Conférence
Notice
Date de réalisation
Lieu de réalisation

MRSH Caen

Langue :
Français
Citer cette ressource :
La forge numérique. (2017, 24 février). Entre Nord et Sud : mobilité, identités et modes de vie à Ribe aux VIIIe-Xe siècles. [Podcast]. Canal-U. https://www.canal-u.tv/131979. (Consultée le 10 décembre 2024)

Entre Nord et Sud : mobilité, identités et modes de vie à Ribe aux VIIIe-Xe siècles

Réalisation : 24 février 2017 - Mise en ligne : 21 juillet 2022
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Descriptif

Cette communication a été donnée dans le cadre du séminaire du CRAHAM intitulé "Les emporia comme lieux de transferts culturels aux VIIIe-Xe siècles".

Les emporia, sites commerciaux abritant des activités artisanales, apparaissent aux VIIe et VIIIe siècles sur les rives des mers du Nord, Baltique et Manche, à un moment où le centre de gravité économique se déplace de la Méditerranée vers le Nord. Situés au centre des réseaux d’échanges, ce sont des lieux de rencontre (économique, politique, culturelle), où marchands anglo-saxons, francs, frisons, scandinaves et slaves échangent marchandises et idées, ainsi que des centres de consommation, de production, d’échange, de stockage et de transit.

Le développement de ces centres urbains semble fortement lié à la présence d’un pouvoir royal ou princier. Cependant, il semble que l’initiative soit souvent revenue aux acteurs économiques, marchands principalement, puis que ces élites en aient pris le contrôle dans un second temps. On a pu aussi souligner les différences qui existaient entre ces communautés urbaines et les populations rurales environnantes : en Scandinavie, il est possible qu’elles aient bénéficié d’une législation particulière (attestée ultérieurement en Scandinavie sous le nom de « loi de Birka ») et d’un thing (assemblée, bien attestée pour Birka au IXe siècle). Des formes d’organisation communes étaient nécessaires pour l’entretien des rues, des installations portuaires ou commerciales. Il apparaît enfin que ces emporia ont développé des modes de vie et des formes d’identité – visible par exemple au travers d’activités ou d’un type de consommation particuliers  – qui les distinguent des espaces alentours.

Fréquentés par des voyageurs, des marchands, des missionnaires, des envoyés ; ces emporia ont été des lieux d’échanges culturels (et pas seulement économiques). Des lieux où se manifestent et s’expriment des interactions entre les cultures. De ce point de vue  ils apparaissent comme des points d’observation privilégiés pour aborder les processus de réception, d’adaptation, de transformation des objets matériels et immatériels (idées, religion, pratiques…), ainsi que les acteurs qui interviennent lors de ces processus.

Sarah Croix est aujourd’hui assitant professor à l’université d’Aarhus (Danemark). Elle a soutenu en 2012 une thèse sur Work and space in rural settlements in Viking-Age Scandinavia – gender perspectives » (dir. Else Roesdahl, co-dir. Judith Jesch (U. Nottingham) et Anne Nissen (U. Paris I Panthéon Sorbonne). Elle a travaillé sur les projets « Aggersborg à la période viking » (Aggersborg i vikingetiden , 2010-2013) et Entrepot (Aarhus /York, 2012-2014), ainsi qu’aux fouilles ainsi qu’aux fouilles de Rosen Allé à Ribe (2014-2016).

Résumé de la communication

La question des transferts culturels dans les emporia s’intègre pleinement aux axes qui marquent actuellement les études vikings, considérant à la fois l’urbanisation de la Scandinavie et les processus de négociations identitaires engendrés par les multiples formes de contact entre populations originaires de Scandinavie et leurs voisins européens. Dans ce cadre, Ribe représente l’étude de cas idéal – à la fois première ville de Scandinavie et à la frontière entre mondes scandinaves, «nordiques » et païens d’une part, et mondes continentaux, frisons, saxons et francs, en cours de christianisation, d’autre part. Sur la base de fouilles anciennes et récentes (2014-2016), conduites sur le site bien connu de l’emporium du VIIIe-première moitié du IXe siècle et de l’ensemble funéraire qui lui est contemporain, cette communication s’interroge sur la visibilité des expressions d’appartenance culturelle à Ribe par le biais des productions d’objets en alliage cuivreux et des pratiques funéraires. La présence d’identités culturelles « hybrides », récemment avancée pour Birka, apparaît bien difficile à voir. Ribe semble également plus proche, du moins pour le VIIIe siècle, d’une sphère culturelle tournée vers la mer du Nord plutôt que vers la Scandinavie. Même si on admet l’existence d’un royaume danois dans le Jutland à cette époque, cela nous rappelle que, déjà à la période viking, les frontières politiques ne coïncident pas toujours avec les frontières culturelles.

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