Cinq millénaires en 128 pages, ou tenter une reductio ad artem de l’histoire des jardins

Cinq millénaires en 128 pages, ou tenter une reductio ad artem de l’histoire des jardins
Par Hervé Brunon

Présentation par l'auteur de l'ouvrage Histoire des jardins.

Plus de soixante-dix ans se sont écoulés depuis la parution, en 1954, du « Que sais-je ? » L’Art des jardins signé par le latiniste Pierre Grimal dans la collection encyclopédique en format de poche que Paul Angoulvent avait fondée sous l’Occupation. Des progrès considérables dans la connaissance de ce domaine ont été accomplis depuis lors à travers la consolidation d’une véritable discipline scientifique et grâce aux opérations d’inventaire, aux développements de l’archéologie, à une exploitation plus complète des sources documentaires ou encore au renouvellement des méthodes d’analyse. Cependant, le grand public n’a pas facilement accès à ce riche savoir et des stéréotypes stériles, tels que l’opposition entre jardins « à la française » et « à l’anglaise », se révèlent aujourd’hui totalement incapables de rendre compte d’une histoire complexe et subtile.
Comment esquisser une vision d’ensemble à l’échelle mondiale de cette forme de création quasiment universelle, dont les origines remontent au Néolithique et qui apparaît documentée en Mésopotamie dès 3000 environ avant notre ère ? Plutôt qu’un simple découpage chronologique ou géographique, c’est une approche thématique et problématisée qui a été tentée dans ce nouveau « Que sais-je ? » publié en mars 2024, reprenant l’idée, issue de la longue tradition des traités, d’une exposition systématique des principes et éléments d’une technè. Cette synthèse prend néanmoins acte que le jardin n’est pas seulement un art, certes éminemment cultivé par les élites pour affirmer leur pouvoir, mais aussi un ensemble de pratiques, y compris « vernaculaires » ou « ordinaires », qui cristallisent autant de manières d’habiter le monde.