Notice
MRSH Caen
Urbanisme et épidémies : de l’hygiénisme à l’écologisme
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Descriptif
Cette communication en ligne a été donnée dans le cadre du séminaire du pôle Villes consacré aux épidémies en 2020-2021.
Diplômé d’architecture de l’Université de Genève, docteur en études urbaines, EHESS/Université Paris VIII. Il a enseigné à l’Ecole d’Architecture de l’Université de Genève, à l’Ecole d’Architecture Paris-la-Villette, à l’institut Français d’Urbanisme, Université Paris VIII. Ex-chercheur au CNRS. Ex-membre du comité de rédaction de la revue Espaces et Sociétés. Actuellement chercheur associé au LAVUE UMR CNRS 7218. Administrateur du Réseau Environnement et Santé (RES). Il travaille actuellement sur les rapports entre ville, environnement, urbanisme et santé ; urbanisme durable et santé environnementale ; éco-urbanisme et santé globale. Il a publié récemment : avec Cyria Emelianoff, Quelle ville durable ? Espaces et Sociétés, Eres, 2011 ; Ville urbanisme et santé : les trois révolutions, Mutualité Française/ Pascal, Paris, 2012 ; avec A. de Biase et M. C. Ramon, Patrick Geddes en Héritage, Espaces et Sociétés, Eres, 2016
Résumé de la communication
Les épidémies ont eu un rôle décisif dans la naissance et l’évolution de l’urbanisme. L’hygiénisme au XIXème a déterminé l’urbanisme dans sa création et son développement, est-ce que l’écologisme, aujourd’hui, dans le contexte de crise sanitaire que nous traversons, va-t-il aussi impacter l’urbanisme et de quelle manière, pour produire quelles expériences, quels modèles nouveaux ?
1. Hygiénisme
Je parlerai d’abord du contexte de crise sanitaire et sociale du XIXème qui a donné naissance à l’hygiénisme, à l’hygiène publique, montrer comment le XIXème et le début du XXème furent la grande période de l’hygiénisme pour voir ensuite de quelle manière il a produit l’urbanisme, pourquoi ce recourt à l’espace et au milieu pour agir sur les épidémies ? Comment finalement s’est nouée une alliance entre urbanisme et hygiénisme, entre urbanisme et santé ? En suivant l’hypothèse de Gérard Jorland (Une société à soigner, 2010), l’hygiénisme sera défini comme une épistémé, c’est-à-dire une pensée paradigmatique qui a traversé toutes les disciplines et institutions du XIXè début XXè, en surdéterminant les sciences, les arts, les politiques... de cette époque et examiner sa traduction dans le domaine qui nous intéresse : l’urbanisme. A quelles expériences urbanistiques, à quelles innovations et à quelles solutions spatiales il a donné lieu pour répondre à la crise sanitaire et sociale de cette période marquée par des épidémies endémiques et nouvelles (le choléra reviendra 5 fois en France faisant 600 000 morts). Le fléau de la tuberculose, par son impact sanitaire et social énorme à cette époque, sera ensuite isolé comme un moment décisif au début du XXème : il fut à l’origine de réflexions et d’innovations spatiales en urbanisme qui se concrétiseront dans deux grands modèles urbains opposés, des solutions spatiales divergentes face aux problèmes sanitaires que la ville posait.
2. Critique et nouvelle crise sanitaire
La fin des années 1960 (à 1980) fut marquée par la remise en cause de l’urbanisme moderne, ses fondements et ses doctrines jugés insuffisants et inadéquats pour penser et concevoir la ville, sa complexité et son urbanité. L’hégémonie de l’hygiénisme et du fonctionnalisme dans l’urbanisme furent fortement critiqués par les sciences sociales et une critique épistémologique remit en cause sa prétention scientifique (Françoise Choay, 1965). Un divorce entre urbanisme et santé, urbanisme et médecine, s’opère à ce moment-là : la médecine, avec ses progrès fulgurants, s’émancipe de l’espace. Fin de l’alliance nouée, chaque discipline poursuivra sa propre voie. Outre les progrès de la biomédecine, quelques autres raisons seront données comme l’émergence de la postmodernité et l’effondrement des grands récits. Cette période voit également surgir les prémices de la crise écologique (Limites à la croissance, 1972), mais aussi une nouvelle crise sanitaire mondiale par une transition épidémiologique avec l’explosion des maladies chroniques. Cette crise sanitaire, par son ampleur, qui est triple (pandémie Covid19, maladies chroniques, maladies climatiques), impose un nouveau concept sanitaire : la santé environnementale, soulevant le problème de son intégration dans un éco-urbanisme.
3. Ecologisme
En reprenant l’hypothèse de Jorland sur l’hygiénisme on postulera que l’écologisme est la nouvelle épistémé de notre époque, le XXI siècle (Régis Debray, Le siècle vert, 2020). La pensée écologiste, en effet, est dominante (D. Bourg, A. Papaux, Dictionnaire de la pensée écologique, 2015) : omniprésente, elle traverse et envahit, là encore, les institutions, les sciences, les arts, la politique (écologie politique)... Le préfixe éco se retrouve partout (écoconstruction, écoquartier, écoconception....). Il va également bouleverser le concept de santé, comme je le disais, avec les notions nouvelles de santé environnementale (éco-santé) et de santé globale (One health) qui attendent encore leur traduction dans l’espace, leur intégration dans un éco-urbanisme. Mais, plus que la santé, l’écologisme se pose surtout la question de la survie (de la biodiversité, de l’homme), sauver la Terre est son mot d’ordre principal (problématique de la durabilité qui deviendra transition écologique). On examinera la pensée écologiste dans sa critique de la ville existante et de l’urbanisme actuel pour voir à quelles propositions et innovations spatiales elle donne lieu ? Quelles expériences socio-spatiales nouvelles ont été créées (utopies) ? Quel urbanisme alternatif se dégage ? Recherche encore jeune, balbutiante, où comme je le disais, la question d’une alliance entre éco-urbanisme, en chantier, et santé environnementale, reste encore à construire, expliquant le décalage dans les propositions et solutions, entre la première et la seconde période (dont l’inventaire est à poursuivre et analyser).
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