Notice
Entretien avec Leuda Bandeira (Rencontres 2008)
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Descriptif
La brésilienne Leuda Bandeira parle avec passion de son métier d'actrice. Au cinéma, en plus du rôle de la grand-mère dans le film "O Grão" (Le Grain), Leuda Bandeira a joué dans des court-métrages tournés également dans le Nordeste du Brésil, région à laquelle elle se sent fortement attachée. A Fortaleza, capitale de l'état du Ceará, ville dans laquelle elle vit et travaille, Leuda Bandeira mène depuis des années plusieurs expériences théâtrales très riches et variées.
A brasileira Leuda Bandeira fala com paixão de seu trabalho de atriz. No cinema, além do papel da avó no filme "O Grão", Leuda Bandeira trabalhou em curtas metragens também rodados no Nordeste do Brasil, região com a qual ela tem uma ligação bastante forte. Em Fortaleza, capital do estado do Ceará, cidade em que vive e trabalha, Leuda Bandeira desenvolve, há vários anos, experiências teatrais ricas e variadas.
Thème
Documentation
Traduction,Transcription
Cristina DUARTE : Leuda BANDEIRA, vous êtes ici à Toulouse, aux "Rencontres Cinéma d'Amérique Latine" pour présenter le film O Grão (Le Grain) de Petrus Cariry. Ce film est en compétition pour le prix "Coup de Coeur". Comment le public des "Rencontres" le reçoit ?
Leuda BANDEIRA : D'abord je suis très heureuse d'être ici avec notre film. La ville est sympathique, les gens sont agréables, très tendres, et nous avons même des "anges gardiens"… (gardes du corps). Bien que ce film raconte l'histoire d'une famille qui vit dans une région très différente de la France — il s'agit du Nordeste, région très pauvre, frappée par la sécheresse, où la vie est plus difficile – je trouve qu'il a été très bien reçu et que le public français a bien cerné son message. J'ai apprécié cet accueil.
CD : Dans ce film vous jouez le rôle de Perpétua, la grand-mère âgée et malade, dans un milieu très pauvre. Elle a une relation privilégiée avec son petit-fils. Comment avez-vous perçu ce personnage?
LB : Bien, moi aussi, je suis grand-mère… Je pense que ce personnage est le plus important du film parce qu'il transmet une légende, une légende de l'Inde. Le film est né d'une excellente idée de Rosemberg Cariry, auteur du scénario, qui se trouve être le père de Petrus Cariry, le jeune réalisateur de vingt-huit ans. Il a réussi à transposer cette légende dans l'univers de cette famille-là. J'ai trouvé son idée géniale. Et l'on voit également les rapports au sein de la famille : ils s'aiment, mais peut-être n'extériorisent–ils pas cet amour, personne ne le remarque. Ou alors, peut-être que la vie elle-même, une vie très sèche, très dure, ne permet pas à cet amour de se manifester, d'émerger. Ce n'est pas le cas entre la grand-mère et son petit-fils car cette première nourrit ce dernier. Il y a un symbolisme car elle veut le nourrir également d'amour. Chaque bouchée qu'elle donne à son petit-fils, c'est sa façon de lui donner de l'amour ; et il y a un moment très beau où le garçon nourrit sa grand-mère. C'est comme s'ils échangeaient leur amour… De plus, je pense que cette famille semblait quelque peu stagnée. Il y a cette image du fleuve, un fleuve qui reste immobile, comme le bras mort d'une rivière, et le bateau rempli d'eau, qui n'est ni terre ni mer… Pour moi, cette mer est cette famille et le bateau, la grand-mère. D'abord, elle a senti qu'elle allait mourir ; elle était très malade et peut-être voulait-elle préparer cet enfant – auquel elle était très attachée – à sa mort. Et je pense qu'en plus de le préparer à sa mort, elle voulait également lui demander de l'enterrer car dans la légende indienne l'un des personnages ordonne : "enterre ton fils". Peut-être qu'elle voulait dire : "enterre ta douleur, enterre tout et vis ta vie" car la douleur arrive toujours, ainsi que la rupture. Je trouve qu'en plus de le préparer à la mort, elle a voulu le préparer à la vie.
