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Notice
Un voyage en Orient-Express
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Descriptif
La 1e circulation du train date de 1883, sous l’égide de la Compagnie internationale des wagons-lits, fondée en 1876 par le fils de banquiers belges (Liège) Georges Nagelmackers (1845-1905), de Paris à Constantinople. Il circulera dans cette configuration jusqu’en 1977 (avec réduction et variations du trajet), avant de nombreuses reprises du concept.
L’arrivée du train, « un palace sur rails », accélère l’occidentalisation d’Istanbul. Des voyageurs célèbres l’empruntent : Agata Christie (qui allait rejoindre son mari Max Mallowan archéologue en Mésopotamie), les princes roumains Bibesco, Valéry Larbaud, Stefan Zweig (qui invitait ses amis dans sa maison de Salzburg), Paul Morand (dont la femme était roumaine). La Compagnie internationale des Grands Hôtels est fondée par la CIWL en 1894 : parmi ceux-ci figure l’hôtel Pera d’Instanbul.
Cependant l’utopie d’une unification de l’Europe par le train prend rapidement l’eau : déjà le passage par l’Alsace occupée par les Allemands depuis 1871 froisse les voyageurs français ; surtout, les guerres balkaniques (1912-1913), entre pays qui contestent les frontières arbitraires faites par les Occidentaux, menacent l’intégrité du trajet – plusieurs attentats eurent lieu en Bulgarie au passage du train ; et bien sûr la Première Guerre mondiale.
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Dès lors les différents trajets de l’Orient-Express épousent les conflits géopolitiques. L’OE s’arrête en juillet 1914. En 1916 Guillaume II fait rétablir un train de Berlin à Istanbul, dit Balkanzug. À l’inverse, en 1918, le trajet initial depuis Paris reprend, mais souhaite éviter les pays germaniques ; s’ouvre alors la voie via Lausanne, l’Italie et la Yougoslavie. Le trajet d’origine est repris en 1920.
Des variantes et compléments voient le jour, comme le Taurus Express en 1930, d’Istanbul à Bagdad – avec des connexions vers Damas ou vers le Caire (ligne qui passait à Haïfa – aujourd’hui en Israël – et par Gaza-ville ; assez inimaginable aujourd’hui).
A partir des années 1930, l’express s’ouvre de 1 à 3 classes. Et toute une littérature romanesque et fantasmagorique voit le jour, autour de l’Orient-Express : La Madone des sleepings (1926), de Maurice Dekobra (1885-1973), diffusé à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires ; Ouvert la nuit, de Paul Morand (1922-1924) ; et bien sûr Agata Christie.
Après la Seconde Guerre mondiale, cette frénésie est largement retombée. Ce n’est plus un train de luxe, les voyageurs lui préfèrent l’avion ; par ailleurs le Rideau de fer sépare l’Europe de l’Ouest des pays satellites de l’URSS (Hongrie, Roumanie, Bulgarie), avec des arrêts interminables à chaque frontière…
Signalons néanmoins des films en vogue, comme Voyages avec ma tante de G. Cukor (1972) et le James Bond Bons baisers de Russie (1963). Et, curieusement, l’Orient-Express s’intègre dans le Hippie trail, de Londres, Berlin et Paris vers Katmandou en passant par Istanbul – un slow travel avant la lettre.
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Après son dernier voyage dans la mouture d’origine CIWL (même si les trajets et terminus varièrent beaucoup), en 1977, des remakes de l’Orient-Express verront le jour.
Un chef d’entreprise et millionnaire anglo-américain, amateur ferroviaire passionné, James Sherwood (1933-2020), le remet en selle en 1982 sous le nom de Venise-Simplon-Orient-Express, train touristique non quotidien, de Londres à Venise. Il a racheté le grand hôtel vénitien Cipriani : la combinaison d’origine entre train et hôtel de luxe est ainsi restaurée ! Ce groupe est racheté par LVMH en 2019.
De manière concurrente, le groupe ACOR (ex-SODEXHO), qui avait racheté la CIWL, compte ouvrir une ligne de luxe Paris-Venise en lien avec la SNCF ; une exposition à l’Institut du Monde Arabe a lieu en 2014. Ce train La Dolce Vita devrait circuler en 2024 ou 2025.
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Le collectionneur Michel Cozic, qui nous accueille, indique que sa passion lui vient de sa mère, qui travaillait aux Ateliers de la Gare du Nord à Paris, là où est filmé Le Crime de l'Orient-Express de Sidney Lumet (1974). Il fait sa collection depuis 1997, et prête de nombreux objets à des expositions, pour une meilleure diffusion de la connaissance (en échange de quoi, certains musées prennent en charge des frais de restauration ou d’entretien d’objets).
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(résume par A. Moatti de la vidéo de B. El Gammal et de l'intervention de M. Cozic)
(vignette carte Orient-Express, WikiCommons auteurs Alphaton et Pechristener)
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