Notice
Forum Nîmois - Charles GIDE - BEFFA 05 janvier 2015
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Descriptif
L’activité de notre association Charles Gide reprend, pour son cycle de conférences "le forum Nîmois Charle GIDE" Jean MATOUK président de l'assosiation et professeur des universités recoit, le 5 janvier 2016, au Lycée Alphonse DAUDET de Nimes Jean-Louis BEFFA
Est-il encore utile de présenter Jean Louis Beffa,aujourd’hui Président d’honneur d’une des plus anciennes, elle a été créée en1665, et plus grande, entreprisefrançaise : Saint-Gobain. Après Polytechnique et l’Ecole des mines, il yest entré, sauf erreur, en 1974, après sept ans au Ministère de l’industriedans les carburants. Très vite il progresse et devient président de la filialePont à mousson, en même temps que directeur des canalisations et de lamécanique du groupe Saint-Gobain. Il aura dans cette fonction à gérer ledifficile problème de l’amiante dont on découvre alors la nocivité sournoise,et qui, malheureusement, est incluse dans de nombreuses constructions.
Il devient directeur général du groupe en 1982, puisprésident directeur général en 1986
Ce n’est pas qu’un grand ingénieur et grand dirigeant. Il estaussi un collègue économiste éminent puisqu’il fonde avec le prix Nobel RobertSolow, le centre Saint-Gobain pour la recherche en économie en 2002.
Il a été président de Saint-Gobain jusqu’en 2007.
En tant qu’ancien haut fonctionnaire, et contre le ventdominant du libéralisme à tout crin, il rédige à la demande de Jacques Chirac, unrapport prônant une nouvelle politique industrielle, dans laquelle l’Etat doitjouer une rôle moteur ou central, à lui de nous le dire. Puis il fonde l’outild’une telle relance de l’industrie sous forme de l’Agence de l’innovationindustrielle
Il récidive en quelque sorte en 2012, avec un livreintitulé : « La France doit choisir », toujours dans le sensd’une vraie stratégie industrielle menée par l’Etat, pour résorber un déficitcommercial récurrent qu’il attribue, comme nous tous, à la lentedésindustrialisation qui se poursuit toujours. Et il recommande de revenir surles orientations trop libérales desdernières décennies.
Toujours dans le même sens, il a publié au Seuil en 2015« Les clés de la puissance ». Situant son analyse dans le cadregéopolitique d’un duopole sino-américain dominant le monde, il propose cesquatre « clés » qui sont l’industrie exportatrice, les nouvellestechnologies, l’énergie et les capacités militaires.
Je dois dire que je partage assez bien ses vues, mais je luipropose ce soir, et soumets à sa critique, une analyse différenciée. Je combatsla vision faussement marxiste d’un capitalisme qui aurait commencé avecl’industrialisation à la fin du XVIIIème siècle en Grande Bretagne, laquelle adominé le monde économique après l’effondrement français suite à la guerre de Septans et la défaite militaire napoléonienne. Le capitalisme est bien plus ancien,à mon sens.
En fait dès que les serfs ont commencé à sortir des domainesseigneuriaux, à partir du XII-XIIIème siècle, pour vendre dans les villes lessurplus qui leur restaient après les prélèvements des seigneurs, il y a eucapitalisme car chacun d’entre eux cherchaient à accumuler leurs bénéfices surleur tête, caput, capitis, capitalisme. Certains quittèrent les domaines ets’installèrent à demeure dans les bourgs, formant les premiers bourgeois. Lecapitalisme est donc un phénomène naturel dès le début, et des centaines de milliersde petites entreprises en sont la base. Qu’ensuite avec, effectivementl’industrialisation, les entreprises aient grossi, soient devenues, danscertains cas, des bagnes pour les ouvriers, et même leurs enfants, aucundoute ! Mais le principe d’accumulation pour investir, lui, a toujoursexisté. Marx le décrit d’ailleurs fort bien et fort justement, mais ceux quiont prétendu faire doctrine politique à partir de ses analyses, et fairedisparaître le profit, ont échoué et échoueront toujours. Il n’y a pas decroissance économique donc d’emploi sans entreprises privées qui investissentet embauchent, ce pour quoi elles doivent faire des profits, accumuler.
La structure de l’économie est toujours la même. A la basedes millions de très petites entreprises, avec moins de 10 salariés, puis enFrance du moins, environ 165.000 PME, dont certains deviennent, selon laclassification moderne de l’INSEE, des Entreprises de taille intermédiaires (250à 5.000 salariés et jusqu’à un milliard de chiffre d’affaires), enfin unecentaine de grandes et très grandes entreprises, dont les fameuses 40d’Euronext, qui en fait structurent plus ou moins sous elles, le tissuindustriel.
Différence France-Allemagne. Nous n’avons, selon les chiffresde notre ami Patrick Artus, environ 5.000 ETI en France contre 25.000 en Allemagne.Or, ce sont elles qui sont au cœur de l’exportation. C’est l’explication denotre déficit commercial récurrent, alors, notons le bien, que la facturepétrolière française est bien plus faible que celle de l’Allemagne.
Les raisons de ce faible nombre d’ETI en France, toujoursselon Artus ? 1). Ayant, comme toutes nos entreprises, de trop faiblesfonds propres, elle sont vite absorbés par les grands groupes, qui savent malgérer d’en haut ces entreprises normalement familiales.2) Il y a en France desobstacles évidents à l’accumulation, donc à l’investissement et l’emploi, quel’actuel gouvernement tente de lever aujourd’hui, 3) enfin, la faiblesse desfonds propres entraîne des difficultés de financement. J’ajoute, et j’entermine, un facteur anthropologique. Nous sommes un pays, sauf en Alsace,Bretagne, Pays Basque, de familles nucléaires égalitaires, alors quel’Allemagne est un pays de famille souche. Chez nos voisins il y a toujours unenfant pour reprendre l’entreprise, comme autrefois les terres. L’horizon duchef d’entreprise est donc plus long qu’en France, ou dans un grand nombre decas, les enfants préfèrent la finance, les professions libérales. Horizon pluslong égale plus d’investissements plus lourds, et plus d’emplois !
On comprend donc bien qu’effectivement l’Etat doit pallierces défauts fondamentaux et jouer un rôle central dans le pilotage del’industrie. Mais, pour innover, rien de vaut la petite structure. Qui,malheureusement, chez nous, ne trouve pas de fonds propres. Notre épargne estmoins entrepreneuriale, plus foncière, immobilière, boursière ! Comment ce pilotage étatique peut-il faireéclore et fleurir, plus grossir, les « startup » qui devraientdevenir les géants de l’informatique et du net, qu’elles sont devenues auxEtats-Unis ? C’est par cette question Jean Louis Beffa que je vous passeavec beaucoup d’intérêt, la parole.
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