CD : Il y a, en quelque sort, une transmission ; elle est la personne qui transmet, à l'intérieur de cette famille dans laquelle il n'y a pas de communication, où les sentiments ont séché. Elle est la seule, finalement, à transmettre quelque chose à Zeca, son petit-fils. Et justement, par rapport à cette thématique de la transmission, vous avez joué dans un autre film, un court-métrage où il s'agit également des rapports entre une grand-mère et sa petite-fille. Son titre est Águas de Romanza (Les eaux de Romanza), n'est-ce-pas?
LB : C'est ça. Je dirais que Águas de Romanza propose une vision poétique du phénomène de la sécheresse qui est typique de notre région, le Nordeste du Brésil. C'était un autre scénario très beau, de Patrícia Bahia, de l'État du Ceará ; et la réalisation était de Gláucia Soares, de Rio de Janeiro. C'est l'histoire d'une famille qui meurt… La grand-mère devient veuve, puis elle perd sa fille et se retrouve seule avec sa petite-fille. Cette dernière a déjà six ans et ça exactement fait six ans qu'il ne pleut pas, c'est-à-dire, il y a une énorme sécheresse. Le bétail a commencé à mourir, c'est la fin, et la vieille dame est malade. Romanza, la fillette, lui demande de voir la pluie : "C'est comment la pluie, grand-mère? Quand est-ce qu'il va pleuvoir?". Alors la grand-mère se dit: "Je vais mourir sans qu'elle ait vu la pluie…" Et elle lui racontait également des histoires sur le ciel, sur Saint Joseph qui lave le ciel. Dans l'État du Ceará, ce saint est associé au phénomène de la sécheresse : il va pleuvoir? Oui, Saint Joseph va envoyer la pluie. Il y a toute cette croyance, ce mysticisme. Et la grand-mère a donc une idée : emmener sa petite-fille voir un projet d'irrigation artificielle qui irrigue des kilomètres et des kilomètres de sertão. Elles ouvrent des turbines, des engins actionnés par l'énergie et l'eau monte avec une force énorme et tombe comme pluie. Elle emmène la fillette voir tout ça en disant: "C'est ça la pluie" et, effectivement, cela donnait une idée de la pluie…
CD : Même si cela restait artificiel…
LB : Le film s'achève avec la fillette jouant sous ce qu'elle croit être la pluie. C'est très intéressant aussi, c'est un film très tendre et plein d'amour.
CD : On peut remarquer que vous jouez toujours dans des films qui ont une thématique liée au Nordeste. C'est également le cas d'un autre court-métrage : Sol de Amém.
LB : Sol de Amém (Le soleil d'Amém) aborde également le problème de la sécheresse : un père de famille qui part en ville, peut-être à Brasilia, à ce moment-là…
CD : … au moment de la construction de Brasília ?
LB : …beaucoup d'hommes y sont allés en quête d'une vie meilleure… Ils partaient donc chercher du travail en ville et laissaient leur famille dans le sertão; parfois ils ne revenaient plus, ils mouraient là-bas en ville… Dans le film, la femme devient complètement folle à force d'attendre son mari pendant vingt-et-un ans.
CD : Et vous jouez le rôle de cette femme qui attend le retour de son mari…
LB : Oui, et qui finit folle. C'est quelque chose de très fort…
CD : …et toujours en rapport avec la région du Nordeste.
Leuda Bandeira, vous avez donc joué dans plusieurs films, mais vous avez également une activité théâtrale très significative à Fortaleza, capitale de l'État du Ceará.
LB : J'ai vécu à Rio pendant quelques années puis j'ai commencé à y suivre un cours de théâtre. Ensuite, je suis partie à Brasília car j'étais fonctionnaire du Ministère et comme la capitale du pays était devenue Brasília, on était obligé d'aller y vivre. À ce moment-là, à Brasília, il n'y avait pas beaucoup d'activités : pas de théâtre ni de cinéma ! Par la suite, je suis retournée au Ceará où j'ai suivi d'autres cours à l'Université ; j'ai étudié le théâtre, j'aime le théâtre ! J'ai commencé à jouer au cinéma seulement depuis près de six ans. Et j'ai aimé ça.
CD : Et cet atelier de théâtre que vous animez au "Centro Dragão do Mar Arte e Cultura"? C'est pour le troisième âge, ou comme vous dites, pour le "meilleur âge" ?
