Notice
MRSH Caen
Magie noire, magie blanche. « American Horror Story : Coven », gros plan sur le blanchiment de la Nouvelle-Orléans post Katrina
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Descriptif
Cette communication a été enregistrée dans le cadre de la journée d'études consacrée aux fins de séries télévisées, organisée par le LASLAR à la MRSH de Caen.
Alors qu’au cinéma, les fins de films donnent souvent à voir les personnages tournant le dos au spectateur et s’éloignant, seuls ou à deux, notamment dans le cinéma classique hollywoodien, les séries télévisées, elles, se terminent souvent par un gros plan sur un ou deux personnages. Ce principe semble être une assimilation, par la fiction elle-même, de son dispositif de diffusion : au cinéma, le personnage s’éloigne comme le spectateur va lui-même, quelques instants plus tard, quitter la salle ; à la télévision, le personnage reste, au contraire, « enfermé » dans le cadre de sa fiction de même que le téléspectateur ne quitte pas le lieu où il l’a vue...
Maureen Lepers est doctorante à l’université Paris 3 Sorbonne Nouvelle (IRCAV) sous la direction de Raphaëlle Moine. Elle a rédigé un mémoire de Master intitulé Dans l’œil de Katrina. Présence de l’ouragan louisianais dans six fictions cinématographiques et télévisuelles sudistes. Sa thèse porte aujourd’hui sur l’éventualité d’un récit sudiste post-Katrina et examine notamment les relations complexes qui lient l’ouragan à la mémoire de l’esclavage et de la Guerre de Sécession.
Résumé de la communication
Toujours officiellement du côté des marginaux et des opprimés de la société américaine, American Horror Story (Ryan Murhpy & Brad Falchuk, FX, 2011-présent) se tourne avec sa saison 3 (intitulée Coven) vers la minorité africaine américaine et son histoire. Dans une Nouvelle-Orléans toujours marquée par les stigmates de l'ouragan Katrina, les 13 épisodes de cette saison suivent en effet les aventures fantasques de deux communautés de sorcières, l'une blanche et l'autre noire, dont les rivalités ancestrales remontent à la période esclavagiste. Si la beauté de Coven est effectivement de reconnecter le temps bref de Katrina – qui frappe la ville en août 2005 – à la longue durée de l'histoire américaine, cette communication entend néanmoins interroger les modalités de ce travail mémoriel à travers l'analyse du tout dernier plan de la saison – un zoom avant qui cadre progressivement en gros plan, le visage souriant, blond et blanc, de Cordelia (Sarah Paulson), la sorcière victorieuse. Dans cet ultime mouvement de caméra, se joue en effet la question de l'évacuation des corps noirs du champ de l'image et de la fiction, au profit d'un type d'image vraiment typique des films sudistes hollywoodiens : le gros plan de femme blanche, popularisé par D. W. Griffith dans Naissance d'une Nation (The Birth of a Nation, 1910), et véhicule esthétique par excellence deswhite supremacists. En dépit de la volonté de cette saison 3 d'American Horror Story de remettre la minorité africaine-américaine au centre du cadre, ce plan final raconte donc, en creux, le blanchiment de La Nouvelle-Orléans post-Katrina et interroge de fait les enjeux d'une telle mémoire pour la communauté noire américaine.
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