Les Quarante ans de la loi Veil
Description
Quarante ans après la promulgation de la loi Veil, le 17 janvier 1975, l'université de Tours a organisé un ensemble d'événements évoquant ses aspects médicaux, juridiques, sociologiques et culturels. Ils ont permis de situer cette loi dans son contexte historique et de suivre son évolution jusqu'à nos jours. Les enregistrements réalisés à cette occasion évoquent la mise en œuvre de la loi dans le contexte local de Tours.
Témoignages de Jacques Bertrand (chef de service de gynécologie-obstétrique de l'hôpital d'Amboise), Marie-Thérèse Boisgirard (surveillante au centre IVG de Tours de 1978 à 1980), Laure Burger-Sierra (sage-femme ayant exercé à l'hôpital de Château-Renault puis en libéral), Claude Croubois (professeur d'histoire, maire adjoint de la ville de Tours chargé des affaires sociales et du logement entre 1983 et 1998 pendant le mandat de Jean Royer et conseiller général entre 1988 et 1998), Philippe Jusseaume (psychiatre qui assura des vacations au cours de la première année de fonctionnement du centre IVG de Tours), Annick Le Floch (conseillère conjugale et familiale au centre IVG de Tours), Odile Montazeau (sage-femme au CHU de Bretonneau puis enseignante à l'école de sages-femmes au CHRU de Tours), Michel Neny (médecin au centre IVG de Tours), Élisabeth Paganelli (médecin gynécologue, fondatrice et présidente du Collège de gynécologie du Centre Val de Loire), Léandre Pourcelot (ingénieur et médecin spécialiste des ultrasons), Thérèse Raimbault (médecin gynécologue, membre du Planning Familial d'Indre-et-Loire), Jacqueline Vons (professeur agrégé de lettres classiques, spécialiste de l'histoire de la médecine, amie de Thérèse Raimbault ; elle fit partie du Planning familial de Tours), Jacques Weill (professeur de biochimie, responsable administratif du premier centre IVG de Tours) et Martin Winckler (pseudonyme de Marc Zaffran ; médecin et écrivain).
Ce travail de collecte a été réalisé en 2015 avec les étudiants du Master Pro Patrimoine culturel Immatériel dans le cadre du cours d’édition audio de Jean-Philippe Corbellini. Il fut poursuivi avec l'aide d'Hélène Farah, stagiaire.
Historique de la loi Veil
Le 17 janvier 1975, la loi Veil est promulguée, après un débat parlementaire houleux qui a opposé Simone Veil, alors ministre de la santé dans le gouvernement de Jacques Chirac, sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, à une assemblée essentiellement masculine et parfois franchement hostile.
Elle abroge la loi de juillet 1920, surnommée "la loi scélérate", qui interdisait la propagande contraceptive et abortive. En 1923, une autre loi « correctionnalise » l’avortement, c'est-à-dire que la pratique de l’avortement devient passible de la correctionnelle. Elle est durcie en 1942, puisque l’avortement devient un crime contre la sûreté de l’État passible de la peine de mort. En 1943, sous le gouvernement de Pétain, Marie-Louise Giraud est guillotinée pour avoir pratiqué des avortements clandestins. Précédée par la loi Neuwirth, votée en 1967 mais promulguée en 1972, qui légalisait la contraception, la loi Veil dépénalise l’avortement dans certaines conditions : jusqu’à dix semaines d’aménorrhée, après un entretien préalable obligatoire et sous réserve du consentement obligatoire des parents pour les mineures.
La loi précise que son application sera à l’essai pour cinq ans.
Simone Veil a dû rallier les centristes et une partie de l’opposition à sa cause pour obtenir la majorité à l’assemblée au prix de deux concessions : les médecins peuvent exercer « la clause de conscience », c’est-à-dire refuser de pratiquer des avortements, et l’avortement reste payant s’il n’est pas justifié par des raisons médicales.
Le dispositif de la Loi Veil est pérennisé et précisé par la loi Pelletier le 31 décembre 1979. L’évolution législative s’accompagne de profonds changements sociaux, qui opposent les tenants d’une société traditionnelle et nataliste à un courant plus progressiste qui reconnaît le droit des femmes à disposer de leur corps. Après le manifeste des 343 (1971), le jugement rendu au procès de Bobigny en 1972 confirme que la loi de 1920 sur l’avortement n’est plus applicable.
En 1982, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est remboursée par la sécurité sociale.
Dans les années 1990, on constate une résurgence des mouvements anti-avortement. Une centaine de centres ont été attaqués par des commandos anti-IVG depuis cette date. En 1993, la loi Neiertz, qui condamne ces pratiques (délit d’entrave) est adoptée. Elle est appliquée pour la première fois à l’occasion du procès de Tours.
La loi du 4 juillet 2001 allonge les délais légaux de 10 à 12 semaines de grossesse et supprime l’autorisation parentale pour les mineures désirant une IVG.