LB : C'est ça. Je donnais des cours au SESC (Serviço de Atividade para o Comércio) à des jeunes, et je suis allée visiter un centre du Service d'Action Sociale du gouvernement de l'État de Ceará qui s'occupait du troisième âge. Il y avait là plusieurs activités : artisanat, yoga, gymnastique, mais j'ai trouvé qu'il manquait le théâtre. Et j'ai donc ouvert un cours de théâtre pour le troisième âge. J'ai réussi à constituer une petite troupe à partir de ces cours que j'anime depuis six ans. J'ai formé des actrices et des acteurs qui jouent déjà au cinéma et au théâtre. On dirait qu'ils étaient là, à attendre sagement qu'on arrive…
CD : …pour pouvoir s'épanouir… Et à quel moment? À la retraite, lorsqu'ils ont arrêté de travailler, qu'ils ont eu du temps libre ?
LB : Et également de l'estime de soi, car le théâtre est très important pour cette estime de soi. Il permet de se découvrir ; aussi bien les jeunes que tout le monde. Et parfois, la personne se découvre : "Je peux faire ça, j'en suis capable !"
CD : Et quelles sont vos activités à l'"Instituto Cultural Oboé", toujours à Fortaleza?
LB : Cet Institut possède un espace culturel très intéressant et j'y présente des pièces. J'anime des groupes de théâtre, je joue dans certaines pièces et je suis également professeur. Metteur en scène, actrice et professeur ; mes journées sont bien remplies, Dieu merci.
CD : Vous êtes donc bien enracinée dans le Nordeste, surtout à Fortaleza. Avez-vous à l'avenir quelques projets avec d'autres régions du pays, avec le sud ou le nord? Ou sentez-vous exclusivement "Nordestine"?
LB : Non, j'aimerais également sortir de cette région pour montrer notre talent. Le mien vient du Ceará. J'ai déjà eu l'occasion de partir et de montrer des films : le cinéma m'a déjà montrée loin d'ici. J'ai reçu un prix international, mon travail a déjà été vu hors du Brésil. Le cinéma du Ceará se porte très bien et ces dernières années, avec le gouvernement actuel, il a beaucoup progressé. Il a reçu plus de financements et tout ça est très bien. Avant, ça restait seulement entre Rio et São Paulo, mais maintenant nous avons d'excellents réalisateurs et une gamme d'acteurs très variée, aussi bien de mon âge que plus jeunes. Nous avons tout le matériel humain pour faire de bons films et de bonnes pièces de théâtre. On présente nos pièces ; moi même, j'ai déjà présenté les miennes hors de notre État.
CD : Où, à Rio de Janeiro?
LB : Non, dans le Nordeste, dans les États de Maranhão, Rio Grande do Norte… car on a plus de facilité, disons le comme ça. C'est très difficile de trouver un financement, ainsi que du soutien, même si je dois avouer que la Banque du Brésil et la Banque du Nordeste nous ont beaucoup soutenus ces derniers temps. En ce moment, je monte deux pièces avec des subventions de la Banque du Nordeste, qui nous traite avec beaucoup de bienveillance, ce qui nous motive beaucoup. J'anime des ateliers et je dispense des cours à l'intérieur des terres grâce à la Banque du Nordeste et également, à la Banque du Brésil.
CD : Cela veut donc dire que c'est devenu beaucoup plus facile au Brésil de trouver un financement pour sa vie artistique, pour les pièces et les films?
LB : Le Ministre nous a dit qu'ils étudient en ce moment au Brésil une nouvelle loi visant à établir un montant "x" pour tout le Brésil, car comme tu le sais, le Brésil est un continent. Parfois, une région plus développée était plus aidée qu'une autre. Désormais, il va avoir un poids "x" égal pour tout le monde, c'est à dire, cinq cents mille reais pour un court-métrage, un million et des poussières pour un long-métrage. Et ça sera pareil pour l'ensemble du pays. Et c'est très bien comme ça.
CD : Pour conclure, Leuda Bandeira, comment vous sentez-vous ici à Toulouse, en France, aux "Rencontres Cinéma"? Connaissiez-vous déjà la France?
