Conférence
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Français
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Droit commun de la propriété intellectuelle
DOI : 10.60527/aw35-x781
Citer cette ressource :
Pour un partage des savoirs. (2016, 28 avril). Forum Nîmois - Charles GIDE - SERVAN SCHREIBER - 28 avril 2016. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/aw35-x781. (Consultée le 21 septembre 2024)

Forum Nîmois - Charles GIDE - SERVAN SCHREIBER - 28 avril 2016

Réalisation : 28 avril 2016 - Mise en ligne : 6 mai 2016
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Descriptif

L’activité de notre association Charles Gide reprend, pour son cycle de conférences "le forum Nîmois Charle GIDE" Jean MATOUK président de l'assosiation et professeur des universités recoit, le 28 avril 2016, à la maison du protestantisme à Nîmes JeanLouis Servan Schreiber.

Pour que nul ne s’étonne que je te tutoie, je révèle enexergue de ta conférence que nous nous connaissons depuis 70 ans sauf erreur etnotre entrée à St Louis de Gonzague. C’est un bail ! C’est rare que desamitiés durent aussi longtemps

J’ai eu du mal à te convaincre de venir ! Ta vie a ététellement remplie !  Tu as été, en premierlieu, un journaliste et un « patron de presse » plein de dynamisme etde réussite. Il faut dire que tu as baigné dans ce milieu des ta naissance.C’est en effet, en 1908 que ton père Emile Schreiber et ton oncle Robert,créèrent le mensuel Les Echos, qui a servi d’abord d’outil de promotion à lavente de leur matériels divers. En 1913 il devient hebdomadaire sous le titre«  Les Echos de l’exportation ».C’esten 1937 qu’il devient un quotidien généraliste de l’économie et des affaires. Suspenduévidemment pendant la guerre, il reparait en 1945, ses fondateurs ayant modifiéleur nom pour des raisons évidentes, en y ajoutant Servan. Tu y entreras en1960. Il sera vendu à la famille Beytout en 1963, laquelle le revendra augroupe Financial Times en 1988.

Mais entretemps ton frère Jean Jacques a, en 1954, crééL’Express qui reste le grand hebdomadaire que l’on connait aujourd’hui, avec sadevise si objective : Dire lavérité, telle que nous la voyons

Après un stage dans la presse américaine, tu y entres en1964, et  y parfait ta formation, puisen, 1967, renouant avec la tradition économique familiale, tu créesl’Expansion, avec Jean Boissonnat comme directeur de la rédaction. Créationprécédé d’une étude très précise du futur lectorat, menée par la SEMA. Cetteprudence méthodologique explique sans doute ton premier très grand succès. J’aieu l’honneur d’y écrire. Il devient Groupexpansion, en absorbant L’Entreprise,la Vie financière et La Tribune. Il fera ensuite, par le hasard des mouvementscapitalistique, après un passage chez Vivendi, retour dans le groupeExpress-Expansion. Tu en es resté président jusqu’en 1999.

Mais toi-même, entre temps, en tant que patron de presse, tuauras déjà vogué vers de nouveaux rivages, au sens propre, puisque tu aurascréé au Maroc, le premier  hebdomadaireéconomique du pays : «  La vie économique ». Tu la revendrastrois ans plus tard – certains bonnes langues à ton égard  disent que la clarté et la franchise desanalyses du journal ne plaisaient pas trop à Hassan II-, et va racheter alors,en 1997, Psychologie. Ce magazine avait été créé en 1970, et tu allais en faireun nouveau succès d’édition sous le titre Psychologies magazine, dont le tirage, de 70.000 à l’achat est passé,  disent les gazettes, à 350.000 exemplaires etdans la gestion duquel on voit nettement la patte experte de ton épouse Perla.Le groupe Lagardère y prend 49% en 2004, ce qui te permet de décliner lemagazine en Italie, Espagne, Belgique, Grande Bretagne, Russie, Chine. Bref untroisième succès de presse !

