Conférence
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Date de réalisation
Lieu de réalisation

Université Rennes 2

Langue :
Français
Citer cette ressource :
La forge numérique. (1994, 6 octobre). Trois siècles d'histoire rurale.... [Podcast]. Canal-U. https://www.canal-u.tv/116060. (Consultée le 26 avril 2025)

Trois siècles d'histoire rurale...

Réalisation : 6 octobre 1994 - Mise en ligne : 28 avril 2022
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Descriptif

Les historiens français et les sociétés rurales - Des caractères originaux

Dans ce discours prononcé à l'occasion du 1er colloque de l'Association d'Histoire des Sociétés Rurales, organisé à Rennes en 1994, Jean Jacquart  s'efforce de retracer en 20 min deux siècles d'historiographie des sociétés rurales françaises (de Voltaire aux années 1980)  tentant d'en dégager les grandes étapes et les caractères originaux. Jusqu'au XVIIIème siècle, l'histoire se désintéresse des sociétés rurales et du petit peuple en général. Dans le chapitre 30 du Siècle de Louis XIV, Voltaire ébauche les premiers éléments d'une histoire rurale, abordant le peuple des campagnes et s'intéressant à l'évolution des productions agricoles et du commerce. Mais c'est avec le mouvement du romantisme que naît véritablement l'histoire rurale.

  • Seconde moitié du XIXe siècle
    L'histoire rurale est dominée par deux grands thèmes : les aspects juridiques des rapports d'exploitation et les problèmes de la propriété du sol et de sa répartition sociale. Cette première période débouche sur une première synthèse rédigée en 1854 par Dareste de la Chavanne, l'Histoire des classes agricoles françaises depuis Saint-Louis jusqu'à Louis XIV.

  • Première moitié du XXe siècle
    Des géographes ouvrent de nouvelles perspectives. A côté des traditionnelles analyses sur les aspects juridiques et sur les classes rurales, une attention nouvelle est prêtée aux dimensions matérielles de la vie rurale (le paysage, le parcellaire d'exploitation, l'habitat, les techniques agricoles, etc.). Le travail de Georges Lefebvre sur Les Paysans du Nord pendant la Révolution française (publié en 1924) fait figure d'œuvre de référence pour cette période. À la même époque, Marc Bloch publie, dans une indifférence relative, ce qui allait devenir un ouvrage majeur de l'histoire rurale : Les Caractères originaux de l'histoire rurale française. Il propose une mise en perspective des grandes évolutions qui ont bouleversé les sociétés rurales de l'an Mil à la révolution. Pour autant, durant l'entre-deux guerres, l'historiographie rurale française reste majoritairement dans des voies traditionnelles, restant globalement limitée et timide dans ses renouvellements thématiques.

  • 1945-1975 ou les "trente glorieuses" de l'histoire rurale
    L'histoire rurale connaît un essor spectaculaire sous l'influence de trois facteurs : la réédition en 1952 des travaux de Marc Bloch, les travaux d'Ernest Labrousse replaçant l'économie rurale au centre de l'économie de l'Ancien régime, les travaux de Jean Meuvret qui incitent une nouvelle génération de chercheurs à ouvrir des problématiques autour de l'évolution des paysages, des rapports sociaux, de la démographie historique...D'importants renouvellements méthodologiques accompagnent cette période. C'est notamment l'époque des grandes monographies régionales (M. Agulhon, P. Bois, P. Goubert, E. Le Roy Ladurie, J. Jacquart, G. Cabourdin, etc.)
    Ces années fécondes font l'objet d'une nouvelle synthèse historiographique publiée en quatre volumes sous la direction de G. Duby et A. Wallon en 1975-1976 : Histoire de la France rurale.

  • Après 1980 : silence de l'histoire rurale ?
    Les nouvelles recherches se dirigent vers des approches thématiques et sectorielles plutôt que régionales, délaissant les champs de l'histoire économique et sociale pour ceux de l'histoire des idées (la violence, les systèmes d'héritage, le maintien des systèmes d'exploitation familiale, etc.).

Pour conclure cette historiographie et répondre à la question d'une spécificité de l'histoire française des sociétés rurales, Jean Jacquart rappelle que les travaux de l'école française dépassent largement les frontières nationales, inscrivant ainsi l'influence de l'historiographie française à une échelle européenne.

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