Enfin, la loi du 23 juillet 2014 autorise l’IVG pour la femme "qui ne veut pas poursuivre une grossesse". Cette formulation remplace celle de la loi Veil de janvier 1975 autorisant le recours à l'IVG pour la femme enceinte "que son état place dans une situation de détresse".
Dossiers
Jacques Bertrand / Les Quarante ans de la loi Veil
Jacques Bertrand (1942-) a fait ses études de médecine à Tours entre 1961 et 1970. Dès l'année 1967, il travaille dans le service de gynécologie obstétrique du professeur Soutoul, avec lequel il noue
Marie-Thérèse Boigirard / Les Quarante ans de la loi Veil
Après des études secondaires jusqu’en première, Marie-Thérèse Boisgirard (1942-) passe le concours d’entrée en école d’infirmières en 1963 et fait ses études à l’école de la Croix-Rouge de Tours jusqu
Laure Burger-Sierra / Les Quarante ans de la loi Veil
Laure Burger-Sierra (1954-) quitte l'Algérie à huit ans et vit à Romorantin où elle fait ses études secondaires. Après l'obtention de son baccalauréat en 1972, elle entreprend des études supérieures à
Claude Croubois / Les Quarante ans de la loi Veil
Agrégé d’histoire et titulaire d’un DEA des sciences de la ville, Claude Croubois (1931-2015) a tour à tour exercé les fonctions de professeur de lycée, de chargé de cours d’histoire contemporaine à
Philippe Jusseaume / Les Quarante ans de la loi Veil
Philippe Jusseaume (1942-) obtient en 1966 une licence en sciences à Poitiers. En 1967, il devient interne au CHU de Tours, poursuit ses études par une maîtrise en Biologie humaine soutenue en 1972
Annick Le Floch / Les Quarante ans de la loi Veil
Après ses études secondaires, Annick Le Floch (1939-) se dirige vers la voie paramédicale et devient kinésithérapeute. Arrivée à Tours, elle travaille au CHU de Bretonneau, notamment dans le service
Odile Montazeau / Les Quarante ans de la loi Veil
Après l'obtention de son baccalauréat en 1969, Odile Montazeau (1950-) entreprend des études de sage-femme au CHRU de Poitiers et obtient son diplôme en 1972. Elle débute sa carrière professionnelle
Michel Neny / Les Quarante ans de la loi Veil
Après l'obtention de son baccalauréat scientifique à Orléans, Michel Neny effectue ses études supérieures à la faculté de médecine de Tours de 1966 à 1975-1976. Devenu médecin généraliste, il fait de
Élisabeth Paganelli / Les Quarante ans de la loi Veil
Élisabeth Paganelli (1952-) obtient son brevet des collèges en 1966 à Rabat, au Maroc et passe son baccalauréat au Mans, en 1970. La même année, elle commence ses études de médecine à la faculté de
Léandre Pourcelot / Les Quarante ans de la loi Veil
En 1975, Léandre Pourcelot est ingénieur dans le service d’explorations fonctionnelles créé par le professeur Thérèse Planiol au centre hospitalier Bretonneau. Dans ce cadre, il travaille en
Thérèse Raimbault / Les Quarante ans de la loi Veil
Thérèse Raimbault (1929-) commence ses études de médecine à Poitiers où elle rencontre son époux, Serge, également étudiant en médecine. Ils poursuivent tous deux leurs études à la faculté de médecine
Jacqueline Vons / Les Quarante ans de la loi Veil
Jacqueline Vons (1943-) est professeur agrégé de lettres classiques, docteur ès études latines et enseignant-chercheur habilité à diriger des recherches. Elle a enseigné le latin et l'histoire de la
Entretien
01 - Parcours étudiant et professionnel
Entretien réalisé dans le cadre de la loi Veil
02 - La Situation concernant l'avortement avant la loi Veil et avis personnel sur la loi Veil
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03 - Souvenirs des médecins du Centre IVG de Tours et du professeur Soutoul
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04 - Souvenirs d'un commando anti-IVG à l'hôpital d'Amboise
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02 - L'Activité au centre IVG : 1978 - 1981
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Entretien réalisé dans le cadre de la loi Veil
01 - Études et formation de sage-femme à Tours
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02 - Vie professionnelle et découverte de l'IVG
Entretien réalisé dans le cadre de la loi Veil
03 - Souvenirs de Château-Renault : Jean Delaneau et Mariana Otero
Entretien réalisé dans le cadre de la loi Veil
Intervenants
Docteur en médecine (Tours, 1970). Médecin gynécologue obstétricien. . Illustrateur scientifique
Infirmière, surveillante au centre IVG de Tours de 1978 à 1980.
Sage-femme à l'hôpital de Château-Renault jusqu'en 1996.