Notice
Un moulin médiéval en contexte littoral à Pennedepie (Calvados). Vincent Bernard (Université de Rennes 1)
- document 1 document 2 document 3
- niveau 1 niveau 2 niveau 3
Descriptif
avec la collaboration de Cyrille Billard, Yannick Le Digol, Christophe Maneuvrier et G Senecal.
Le littoral de la commune de Pennedepie (Calvados) a connu une forte érosion entraînant un recul de la ligne de rivage de plusieurs dizaines de mètres en près de 30 années. Cette érosion explique, au début des années 1980, la mise au jour d’une importante construction de pierre et surtout de bois, qui n’a cessé de se dégrader jusqu’à aujourd’hui. Celle-ci est situé sur l’estran actuel dans le lit d’un ruisseau appelé « la Rivière de Pennedepie », à l’emplacement de son exutoire dans la zone externe de l’estuaire de la Seine.
Le site, remarquablement conservé avec ses structures en bois, n’a malheureusement pas donné lieu à une intervention à la hauteur de son intérêt scientifique. C’est seulement en 2003 qu’une datation 14C a permis d’assurer l’ancienneté de ces vestiges. Quelques sondages d’ampleur très réduite ont également été réalisés en 2005. Par conséquence, cette présentation s’attache à regrouper les informations acquises pendant plus de 20 ans sur le moulin lui-même ainsi que sur son environnement.
L’édifice comprend deux poutres équarries, de plus de 10 m de longueur, d’environ 40 cm de côté, qui sont disposées parallèlement à l’axe du ruisseau. Des planches viennent s’appuyer sur ces deux poutres en reposant sur un chanfrein. Deux planches plus épaisses délimitent la structure à la fois aux deux extrémités de la plate-forme, tandis qu’une troisième prend place au centre. A l’ouest, la plate-forme et sa poutre horizontale porteuse est calée par une série de gros blocs de travertin reliés entre eux par des agrafes métalliques et jointoyés au plomb. D’autres blocs de travertins partent obliquement au nord et au sud. Côté est, un nouveau plancher disposé en pente vient s’appuyer contre l’une des deux grandes poutres axiales. L’altitude du plancher de base de l’édifice est située à +2,78 m NGF, ce qui suppose une construction régulièrement exposée durant les moyennes et grandes marées.
Plusieurs éléments en bois sont apparus dans l’environnement du moulin : les pieux marquant l’emplacement du bief, des conduites monoxyles. L’érosion littorale a également mis au jour sur une vaste surface des structures en creux complexes, creusées aux dépens du marais littoral et formant des sortes de bassins communiquant avec l’estran.
Le mobilier céramique trouvé sur le site et 3 datations radiocarbone situent le fonctionnement de ce site au XIe-XIIe s., tandis qu’une datation dendrochronologique place l’abattage d’une des poutres du moulin entre 1181 et 1201.
Plusieurs hypothèses peuvent être avancées quant à la fonction de ce réseau complexe de fosses (en lien avec la production de sel ou avec un travail de préparation des peaux ou des draps). Si l’identiἀcation de la structure dé-couverte sur la plage de Pennedepie comme moulin hydraulique ne pose pas de réel problème, le fonctionnement de cette installation, sous le niveau des plus hautes mers, soulève davantage de questions. En l’absence d’éléments de meules, l’hypothèse d’un moulin à foulon est d’autant plus probable que l’on sait que le moulin à blé de Pen-nedepie, attesté dès 1260, était situé plus en amont sur le ruisseau de Saint-Georges et qu’il existait ailleurs – sans doute plus en aval – un moulin à foulon ou « molin foulerez » qui n’est pas localisé avec précision mais qui ne pouvait se situer qu’en amont du moulin à blé.
Si la structure découverte sur la plage de Pennedepie s’avérait être un moulin à fouler, il s’agirait là de la première découverte du genre en France et peut-être en Europe. Rappelons que la datation dendrochronologique place cette structure à l’extrême fin du XIIe s., alors que la première mention d’un moulin à fouler au nord des Alpes n’apparaît qu’à la fin du XIe s.