Peu d’hommes, Jean Louis, peuvent se targuer d’avoir ainsiréussi d’eux-mêmes trois succès de ce type. Certes, comme je le disais audébut, tu es né avec une plume dans la bouche, et quelques moyens financiers.Mais ces succès ne sont pas ceux d’un fils à papa ! Ils sont ton œuvre. Tuas eu, chaque fois, l’intuition d’un « besoin » nouveau en termesculturels. Tu étais, comme on dit, parfaitement dans l’air du temps en 1967,époque d’émergence de ceux qu’on appelait les cadres, qui se souciaient demieux comprendre le développement économiques, quand tu as créé l’Expansionqui, sans l’astreinte de la lecture quotidienne, permettait à ces cadres de setenir informés

De même que tu as humé intelligemment l’air culturel du Marocen 1994, alors qu’apparaissait aussi , dans ce pays en émergence, le souci decomprendre l’économie. De même, en cette fin du vingtième siècle, tu avaissenti la vogue nouvelle de la psychologie, la psychanalyse, et ce besoin subtilde se « connaitre soi-même, le « gnoti séauton » de Socrate, d’allerau-delà de la confrontation directe avec autrui, en cherchant comment cetautrui construit lui-même sa pensée. J’ose dire aussi que tu as bénéficié de cedébut de développement d’un narcissisme assez généralisé, dont Facebook et lesselfies sont les expressions les plus courantes. Mais je puis témoigner, pouravoir très longtemps lu ce magazine, que même ceux qui, depuis toujours,avaient les plus grandes réserves sur la masse d’étudiants qui se ruaient surla « psycho-socio », trouvaient un grand intérêt théorique à cemagazine.

Enfin, en 2010, avec Perla vous repreniez le magazine« Nouvelles clés » de Marc de Smedt, que vous rebaptisiez « Clés »,qui, à l’origine était dit «  de développement spirituel etspiritualité » destiné principalement aux créatifs culturels. Je n’aiaucunement la prétention d’être un créatif culturel. Je serais déjà heureux sij’avais pu créer un concept en sciences économiques. Mais je dois dire que lalecture de « Clés » tous les mois est toujours un grand moment, etaussi une source abondante de personnes à connaître et, si possible, à inviterau Forum, et d’idées pour mes propres productions intellectuelles. Si le tiragen’a pas été ce que tu espérais, je dis que c’est encore, qualitativement, une trèsgrande réussite indiscutable de vous deux.

Durant ces trois aventures, tu avais, par ailleurs écrisquatorze livres. Trois d’entre eux ont trait à la gestion du temps :« L’Art du temps » en 1983, puis « Le nouvel art du temps »en 2000, puis « Trop vite » en 2010. Le temps qui passe trop vitequand on agit et qui est si long quand on s’ennuie, est ton thème préféré. J’avaisété très impressionné par le premier, m’avouant cependant vite incapable derespecter la discipline que tu y préconisais. En 1977, ton « A mievie », m’avait laissé rêveur. J’avais 40 ans comme toi, et les quatre-vingtans que tu visais implicitement me paraissaient bien loin. En même temps à l’époque,c’était plutôt un horizon long, donc plein d’espoir. On mourrait autour de nousplus jeune en moyenne. Eh, bien Jean Louis, nous y sommes ou presque ! En2014, « Pourquoi les riches ont gagné » m’a beaucoup plus car c’estune analyse sans concessions d’un milieu que tu as toujours tangenté, mais sanst’y perdre.

Ton dernier livre est « C’est la vie ». Pourquoiavais-tu choisi comme thème de ce soir « Eloge de l’ignorance », etquel est le rapport avec ce livre. Est-ce une réminiscence de la deuxième béatitudede Mathieu : « Heureux les pauvres d’esprit, car le Royaume des cieuxest à eux ».  Le savoir est-il untel puits sans fond qu’il rend malheureux ? Vaste débat depuis 2000 ans,vaste sujet. A toi Jean Louis, old chap !

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