Les villes ont-elles appris des épidémies ?

Cette communication a été enregistrée dans le cadre du séminaire "Villes et sciences sociales" qui se consacre en 2020-2021 aux épidémies.

Démographe et historien, Patrice Bourdelais s'intéresse à la manière dont les grandes évolutions s’expriment dans et par la population. Il a commencé sa carrière en montrant, à partir de l’exemple de la population du Vexin, que l’espacement des naissances au XVIIIe siècle a eu un effet favorable sur la baisse de la mortalité infantile. Il a ensuite focalisé ses recherches sur la population du XIXe, en particulier sur les dynamiques de la croissance des villes de l’industrie et la surmortalité qu’elle a pu entraîner. Également, il a beaucoup écrit sur l'histoire des épidémies et de la santé publique, non sans avoir consacré plusieurs années à une réflexion sur la notion de vieillissement de la population. Il prépare actuellement un ouvrage traitant de la COVID.

Résumé de la communication

A partir d’une mise en perspective historique de la gestion des épidémies dans les villes, on constate la mise en place progressive de mesures de gestion de la contagion. Si le modèle de la quarantaine et du lazaret a longtemps été mis en œuvre, son application est mise en cause au XIXe siècle par l’institutionnalisation de l’hygiénisme publique, et ce qu’on a pu qualifier d’english system c'est-à-dire une substitution à la quarantaine. On assiste alors au développement du traçage épidémiologique, bien que les principales solutions demeurent la gestion du bâti, le déplacement des foules ou la ventilation urbaine, revoyant à un néo-hippocratisme. En retour, une mise en cause des notions de progrès par les grandes crises des années 1970-2010 (Sida, Sras, etc.) souligne la place centrale des questions écologiques et des rapports de forces mondiaux dans ces crises.