BEACHACCESS. Le "désir de rivage" sous contrainte écologique : l'accès aux plages entre inégalités environnementales et protection du littoral (Diaporama de l'exposition photographique Océan de savoirs)

Projet lauréat 2023 de l'appel "Réseaux internationaux en SHS - Climat et Environnement"

Envisageant les plages de sable à la fois comme des espaces sociaux désirables et comme des milieux vivants vulnérables, ce réseau étudie les conflits d’appropriation et d’usage dont elles font l’objet dans le contexte du dérèglement climatique et de l’élévation du niveau marin.

À partir de la tension entre la revendication d’un droit public d’accès aux rivages comme « biens communs », offrant des « ressources récréatives », et l’impératif de leur protection comme « habitats naturels », abritant une riche biodiversité, l’ambition est d’éclairer les questions politiques et scientifiques, les perturbations environnementales et la conflictualité sociale suscitées par le processus de compression côtière. Par l’analyse de configurations locales au Brésil, aux États-Unis et en France, sur trois façades maritimes (atlantique, pacifique, méditerranéenne), nous déployons une démarche comparative pour discuter l’hypothèse d’un double mouvement global d’enclosure et de déprise.

Coordination du réseau

Isabelle Bruno (Université de Lille, Céraps UMR 8026, IUF)

Grégory Salle (CNRS, Clersé UMR 8019)

"En règle générale, nous prenons des photographies pour documenter nos recherches (ou même simplement nos « visites de terrain »), sans qu’il y ait forcément un but précis, encore moins une ambition esthétique quelconque. La plupart restent dans nos disques durs… Elles permettent néanmoins de fixer les choses dans notre mémoire, d’objectiver des situations et, lorsqu’elles sont utilisées à des fins illustratives, dans le cadre d’une publication universitaire, de fournir un minimum de « sens des lieux ». Elles permettent de voir ou du moins d’apercevoir qu’il y a, pour ainsi dire, plages et plages : des variations dans les configurations géographiques et les aménagements matériels, des différences de composition sociale dans les publics.

Sans être homogènes, les photographies présentées ici, prises au Brésil, en Californie et en France, privilégient plusieurs angles, en résonance avec un réseau de recherche réunissant des travaux tournant autour de la question de l’accès public aux plages et (donc) aux entraves qui peuvent le freiner ou le réduire. Elles montrent des panneaux, des écriteaux, pour illustrer l’idée qu’il y a des règles sur la plage, donc des codes de comportement, des normes, des contraintes. Elles donnent aussi à voir des limites ou des barrières, pour rendre compte du fait qu’il y a aussi de la segmentation sociale sur la plage, des zones plus ou moins ouvertes ou au contraire distinctives, des obligations de paiement parfois. Elles rappellent que loin du « territoire du vide » (Alain Corbin) de jadis, la plage est un espace occupé, exploité. Une « ressource », dit-on volontiers sans bien soupeser les connotations utilitaristes du mot.

Sans doute est-il temps, au contraire, de repenser la plage, de concevoir un autre rapport au rivage, de reconnaître son irréductible indisponibilité."