IA et éthique : une contribution sociologique à la compréhension de l'intelligence artificielle et de ses impacts éthiques

Toute innovation technologique induit une innovation sociale. Prenant place dans un écosystème déjà existant, elle vient bouleverser une organisation et un ordre social en place qui vont devoir être renégociés. Si à termes, l’innovation engendre une amélioration, un progrès, son déploiement constitue d’abord une perturbation.

Si elle s’inscrit dans cette logique innovationnelle, l’intelligence artificielle se singularise par au moins trois aspects. Le premier, la controverse. Aucune innovation dans l’histoire longue ne semble avoir suscité autant de controverse, d’ambivalence dans les réactions. Le deuxième, l’ampleur de son impact. Aucun secteur d’activité ni métier ne paraît devoir échapper à son recours. Le troisième aspect a trait aux profils concernés. Associée à la mécanisation et à la standardisation des process de travail, l’innovation technique a longtemps impacté principalement les professions

dites manuelles. Avec l’intelligence artificielle, les professions les plus socialement protégées (médecin, avocat, journaliste, banquier, chercheur…) sont elles aussi concernées.

Les impacts éthiques et sociaux, observés et redoutés, posent la question du curseur de recours à l’intelligence artificielle. Catastrophisme et finitude de l’homme pour les uns, émancipation et augmentation de l’homme pour les autres, on assiste à une forme d’essentialisation de la technologie IA. Si les débats doivent légitimement se tenir, il est sans doute plus utile et fécond de travailler à ce que l’intelligence artificielle soit et reste un outil au service des besoins humains.

En encadrant son utilisation, l'homme demeure acteur et évite une posture fataliste, inutile et "confortable".