Notice
Le portrait ou la mémoire cruelle / Michela Gardini
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Descriptif
Le portrait ou la mémoire cruelle / Michela Gardini, in "Les enjeux mémoriels du portrait", journée d'études organisée par le laboratoire Patrimoine, Littérature, Histoire (PLH) sous la direction scientifique de Fabienne Bercegol et Estelle Galbois, dans le cadre du séminaire PLH "L'invention des traces" et de la rétrospective de l'oeuvre du photographe Gilles Pandel. Université Toulouse Jean Jaurès, 13 octobre 2021.
Cette journée d’étude a pour sujet la fonction mémorielle du portrait qu’il soit public ou privé, peint, sculpté, photographique ou encore littéraire. Le portrait, polymorphe, répond à des demandes sociales et culturelles, et en tant que médium de la représentation, il fait partie du processus de communication. Si les intentions qui président à la confection d’une effigie sont plurielles, elles visent toutes à combattre la mort et l’oubli, en laissant une trace, pérenne, dans les mémoires.
Dès son origine, le portrait, en fixant les traits d’un individu, a un pouvoir mnémonique. L’anecdote de Pline sur l’invention à Corinthe du portrait en argile à partir d’un profil dessiné sur un mur le montre clairement. Le portrait a aussi une fonction de substitution dans la mesure où il rend l’absent présent, que l’absence soit momentanée ou définitive. Dans « La Peinture », poème en trois chants avec notes, 1769, 5-6, Antoine-Marin Lemierre ne dit pas autre chose : « De la mort elle-même, il affaiblit les coups, et lorsqu’elle a rompu nos liens les plus doux, l’objet qui dans la tombe emporta nos hommages, reste encore près de nous et vit dans son image. »
Quelle que soit sa nature, le portrait a une valeur commémorative puisqu’il conserve les caractéristiques (physionomie, caractère) des femmes et des hommes après leur mort. Le portrait, littéraire ou plastique, en glorifiant l’individu, en célébrant ses hauts faits et ses vertus, l’érige en modèle pour les générations futures. À contrario le portrait à charge invite à ne pas suivre l’exemple de la personnalité représentée. Dès lors, on comprend bien que le portrait est tout sauf neutre, qu’il oriente le regard du spectateur ou du lecteur, et qu’il ne se borne pas à décrire ou à reproduire de manière servile des traits physionomiques. Il résulte au contraire d’un savant mélange entre ressemblance, idéalisation, esthétique.
Le portrait permet aussi la reviviscence puisqu’il peut présenter le défunt dans une posture suggérant qu’il est encore vivant. L’essor du portrait photographique post-mortem au XIXe siècle en est une parfaite illustration. Si le portrait laisse une trace dans la mémoire individuelle ou collective, la destruction volontaire des effigies ou damnatio memoriae, ancrée dans les pratiques depuis l’Antiquité, ou la négation de l’existence d’une personne dans les textes, expriment le refus de mémoire en condamnant irrémédiablement un être à l’oubli.
Cette journée d’étude, dont l’approche est interdisciplinaire et transpériode, questionne les potentialités mémorielles du portrait qu’elles aient un impact positif ou négatif, en même temps qu’elle s’interroge sur son avenir à l’heure où, dans notre société, les supports de communication tendent à se dématérialiser.
Intervention
Thème
Documentation
Références documentaires
GARDINI, Michela (2021). Le portrait hanté. Stratégies figuratives dans l’œuvre de Barbey d’Aurevilly, Revue italienne d’études françaises, 11. [En ligne : http://journals.openedition.org/rief/8468].
SCHMITT, Maud (2018). Barbey d’Aurevilly et l’herméneutique des visages. Pour un usage apologétique du portrait, in Julie Anselmini et Fabienne Bercegol (dirs), Portraits dans la
littérature. De Gustave Flaubert à Marcel Proust, Paris, Éditions Classiques
Garnier, 189-204.
BETTINI, Maurizio (2011). Le portrait de l’amant(e). Paris, Éd. Belin, coll. L’Antiquité au présent, 332 p.
DE OLIVEIRA, Manoel (2010). L'Étrange Affaire Angélica [film]. France / Portugal, Les Films de l'Après-Midi, / Filmes do Tejo II, coul., 97 min.
EDWARDS, Paul (2008). Le portrait dans le livre [chapitre IV], in Soleil noir. Photographie et littérature, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 71-84.
HAMON, Philippe (2001). Imageries, littérature et image au XIXe siècle. Paris, Éd. José Corti, 315 p.
FREEDBERG, David (1998). Le Pouvoir des images. Paris, Éd. Gérard Monfort, coll. Imago Mundi, 500 p.
BARTHES, Roland (1980). La chambre claire. Note sur la photographie. Paris, Éd. Cahiers du Cinéma, Gallimard, Le Seuil, 193 p.
ARASSE, Daniel (1987). La guillotine et l'imaginaire de la Terreur. Paris, Éd. Flammarion, 213 p.
BARBEY D'AUREVILLY, Jules [1884] (1993). Ce qui ne meurt pas, in Pascale Auraix-Jonchière (dir.) et Marie-Françoise Melmoux-Montaubin (ed.), Oeuvres romanesques complètes, Tome IV, Honoré Champion, 600 p.
ZOLA, Émile [1868] (2007). Madeleine Férat. Paris, Éd. Gallimard, 352 p.
ZOLA, Émile [1867] (2016). Thérèse Raquin. Paris, Éd. Le Livre de poche, 313 p.
BARBEY D'AUREVILLY, Jules [1865] (1993). Un prêtre marié. Paris, Éd. Flammarion, 473 p.
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