LB : Non, non. Je disais justement hier que l'on doit décerner à la France le prix de notre cœur car le festival de cinéma latino-américain se passe en Europe et en France. Cela veut dire que la France a eu cette attention, cette attitude très louable vis-à-vis des peuples latino-américains. Il serait bien que les autres pays d'Europe puissent se rendre compte de cette attitude de la France qui organise un festival autour du Brésil et de l'Amérique latine. C'est très intéressant. De plus, cela doit faciliter la distribution de nos films à travers le monde car, actuellement, le pays qui distribue les films — je n'ai rien contre — c'est les États-Unis. Et nous, on fait des films merveilleux qui parfois, ne sont jamais montrés.
CD : Il faut espérer que ce festival puisse permettre la diffusion de tous ces films…
LB : …pour qu'on puisse montrer le travail du Brésil à travers la France et le monde. Ca serait très bien.
CD : Merci beaucoup, Leuda, d'être venue et de nous avoir apporté, depuis le Nordeste, votre expérience théâtrale et cinématographique. Et bonne fin de festival ici à Toulouse.
LB : Merci beaucoup. Je vous garantis que le Brésil et l'État de Ceará seront toujours prêts à accueillir Toulouse et la France entière. Merci.
,Cristina DUARTE : Leuda BANDEIRA, você está aqui em Toulouse no Festival de Cinema Latino-americano, apresentando o filme O Grão de Petrus Cariry ; esse filme está concorrendo ao prêmio "Coup de Coeur". Como o público aqui do Festival está acolhendo esse filme?
Leuda BANDEIRA : Primeiro, eu estou muito feliz por estar aqui pelo nosso filme. A cidade é simpática, o povo é muito agradável, muito carinhoso, os "anjos da guarda" (guardas-costas) que nos deram… Apesar de ser um filme que tem uma história, uma família, uma região que não tem muito a ver com a França, com todo lugar, porque é uma região pobre do Nordeste, uma região de seca, de vida assim mais árida, eu achei que ele foi muito bem recebido e que eles captaram bem assim a mensagem do filme. Eu gostei muito da recepção.
CD : E nesse filme você interpreta o papel da avó Perpétua que já está velha e doente, num meio assim bastante pobre ; e essa avó tem uma relação privilegiada com o neto dela. Como é que você sentiu esse personagem?
LB : Bem, eu também já sou avó… Eu acho que o papel, que o personagem da avó tem maior destaque no filme porque primeiro ela passa aquela lenda, que é uma lenda indiana. O filme foi uma idéia muito feliz do Rosemberg Cariry, que fez o roteiro, que por sinal é o pai do Petrus Cariry, que é um jovem diretor de vinte e oito anos. Aquela lenda indiana, ele conseguiu colocar dentro do universo daquela família. Eu achei assim uma coisa muito genial a idéia dele. E você vê também o relacionamento da família, eles se amam, mas talvez não deixem perceber o amor, ninguém nota muito, ou então a própria vida, muito seca, muito dura… Talvez esse amor não saia, não venha à tona. Já o relacionamento avó e neto, ela alimenta o neto, é uma simbologia porque ela quer alimentar também de amor, e alimenta de amor. Cada bocadinho que ela bota de alimento para o neto, é uma forma de dar amor, e tem um momento muito bonito também que ele alimenta a avó. É como se trocassem de amor... E eu achei também que além disso, aquela família parece que estava assim estagnada. Aquela imagem do rio… aquele é um rio que fica parado, como se fosse um braço de rio que encostou ali e o barco, que nem é terra nem é mar, então eu digo assim : esse mar é aquela família e esse barco seria a avó. E parece que ela sentiu também… primeiro ela sentiu que ela ia morrer, ela estava muito doente e queria preparar talvez a criança que tinha o maior apego, ela queria prepará-la para a morte. Mas eu sempre acho que, além de preparar para a morte, ela quis dizer também que ela a enterrasse, porque na lenda alguém manda : "enterra o teu filho". Talvez ela dissesse: "enterra a tua dor, enterra tudo e vai viver", que sempre vem dor, vem ruptura na vida. Eu acho que além de preparar para a morte, ela deu assim uma idéia, ela quis prepará-lo para a vida.
CD : Há assim, de uma certa forma, uma transmissão, ela é a pessoa que transmite nessa família em que não há comunicação, como você disse, em que os sentimentos secaram; ela é a única que transmite finalmente alguma coisa para o neto Zeca. E justamente, para ficar um pouco nessa temática da transmissão, você fez um outro filme , um curta-metragem em que há também uma relação entre uma avó e uma neta. Como é, Águas de Romanza, não é?
