Notice
Forum Nîmois - Charles GIDE - MAFFESOLI - 12-SEPTEMBRE-2018
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Descriptif
L’activité de notre association Charles Gide reprend, pour son cycle de conférences "le forum Nîmois Charle GIDE" Jean MATOUK président de l'assosiation et professeur des universités recoit, le 12 septembre 2018, à la maison du protestantisme à Nîmes Michel MAFFESOLI.
Mon cherMichel
C’est laquatrième fois que tu honores notre Forum de ta présence. Je me souviens encorede ce jour où ton train a eu un énorme retard. Nos membres t’ont attendupatiemment une heure et demie. C’est dire si nous t’apprécions !
En exergue,avant même d’aborder ton sujet, je voudrais dire que nous avons eu l’heureuse surprise dete trouver parmi les chroniqueurs du Midi Libre de dimanche dernier avec untexte sur ce que tu dénommes la« théatrocratie », reprenant une expression de Platon, et à propos delaquelle tu affirmes que la société du spectacle a absorbé toute l’énergie dupolitique. Pour reprendre le distinguo de Marcel Gauchet entre « le »et « la » politique cettedernière s’est complètement théatralisée. Le luxe n’est-il pas aussi, quelquepart, théatralisation de la vie en société ?
Tu vasrépondre à la question : Le luxe est-il le propre de l’homme ? Une expositionchez nos voisins d’Arles dans leur Musée de l’Arles Antique, l’an passé, aremarquablement présenté les objets constituant le luxe au temps des romains.D’autres, remontant plus haut encore, ont affirmé qu’il est apparu dès lepaléolithique, chez l’homme des cavernes, et les dessins qu’il nous a laissés.On le voit aussi, évidemment, dans l’Egypte ancienne, du moins chez lespharaones et les nobles
Lespolitiques n’ont pas toujours eu conscience de l’importance, notamment enFrance, des biens de luxe. Ce ne fut pastoujours le cas. Dans les années 60-80, le luxe était considéré commeéconomiquement inutile. Rappelons-nous Georges Pompidou, qui au nom de son« impératif industriel », fustigeait, à la télévision, le champagne,les bons fromages, et souhaitait que la France, offre « autre chose ». Il est vrai qu’àl’époque, dans notre balance commerciale, déjà déficitaire, les produits deluxe ne semblaient guère de nature à la redresser. Les exportations françaisesde produits de luxe ne concernaient que les Etats-Unis et les autres paysd’Europe occidentale
Puis, grâceà la mondialisation, sont apparues, d’abord en Asie non communistes, et enAmérique latine, puis aussi dans l’Asie communiste, décommunisée si je puisdire, notamment en Chine, des classes moyennes, dans lesquelles est monté ledésir de produits de luxe, comme marqueurs de réussite.
Ne dit-onpas que « le produit de luxe est un produit ordinaire pour gens exceptionnels etun produit exceptionnel pour gens ordinaire » ?
Pas étonnantdonc que les centaines de millions de chinois, d’indiens et de« latinos » se précipitent aujourd’hui vers les boutiques du luxe, etnotamment du luxe français. 165.000 personnes travaillent en France dans leluxe. Entre 1990 et 2017, le marché des biens personnels de luxe a augmenté de 45à 252 milliards€ soit une multiplication par 5,6.
Un comitéColbert avait été créé dès 1954, àl’initiative de Guerlain, pour célébrer et promouvoir les fabrications de luxefrançaises. Il rassemble aujourd’hui 82 maisons de taille variable, allantd’Alain Ducasse, à Yves Saint Laurent, en passant bien sûr par Cartier, Hermès, Lacoste, Louis Vuitton, Martel etc…. que vousconnaissez bien.
Les biens deluxe bénéficient, en théorie économique, d’un effet particulier que nousappelons l’effet Veblen. Contrairement aux autres biens dont la demande faiblitquand le prix s’élève, les biens de luxe sont, au contraire d’autant plusdemandés que leur prix est élevé. C’est pourquoi, et aussi comment, entre 1980et 2017, alors que les prix des biens ordinaires de consommations augmentaientde 300%, les prix des biens de luxe augmentaient de 800%
Il y aaujourd’hui 330 millions d’acheteurs. Dix millions de plus chaque année
Notre paysdont la balance commerciale expose un déficit de plus de 60 milliards€ chaqueannée, ne présente d’excédents que surles produits agricoles et alimentaires, au sein desquels, notamment, lesboissons de luxe, l’avionique, les services notamment le tourisme, au seinduquel le tourisme de grand luxe à Paris – notre capitale est devenue lachampionne des palaces avec une quinzaine d’entre eux !- et, enfin, tousles autres biens de luxe.
Champagnecognac, parfumerie, cosmétiques maroquinerie et joaillerie, dégagent dessurplus annuels de 5 à 10 milliards USD, et sont donc essentiels pour nous, même s’ilsne suffiront évidemment pas à redresser notre commerce extérieur et qu’il fautinnover et produire d’autres bien manufacturés. Mais, si tu as raison, si leluxe est le propre de l’homme, il a unebelle destinée, et nous avons, là, nous français, une bonne raison d’optimisme.
Tu as laparole !
Thème
Documentation
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