Conférence
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Français
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Droit commun de la propriété intellectuelle
DOI : 10.60527/xnpe-pd58
Citer cette ressource :
Pour un partage des savoirs. (2016, 31 mai). Forum Nîmois - Charles GIDE - VEDRINE - 31 mai 2016. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/xnpe-pd58. (Consultée le 28 mai 2024)

Forum Nîmois - Charles GIDE - VEDRINE - 31 mai 2016

Réalisation : 31 mai 2016 - Mise en ligne : 17 novembre 2016
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Descriptif

L’activité de notre association Charles Gide reprend, pour son cycle de conférences "le forum Nîmois Charle GIDE" Jean MATOUK président de l'association et professeur des universités reçoit, le 31 mai 2016, à la maison du protestantisme à Nîmes Hubert VEDRINE, diplomate, homme politique français, Ancien ministre des Affaires étrangères sous le gouvernement Jospin de 1997 à 2002.

Monsieur le Ministre, cher Hubert,

C’est un grand honneur pour notre Forum de t’accueillir pourla deuxième fois. Tu es pressé par le temps, je ne vais donc pas être long.

Nous allons boire tes paroles, ce soir, puis en lisant tonlivre, « Le Monde au défi », car ce même Monde nous questionne etnous inquiète.

Ceux qui comme moi sont nés dans les années 40-50 s’étaienthabitués, dans les années 60/70 au monde bi-polaire, à la guerre dite froide ,sans affrontement direct, mais de nombreux éclats de cet antagonisme armé, enAfrique, comme en Amérique latine et en Asie, dans ce Tiers-monde, vis-à-visduquel nous ressentions tous plus ou moins, une culpabilité. Soit parce quenous en avions été colonisateurs, et venions d’y mener des guerres dedécolonisation sanglantes, soit tout simplement parce mes collèguestiers-mondistes nous répétaient, non sans quelque raison, que nous pillionsleurs matières premières. C’était l’époque ou François Perroux écrivaitl’économie du don, fondement doctrinal de l’aide au Tiers monde, qui devaitatteindre au moins 1% de nos PIB.  Parparenthèse ce sont souvent les mêmes qui prêchaient en faveur de l’aide à ceTiers-monde qui prêchent trente ans plus tard pour nous protéger de lui et desconséquences de son développement.

Vint ensuite ce que l’on désigne métaphoriquement comme« la chute du mur », c’est-à-dire l’effondrement de l’intérieur del’URSS, sanction du rêve d’une économie totalement administrée, dans un paysqui, malgré ses énormes ressources minières, n’avait su développer qu’uneindustrie militaire et spatial puissante , mais s’était avéré incapable defournir à ses nationaux, ce qui était considéré, à l’ouest, comme un minimum deconsommation, en quantité et en variété. Triomphe de facto de l’économiemarchande et de l’entreprise.  Echec quel’URSS, par la force, avait imposé cinquante ans durant aux  quelques 100 millions d’hommes     des autres pays de l’Europe centrale etorientale, qui, avant-guerre, ne s’orientait pas du tout vers le Gosplan etl’économie soumise   On comprendaujourd’hui la crainte que la Russie de Poutine inspire encore à ces pays.

Par parenthèse, les américains et nous aurions dû, face à ceteffondrement soviétique, admettre-je le pense toujours- que l’OTAN ne servaitplus à rien, puisque l’adversaire qui en fondait la logique n’existait plus.Nous ne le fîmes pas. Pourquoi ? D’abord, sans doute, justement par ce que les pays d’Europe de l’est quiallaient vouloir adhérer à l’Union européenne, voulait surtout, en priorité,bénéficier d’un soi-disant parapluie américain, dont je pense qu’il serait uneillusion si le plantigrade russe se remettait en marche. Mais aussi par ce quel’OTAN était, pour les Etats-Unis, un moyen de maintenir une certaine dosed’hégémonie. Toujours est-il que le maintien de cet OTAN-dont notre ami RégisDebray dit qu’il n’a comme légitimité que de permettre à quelques dizainesd’épouses d’officiers supérieurs et généraux de sortir deux ou trois fois paran leurs robes du soir- est devenu un chiffon rouge quand Poutine a succédé àEltsine et qu’il s’en sert abondamment vis-à-vis de sa population. Merci denous dire ce que tu en penses ?

Toujours est-il qu’après cet effondrement de l’URSS, vint unegrande illusion que tu décris d’ailleurs merveilleusement. Celle d’un mondeunipolaire, les Etats-Unis censé avoir terrassé l’hydre communiste, semblaientet pensaient avoir vocation à dominer le monde, non seulement sur le planmilitaire, politique, économique, mais aussi sur le plan culturel. Ce futl’époque Fukuyama. Nos valeurs, notre démocratie ne pouvaient pas ne pasdésormais s’imposer dans le monde entier.

Mauvaise pioche ! Au fur et à mesure que leurs économiesde sous développées devenaient émergentes, les pays de l’ancien Tiers Monde, Chineen tête après la vraie révolution culturelle chinoise, celle de Deng Tsiao Ping, prenaient de l’assurance sur d’autresterrains, et allaient régulièrement nous rappeler que d’autres culturesexistaient, souvent avant les nôtres, et qu’ils n’acceptaient plus cetteprétention culturelle de l’Occident. Une forme sourde, non violente, maisirrésistible de Boko Haram, si tu me permets cette exagération. Difficile àaccepter pour nous bien sûr, car tout en disant cela, je reste au fond de moicertain que la Déclaration universelle des droits de l’homme est l’Evangile destemps présents.

Bref le monde n’est pas pacifié sous égide américaine,occidentale, ni, comme tu le dis fort bien dans ton article  du 8 avril dans le Figaro, sous la régulationd’un marché mondial pur et parfait comme l’on trop longtemps enseigné tropd’économistes. Une tour de Babel après les illusions dis-tu ! Violent,  encore très militarisé, volcanique dans seséruptions brutales et inattendues, chaotique, totalement incertain, crispé à denombreux égards autour d’idéologies nationalistes  dont on a, là encore, rêvé la disparition. Quepeut-il résulter de ce chaos, quel chemins la France, je n’ose même plus dire l’Europe, par certainségards, fractale du monde lui-même, peut-elle espérer y emprunter.  Eclaires-nous s’il te plait, ce soir, sipossible en 30 minutes pour laisser la place aux questions, non seulement de lasalle, mais aussi du Lycée Mermoz à Montpellier. 

 

 

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