Le feu de la baleine (extrait film)

Le feu de la baleine (2024, en cours de postproduction), Jeremie Brugidou et Fabien Clouette.
Composition : Thomas Fourel

Le témoignage de l'ingénieur du son Thomas Fourel :  

Dans la fabrication de la bande sonore du film, le chant des différents animaux échoués, leurs appels, était un élément qui se devait d'avoir une part de présence, en dehors des moments de parole humaine. 

En discutant avec Jérémie et Fabien, il nous est apparu que nous pouvions nous autoriser communément une sorte de "jeu à contraintes", comme une cuisine sonore à ingrédients imposés. Il s'agissait de faire en quelque sorte musique, ou bande sonore, mais exclusivement avec les espèces que le film montrait ou évoquait par les mots, et avec le seul instrument que Mikel Epalza nous évoque durant un récit de communion avec les cétacés, la txirula basque, tout cela en évitant soigneusement la baleine à bosse, que le film n'évoque pas et dont le chant, si caractéristique, nous semblait hors de propos.

Ces séquences ont été construite en partant des sons de flûte basque de Mikel pour le film, et à partir d'une recherche au sein des archives sonores sur les espèces concernées. Les gammes fréquentielles de tout ce peuple sonore étant éloignées les unes des autres, la txirula a dû ralentir au quart de sa vitesse initiale, se faire un peu plus violoncelle qu'elle ne l'est dans la réalité, pendant que les cétacés, pour certains, ont accéléré pour accéder au domaine de l'audible, puis se retrouver dans les mêmes zones harmoniques que l'instrument de facture humaine qui avait ralenti pour les rejoindre. 

Dans ce mélange temporel de chacun, les cliquetis de certains de ces animaux viennent rythmer, presque électriquement ou électroniquement, les notes longues des uns et des autres, comme pour rappeler, en un sens, que ce n'est que par le prisme de l'outil technique que nous accédons à leurs chants sous-marins.

Un travail simple sur les acoustiques longues est arrivé après la phase d'enchevêtrement, pour les rassembler tous dans un grand espace sonore commun.

Thomas Fourel, ingénieur du son sur le montage du film Le Feu de la baleine (Jeremie Brugidou & Fabien Clouette, postproduction en cours)