LB : É. Águas de Romanza é, eu digo assim, uma visão poética sobre o fenômeno da seca, que é um fenômeno da nossa região, o Nordeste do Brasil. Foi também outro roteiro muito bonito, de Patrícia Bahia, uma cearense, e a direção foi de Gláucia Soares que é uma moça carioca. No roteiro há a história de uma família que morre… essa senhora, essa avó fica viúva, perde uma filha e a filha deixa a netinha com ela. Bem, termina ela e a netinha, as duas pessoas que terminaram da família. A netinha já tem seis anos e há seis anos não chove, quer dizer, uma seca grande. Já está morrendo gado, já está tudo no final e ela também está doente. Mas a garotinha, a Romanza, pede para ver chuva : "Como é a chuva, avó? Quando é que vai chover?" Aí ela diz : "Eu vou morrer e ela não vai ver a chuva..." Ela contou também as histórias lá do céu, que São José manda lavar. São José é um santo ligado ao fenômeno da seca no Ceará. Vai chover? Vai, São José vai mandar a chuva ; aquela crença, aquele misticismo. Então ela tem uma idéia : é levar a neta para ver um projeto que tem de irrigação artificial, que irriga quilômetros e quilômetros de sertão. Eles abrem umas turbinas lá, uma coisa movida a energia e aquela água sobe com uma força tremenda e cai feito chuva ; aí ela leva a garota para ver aquela chuva e ela diz "Isso é a chuva", e dá uma idéia de chuva...
CD : Mesmo se é artificial, dá uma idéia de chuva…
LB : Termina o filme a garotinha brincando na chuva, que ela pensa que é a chuva. É muito interessante também, é um filme também com muita ternura, com muito amor.
CD : Quer dizer, você trabalha em filmes assim sempre com uma temática ligada ao Nordeste. Sol de Amém, aquele outra curta-metragem também, não é?
LB : O Sol de Amém é o problema também da seca, o pai de família vem para a cidade, talvez foi para Brasília naquela história também...
CD : … a construção de Brasília, não é?
LB : …eles vão procurar melhorar, trabalho na cidade, e aí deixam a família no sertão, às vezes nem voltam, às vezes morrem lá na cidade. E essa mulher, depois ela termina louca completamente louca de tanto esperar o marido ; ela espera vinte e um anos …
CD : E você interpreta essa mulher que fica esperando o marido voltar…
LB : É, que termina louca. É uma coisa mais forte…
CD : …mas sempre ligada à região.
Leuda Bandeira, você trabalhou em vários filmes, mas você tem também uma atividade teatral bastante importante, em Fortaleza, lá no Estado do Ceará.
LB : Eu vivi no Rio durante alguns anos e comecei a fazer curso de teatro no Rio. Depois eu fui para Brasília, porque eu era funcionária do Ministério, a capital foi para Brasília, a gente teve que ir. E lá também em Brasília nesse tempo não tinha muita atividade assim : teatro, cinema, não! Em seguida, eu fui para o Ceará. Lá no Ceará, não, lá eu pude fazer outros cursos na Universidade, também estudar teatro, e adoro teatro. Eu faço cinema há uns seis anos só. Mas me dei bem com o cinema.
CD : Você começou no teatro… E o que é, por exemplo, essa oficina que você dirige no "Centro Dragão do Mar Arte e Cultura"? Oficina da Terceira Idade ou para a "melhor idade"?
LB : Sim, sim. Eu dava curso para jovens, pelo SESC, que você conhece, que é o Serviço de atividade para o comércio, para os comerciários, para jovens. Depois eu fui visitar um centro de apoio à Terceira Idade que é do governo do Estado do Ceará, da Secretaria de Ação Social. E achei que ali tinha outras atividades artesanais, tinha ioga, ginástica para a terceira idade, mas eu achei que estava faltando teatro. E eu implantei um curso de teatro da terceira idade. E desse curso de teatro eu consegui fazer um grupo. Lá eu estou já há seis anos, fazendo cursos. Eu consegui preparar atrizes, atores que já fazem cinema também, que já fazem teatro. Eles estavam ali, parece que guardados e a gente chega e…
CD : …explodiram assim… E em que momento? Na aposentadoria, no momento que eles pararam de trabalhar, tiveram tempo?
