"Anthropologie et Cinéma" par Marc-Henri Piault. Leçon 3. Les Pères Fondateurs (English and Portuguese subtitles)

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Réalisation : 2013
Mise en ligne : 16 juin 2022
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Capture vidéo leçon 3 chap2

Descriptif

Fr : Les postures anthropologiques fondatrices à travers les positions idéologiques et les partis pris de réalisations issus des premières expériences du cinéma documentaire. 

Au moment de la guerre de 1914-18, on repère les possibilités historiques de divergences et de choix dans l’interprétation de ce qui fonderait une anthropologie visuelle. A ce moment en effet se popularise un cinéma documentaire abordant l'altérité sociale tandis que le cinéma ethnographique, avant tout descriptif, fonctionne comme pour remplir les chapitres d’une encyclopédie des sociétés non industrielles en suivant les programmes de l’ethnologie classique. Les films circonscrivent des objets comme les techniques, l’habitat, l’artisanat, les différentes formes d’agriculture et, bien entendu, tous les rituels, toutes les cérémonies possibles qui restent les thèmes privilégiés de l’observation cinématographique. 

C’est au cinéma documentaire et parfois aux cinéastes passant du documentaire à la fiction que l’on doit l’exploration d’une réalité qui ne serait pas seulement exotique, c’est-à-dire engluée dans les caractéristiques d’irrémédiables différences, et surtout qui ne serait pas seulement fonctionnelle ou systémique ou institutionnelle. On leur doit également une réflexion sur les modalités d’une approche cinématographique du réel, sur la constitution d’un langage, c’est-à-dire d’une forme particulière pour saisir le monde alors qu'à la même époque les anthropologues se contenteront d’un usage minimaliste des caméras et des magnétophones, simples instruments d’observation et d’enregistrement, sans considérer la moindre problématique de réalisation.

Eng : The founding anthropological postures through the ideological positions and the biases of achievements resulting from the first experiences of documentary cinema.

At the time of the 1914-18 war, we identified the historical possibilities of divergences and choices in the interpretation of what would find a visual anthropology. At that time, in fact, a documentary that addressed social otherness became popular, while ethnographic cinema, especially descriptive, functioned as if filling the chapters of an encyclopedia of non-industrial societies following the programs of classical ethnology. Films circumscribe objects such as techniques, housing, handicrafts, different forms of agriculture and, of course, all rituals, all possible ceremonies that continue to be the privileged themes of cinematographic observation.

Thanks to documentary cinema and, at times, to filmmakers who move from documentary to fiction to whom we owe the exploration of a reality that would not only be exotic meaning, prey to the characteristics of irremediable differences and, above all, that would not only be functional or systemic or institutional. We also owe to them the reflection on the modalities of a cinematographic approach to reality, on the constitution of a language, that is, of a particular way of apprehending the world, while at the same time anthropologists would be content with a minimalist use of cameras and recorders, simple observation and recording instruments, without considering the slightest production problem.

Pt : Os Pais Fundadores

As posturas antropológicas fundadoras através das posições ideológicas e dos vieses de conquistas decorrentes das primeiras experiências do cinema documentário.

Na época da guerra de 1914-18, identificamos as possibilidades históricas de divergências e escolhas na interpretação do que fundaria uma antropologia visual. Nessa época, de fato, popularizou-se um documentário que abordasse a alteridade social, enquanto o cinema etnográfico, sobretudo descritivo, funcionava como se preenchesse os capítulos de uma enciclopédia de sociedades não industriais seguindo os programas da etnologia clássica. Os filmes circunscrevem objectos como técnicas, habitação, artesanato, diferentes formas de agricultura e, claro, todos os rituais, todas as cerimônias possíveis que continuam a ser os temas privilegiados da observação cinematográfica.

É graças ao cinema documental e, às vezes, aos cineastas que transitam do documentário para a ficção a quem devemos a exploração de uma realidade que não seria apenas exótica, ou seja, presa às características de diferenças irremediáveis ​​e, sobretudo, que não seria apenas funcional ou sistêmica ou institucional. Devemos a eles também a reflexão sobre as modalidades de uma abordagem cinematográfica da realidade, sobre a constituição de uma linguagem, ou seja, de uma forma particular de apreender o mundo, enquanto ao mesmo tempo os antropólogos se contentarão com um uso minimalista de câmeras e gravadores, simples instrumentos de observação e gravação, sem considerar o menor problema de produção.

 

Films: D.Vertov (Kino Glaz, L’homme à la caméra); S. Eisenstein (Enthousiasme: La Symphonie du Donbass, Trois chants sur Lénine); R. Flaherty (Nanouk of the North, Man of Aran, Lousiana Story).

Vidéos

Intervenants et intervenantes

Documentation

Chapitre 1

Dziga Vertov

Chapitre 2

Dziga Vertov

Chapitre 4

Sergueï Eisenstein, La Grève, 78 mn, 35 mm, Union soviétique, 1925.

Chapitre 5

Robert Flaherty

Références bibliographiques générales

Boukala M., Le dispositif cinématographique, un processus pour (re)penser l'anthropologie, Téraèdre, Paris, 2009. 

Colleyn J.P., Le regard documentaire, Centre georges Pompidou, Paris, 1993.

De France C. , L’anthropologie filmique : une genèse difficile mais prometteuse, Du film ethnographique à l’anthropologie filmique, Editions des archives contemporaines, 1994. 

Gardies A., Le réel filmique, Hachette, Paris, 1993.

Laplantine F., La description ethnographique, Armand Colin, 2005.

Lioult J.L., À l'enseigne du réel, penser le documentaire, PUP, 2004.

MacDougall D., Transcultural Cinema, Princeton, New Jersey, Pinceton University press, 1998. 

Niney J.F., Le documentaire et ses faux-semblants, Klincksieck, Paris, 2009.

Piault M.H., Anthropologie et Cinéma. Passage à l'image, passage par l'image, Paris, Téraèdre 2008 (1ère édition Nathan 2000). 

Références bibliographiques spécifiques:

Bazin A., Qu’est-ce que le cinéma, Ed.du Cerf, Paris, 1958.

Bernas S., Montage créatif et processus esthétique d’Eisenstein, suivi de « Montage 38 » d’Eisenstein, trad. du russe par Bernadette Ducrest, Paris, Éd. L’Harmattan, coll. Champs visuels, 2008.

Heusch L., Cinéma et sciences sociales, panorama du film ethnographique et sociologique, Rapports et documents de sciences sociales, Unesco, 1962.