Documentaire
Notice

Changer le monde. Les entrepreneurs du NUMA

Réalisation : 4 avril 2017 - Mise en ligne : 23 mai 2023
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Descriptif

Nathalie Luca (directrice de recherche au CNRS) et Romain Buquet (doctorant à l'ESCP Europe) ont passé une semaine dans une salle de réunion du NUMA (un accélérateur de start-up situé dans le second arrondissement de Paris) où les start-uppers sont venus à tour de rôle se prêter au jeu de l’interview filmée avec une très forte envie d’expliquer qui ils sont et ce qu’ils font. « Changer le monde » a été réalisé à partir de ces entretiens. Le film d’une durée de 50 minutes dans sa version actuelle interroge leurs conceptions de l’engagement, leurs croyances dans leur aptitude à modeler une société meilleure à partir d'une entreprise pensée plus égalitaire, formée d'employés ou de stagiaires convaincus par le projet entrepreneurial. Les start-uppers oscillent entre la revendication d’un choix et le sentiment d’une vocation. Leur esprit d’entreprise s’est construit sur un héritage familial contre-culturel, en même temps qu’il a nécessité une conversion et s’est forgé sur une résistance au salariat. Les start-up sont l’expression des nouvelles modalités de faire communauté opposées à celles des grandes entreprises, dans une logique très proche de la relation dialectique weberienne entre la secte et l’Église, y compris en termes de passage d’un charisme personnel à un charisme de fonction. L’implication personnelle des jeunes start-uppers est intense. Ils créent leur entreprise parce qu’ils ne croient plus en la capacité du politique ou du religieux de créer un monde plus juste et ont besoin de se sentir acteurs de leur devenir et du devenir de leur société. Ils décrivent leur engagement à la fois en termes de contrainte sociétale et de vocation. Ils s’y donnent pleinement au nom d’un idéal qu’ils entendent réaliser, un idéal qui n’est pas une abstraction ou un but inatteignable, mais, tel que le définit Dewey, une succession de réalisations concrètes offrant la possibilité d’un dépassement de soi et d’une mise en mouvement sociétale. « Changer le monde », le réenchanter, est leur rêve et le mot d’ordre à partir duquel ils se mobilisent sans reste et jusqu’à se mettre en danger, financièrement et physiquement. Rêve d’une entreprise sans hiérarchie, rêve d’une entreprise qui par l’action s’engage politiquement pour le collectif, rêve d’un charisme personnel permettant d’être suivi dans son projet par des « boules d’amour » (dira Coline Debayle, co-fondatrice de Artips) aussi motivées et moteurs qu’eux, rêve d’une communauté d’entraide et de partage. Tous s’investissent dans leur travail au point qu’il absorbe toute leur vie, ne leur laissant le temps de côtoyer que leurs pairs. Leurs conditions de travail les isolent aussi sûrement que le moine dans son cloître, acceptant, un temps au moins, de mettre leur vie entre parenthèses."

Intervention

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