Intervention
Avec les mêmes intervenants et intervenantes
-
Colomby, « La Perruque » (Manche) : Un moulin à eau du XIe siècle dans son paysage. Vincent Bernard…
BernardVincentAoustinDavidÉpaudFrédéricHallavantCharlotteLespezLaurentDeshayesJulienavec la collaboration de David Aoustin (Univ. Rennes 1, UMR 6566 CReAAH, Rennes), J. Deshayes (Pays d’Art et d’Histoire, Valognes), F. Epaud (CNRS, UMR 6173 CITERES-LAT, Tours), C. Hallavant (Terrae
Sur le même thème
-
Projet Rev@ntiq : représentations graphiques des données de Mir@bel sur un corpus de revues
DescollongesAméliePrésentation des enjeux de cartographie et de visualisation du corpus constitué dans le projet Rev@ntiq
-
Étude des graffiti démotiques : les portes de la zone sud-ouest de Karnak (mission 2022)
HourdinJeremyPoquetEugéniePirouFlorieWidmerGhislainePrésentation de la seconde mission du projet de dégagement de deux portes à Karnak (collaboration CFEETK et Univ. Lille/UMR 8164 HALMA), dans le cadre de l'étude des graffiti démotiques.
-
Nummi aurei africani (N2A)
SuspèneArnaudLe projet Nummi Aurei Africani (N2A) est un projet archéométrique, numismatique et historique centré sur l’étude de monnaies en or antiques frappées sur le sol africain
-
L'occupation de la vallée du Loir durant la protohistoire
GouhierBastienCe projet a pour objectif la compréhension de l’occupation du sol dans la vallée du Loir durant la protohistoire et particulièrement durant l’âge du Fer.
-
Séminaire HN Lab 1 : Le HTR appliqué à l’histoire de l’Art : présentation du travail de Léa Marone…
Le HN Lab propose un séminaire de recherche qui prend la forme d’une présentation de problématiques théoriques ou pratiques, de présentations de réalisations (achevées ou en cours) d’une durée de 30
-
Table-ronde : Enjeux de la Science Ouverte pour l'archéologie
Table-ronde animée par Xavier Rodier (Consortium Huma-Num MASA, Centre National de la Recherche Scientifique)
-
MASAplus 2023-2026, de l'interopérabilité à la Science Ouverte
MarletOlivierPrésentation du projet du consortium Huma-Num MASA+ et de ses enjeux.
-
La publication au format logiciste d'un corpus céramique volumineux du bassin de la Loire moyenne :…
HusiPhilippeAprès deux ouvrages sur le sujet dans un format de publication plus traditionnel, comprenant un volume imprimé adossé aux preuves en ligne, nous avons fait ici le choix d'une publication, certes
-
De la gestion des collections archéologiques à la publication des données des fouilles : l'expérien…
NurraFedericoColonnaCécileDe la gestion des collections archéologiques à la publication des données des fouilles : l'expérience de l'INHA
-
Une chaîne de traitement des données de la recherche au Centre Camille Jullian et ses applications
SatreStéphanieBaudoinBrunoDepuis sa création en 1978, le Centre Camille Jullian produit/fabrique une documentation scientifique considérable et sur des supports variés qui illustrent les différentes thématiques du laboratoire
-
Chronocarto : un WEBSIG pour archiver, partager, restituer et publier les données archéologiques
BatardyChristopheDabasMichelChronocarto est né dans les années 2010, d'un double besoin : pouvoir travailler à plusieurs et à distance sur des fichiers géoréférencés et assurer les liens entre les archéologues et les
-
Retour d'expérience sur l'utilisation croisée de plusieurs archives de fouilles
TufféryChristopheDans le cadre d'une thèse de doctorat engagée depuis 2019, une étude historiographique et épistémologique des effets des dispositifs numériques sur l'archéologie et sur les archéologues au cours des