LB : E auto-estima, isso é uma coisa que é muito importante para a auto-estima. O teatro, ele dá várias vertentes, até para jovens, para todo mundo assim que, às vezes, se descobre outra pessoa : "Eu posso fazer isso, eu sou capaz!"
CD : E no "Instituto Cultural Oboé", lá em Fortaleza ?
LB : O Oboé tem um espaço cultural muito interessante e eu apresento peças lá. Eu dirijo grupos de teatro, eu atuo também, entro como atriz em algumas peças, e sou professora também. Professora, atriz e diretora, tenho um dia assim bem cheio, graças a Deus.
CD : Você está assim bem enraizada no Nordeste, principalmente em Fortaleza. E você tem para o futuro alguns projetos de trabalhar com o sul do pais ou com outras regiões, com o sul ou com o norte? Ou você se sente só nordestina?
LB : Não, eu gostaria também de sair para mostrar assim o nosso talento. O meu talento é do Ceará. Eu tive a oportunidade de sair para mostrar filmes. O cinema já me mostrou longe, eu tenho um prêmio internacional, o meu trabalho foi visto lá fora. O cinema do Ceará está muito bem, teve agora nesse governo, nesses últimos anos, teve assim um avanço grande, ele foi mais incrementado também financeiramente, com verbas, e isso é muito bom. Porque ficava só ali entre Rio e São Paulo, agora nós já temos excelentes diretores, temos assim uma gama de atores muito rica, tanto na minha idade como mais novos. Então a gente tem todo o material humano para fazer bons filmes e bons teatros, boas peças. A gente já leva peça, eu já levei as peças que dirijo para fora do Estado, mostrei lá fora.
CD : Você mostrou aonde, no Rio de Janeiro?
LB : Não, eu mostrei no Nordeste do Brasil : Maranhão, Rio Grande do Norte… Porque a gente tem mais facilidade, vamos dizer assim. Dificuldade também de verba, de apoio, embora eu tenha que dizer que a gente tem um Banco do Brasil, um Banco do Nordeste, que têm nos dado o maior apoio com verbas. Agora mesmo eu estou montando, estou dirigindo dois trabalhos com o apoio financeiro do Banco do Nordeste, que tem o maior cuidado com a gente. Estimula muito. Eu dou oficina, dou curso também para o interior pelo Banco do Nordeste. Já dei um lá também pelo Banco do Brasil.
CD : Quer dizer que então tornou-se assim mais fácil no Brasil encontrar um financiamento para a vida artística, para peças e filmes ?
LB : Parece que agora no Brasil está sendo estudada até uma nova lei, o ministro nos falou, para estabelecer uma quantia "x" para todo o Brasil, porque o Brasil é um continente, como você sabe. Então às vezes beneficiava uma região mais adiantada, a outra menos. Agora vai ter um peso "x" para todo mundo, quer dizer, quinhentos mil reais para curta, um milhão e tanto para longa, vai ser igual para todo o país. Isso é muito bom.
CD : E para terminar, Leuda Bandeira, como é que você está se sentindo aqui no Festival, aqui em Toulouse, na França ? Você já tinha vindo à França?
LB : Não, não. Eu estava falando ontem que a gente tem que dar um troféu do coração da gente para a França porque o festival latino-americano está acontecendo na Europa aqui na França. Então a França teve esse cuidado, essa atitude maior para com os latinos. Era bom que os outros países da Europa vissem isso, vissem também essa atitude da França em fazer um festival, colocando o Brasil, colocando toda a latinidade aqui. É muito interessante isso. Até também para facilitar a distribuição dos nossos filmes pelo mundo porque atualmente, quem distribui filmes pelo mundo – não tenho nada contra – mas a distribuição sempre é norte-americana. A gente faz filmes maravilhosos que às vezes não aparecem no mundo.
CD : Vamos esperar que esse festival possa difundir todos esses filmes.
LB : …para que a gente possa mostrar o trabalho do Brasil através da França para o mundo. Isso é muito bom.
CD : Muito obrigada, Leuda, por ter vindo, por ter trazido para a gente a sua experiência lá do Nordeste, teatral e cinematográfica e bom final de festival aqui em Toulouse.
LB : Muito obrigada. Eu garanto que o Brasil e o Ceará estarão sempre de portas abertas para receber Toulouse e a França toda. Obrigada.
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