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Activités scientifiques | Séminaires

Ce dossier présente une partie des séminaires organisés en collaboration et par les membres du LACITO

Exposé d'Annie Rialland (Laboratoire de Phonétique et Phonologie, UMR 7018, CNRS, Sorbonne-Nouvelle) | Intonation dans les langues africaines : Développements actuels

Présentation  d'Annie Rialland dans le cadre du séminaire ​​Terrains, analyse et comparaison des langues (TACoL) | Intonation dans les langues africaines : Développements actuels | 25 janvier 2018

Descriptif

Bien que près d'un tiers des langues du monde soient parlées en Afrique, les travaux sur l'intonation des langues africaines restent rares et les ouvrages sur l'intonation, qu'ils soient des livres de synthèse ou des ouvrages collectifs, ont jusqu'à très récemment quasiment ignoré les langues africaines (Hirst & di Cristo 1999, Jun 2005, 2014, entre autres). Le livre "Intonation in African languages" (2016, Laura Downing et Annie Rialland, eds.) a commencé à combler cette lacune. Notre présentation s'appuiera fortement mais non exclusivement sur les études publiées dans ce livre. Notre but principal sera de dégager les développements actuels dans le domaine de l'intonation dans les langues africaines et de montrer comment ces études peuvent contribuer à une modélisation des relations entre tons et intonation et plus généralement à celle des phénomènes réalisés de façon concomitante.
      Les points que nous considèrerons plus particulièrement sont les suivants: 1) descentes mélodiques, 2) tons de frontières 3) expression de focus, 4) marquage des questions polaires.
1) Descentes mélodiques. Les énoncés assertifs sont souvent descendants. Cependant, ces descentes mélodiques résultent de divers processus qui doivent être distingués et peuvent intervenir indépendamment les uns des autres. Les processus actuellement généralement reconnus sont: 1) La déclinaison, 2) Le downdrift, 3) Le downstep, 4) L'abaissement final. Ces processus tendent à être de mieux en mieux connus au fur et à mesure que notre connaissance de l'intonation s'améliore. Ainsi, la déclinaison, qui est une descente graduelle et linéaire, peut s'appliquer différemment selon la séquence de tons en question (Akan: Kügler, 2016). Le downdrift, très fréquent dans les réalisations de séquences alternantes de tons hauts ou moyens et de tons bas, tend à être asymptotique, avec une forme modélisable en termes d'équation impliquant une valeur asymptotique et un coefficient de réduction des intervalles (Chichewa: Myers, 1996). Le downdrift et le downstep peuvent être similaires ou différents dans une langue donnée (Wule Dagara: Rialland and Some, 2011). Le downdrift et le downstep manifestent l'un et l'autre des mécanismes d'anticipation qui peuvent être de longue portée. La pente et le domaine de l'abaissement final peuvent aussi différer d'une langue à l'autre et deux formes d'abaissement final peuvent se trouver dans une seule langue (Bemba: Kula, 2016).
2) Tons de frontière. Quand on analyse une langue à tons, un des problèmes principaux qui est rencontré est la séparation entre tons lexicaux et "tons de frontière" (c'est à dire des tons associés à des frontières de constituants). Ces divers tons peuvent simplement se suivre, les tons de frontière pouvant être réalisés avant ou après les tons lexicaux. Ils peuvent aussi s'annuler les uns les autres dans certains contextes, les tons de frontière prenant alors le pas sur les tons lexicaux ou l'inverse (Shekgalagari: Hyman et Monaka 2011). D'autres relations que la succession entre tons lexicaux et tons de frontière ont également été dégagées. Nous verrons que ces tons peuvent se superposer, engendrant alors des realisations infra-basses ou supra-hautes (Embosi: Rialland & Aborobongui, 2016). Ils peuvent aussi s'attirer ou se repousser (Shingazidja: Patin, 2016, Embosi: Rialland & Aborobongui, 2016..
3) Expression du focus. Les langues africaines remettent en question l'idée très largement répandue que le focus est associé à une proéminence prosodique. Elles présentent une très large diversité de faits : absence de marque prosodique de focus (Basaa: Makasso & al., 2016, Embosi: Rialland & Aborobongui, 2016; Tswana: Zerbian 2016), abaissement des termes en focus (Akan: Kügler, 2016), assignation d'un accent par défaut aux constituants hors focus (Chimiini: Kisseberth, 2016), modification du phrasing (Shingazidja: Patin, 2016), entre autres.
4) Marquage prosodique des questions polaires. La littérature récente fait état d'une grande diversité de marquage prosodique des questions polaires: absence de marque prosodique, intonation montante, intonation descendante, voix soufflée, relèvement des derniers tons hauts, suspension du downdrift, suppression de l'allongement pénultième. Une attention particulière sera portée à la famille des intonations relâchées, souvent descendantes ("lax prosodies"), qui est une caractéristique de l'aire soudanique africaine (Rialland, 2009; Clements et Rialland, 2008).
      Les recherches sur l'intonation des langues africaines en sont à leur début et elles s'avèrent déjà riches en implications théoriques (modélisation des superpositions, modélisation des anticipations dans la production de la parole, enrichissements typologiques).

Exposé de Franck Guillemain (UPS 2259) & Alexis Michaud | Vidéo sur le terrain : un projet conjoint de documentation linguistique et de film documentaire

Présentation de Franck Guillemain (UPS 2259) & Alexis Michaud dans le cadre du séminaire ​​Terrains, analyse et comparaison des langues (TACoL) | Vidéo sur le terrain : un projet conjoint de documentation linguistique et de film documentaire | 20 mars 2019

 

Descriptif

Une mission sur le terrain dans le Yunnan (Chine) en 2018 a permis des enregistrements vidéo, dont une partie destinée à la documentation linguistique et une autre à la préparation d’un film documentaire (« Retour à Yongning »). Lors du séminaire, nous reviendrons sur la formulation et la réalisation de ce projet commun entre un spécialiste d’audiovisuel (intéressé à créer un documentaire au sujet du travail du linguiste) et un linguiste essentiellement soucieux de documentation fondamentale. Le dialogue entre nos perspectives respectives soulève des questions d’ordre général, notamment au sujet des données vidéo originales, dont seule une petite partie trouvera place dans le film documentaire. Quels sont les usages possibles de ces séquences ? Nous aimerions suggérer que ces séquences dé-rushées, pour lesquels nous proposons le terme d’oursons*, auraient vocation à être accueillies par une base de données.
*Dans le vocabulaire du cinéma, l’« ours » constitue un premier montage : simple mise bout à bout de séquences dont l’intérêt est ressorti lors de l’étape du dé-rushage. Les « oursons » seraient les différentes séquences dont est composé l’« ours ».