Chapitres
- Présentation03'20"
- Introduction15'30"
- L'attachement09'30"
- De quoi témoigne la poésie et ses poètes?00'00"
- Savoir, croire, voir22'32"
Notice
L'attachement
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- Dossier
Descriptif
La poésie fait-elle partie de " tous les savoirs " ? Est-elle si peu que ce soit un savoir ? Que sait-elle ? Dans la ronde du voir, du croire, et du savoir, elle est un faire-valoir dont le savoir-faire et la réflexion sur soi n'ont pas les caractères de la connaissance scientifique. Son savoir n'est pas de science certaine ni de science scientifique. Sans doute ne peut-elle pas ne pas comporter, et emporter avec soi dans sa " tradition ", un savoir de soi. La poésie sait ce qu'elle fait, et, depuis Aristote, La Poétique, la suit comme son ombre ou parfois la précède comme sa proie. Mais ce savoir peut être tenu pour second par rapport à l'élan qui la lance vers son " dehors éternel " (Blanchot).
Sous le nom d' " attachement ", j'examine ce privilège de son extase vers les choses (les linguistes parlent plus calmement de mouvement référentiel, que les poètes, eux, appelaient imagination), de son amour du monde de la terre. Mais de parricides en fratricides, de suicides en génocides, d'occide en ethnocides, l'humanité en est arrivée au géocide. Un géocide est en cours. Il ne pourra pas y en avoir plusieurs. La terre est donc " unique ". Il n'y en pas d'autre(s) - en attendant que les " planètes " d'autres " systèmes " fassent signe ou " répondent ". La terre n'est donc pas seulement une " planète ". Elle est (un) monde, et la pluralité de mondes fait son monde. Elle est une, d'une unicité qui unifie la diversité comme " la sienne ". Elle est le divers s'unifiant en se diversifiant. Elle est l'entièreté du divers, intégrale c'est-à-dire telle que chaque " partie " (découpée après coup par l'ingenium dans le tissu dit " naturel ") est intégrante, si son tout, qui n'est rien " d'à part ", n'a pas d'autre existence que cette intégration de voisinage des parties de proche en proche et de loin en loin, sur la terre comme au ciel. Il faut y aller voir, pour nous y attacher et nous l'attacher.
A cette hauteur, c'est la science qui fait la longue échelle : cette vue, à laquelle nous continuons de réserver donc le nom de poétique, est montée sur - ou rendue possible par - la technique. C'est cette vue que ne purent s'empêcher de prendre les cosmonautes, qui en croyaient leurs yeux, voyant, comme le Yahwé de la Genèse, que c'était beau. Le faire voir de cette singularité terrestre est la tâche de l'art. C'est où la poésie peut s'engager. Faire voir le terrestre sous cet aspect de tous ses aspects n'est pas l'objet des sciences, qui sont, nous dit le philosophe, des ontologies régionales. Les poètes, eux - cette fois c'est l'un d'entre eux qui parle - " rassemblent la beauté de la terre " (Hölderlin). Le rassemblement des semblances terrestres (la " rassembalnce ") est inachevable, bien sûr, chacune (il faudrait dire chaque quasi-une, car c'est une fiction) étant confins des autres, moirures et disparues sous le vent de regards et les risées du vent solaire qui fait se lever la terre.
Appelons poésie le soin ou art qui prend soin de cet attachement. La culture est ce qui le cultive. Et mon tout est la terre, dit la devinette du poème. De cet attachement je parlerai, et de ce qui le menace. Menacer ? Oui. Si de l'obscurantisme (ai-je risqué) s'étend, c'est qu'il ne voit pas - ce qui est à voir. Il faut s'interroger sur cet aveuglement narcissique médusé par sa propre image. C'est peut-être l'image qui est devenue médusante ?
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