Mondes Caraïbes et Transatlantiques en Mouvement

Description

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Construire un paradigme de la modernité à partir de la Caraïbe

Les axes de réflexion qui structurent les activités de « Mondes caraïbes et transatlantiques en mouvement » (MCTM) s’accordent autour d’une approche générale où la Caraïbe est considérée comme un paradigme qui se prête à la mise en relation avec un ensemble de situations que le projet de la modernité occidentale a contribué à infléchir. Lieu de condensation de dynamiques sociales extrêmement composites, prototype d’une globalisation précoce, la Caraïbe interroge le soubassement historique de notre contemporanéité en rappelant sans cesse le rapport de violence fondateur qui irrigue les démocraties occidentales au moment où celles-ci élaborent leurs premières constitutions et leurs idéologies universalistes sur le socle de l’esclavage aux Amériques.

Elle invite cependant à l’ouverture aux autres régions du monde, dans un mouvement tout autant comparatiste que « trans-aréal ». On peut en effet considérer que la Caraïbe forme un ensemble dont la diversité et l’hétérogénéité des dynamiques sociales, politiques et culturelles interrogent avec une acuité particulière de nombreux phénomènes au fondement de la modernité occidentale et de son devenir, dans le rapport intrinsèque que celle-ci entretient avec l’esclavage et la colonisation et dans la manière dont le sujet colonial et postcolonial en est venu à reconfigurer le projet moderne. Mais cette spécificité qui appelle une focale resserrée sur la Caraïbe, n’atténue cependant pas les résonances, en d’autres lieux, de l’expérience si particulière de l’esclavage transatlantique et de ses prolongements, au cœur de ce qui a pu être nommé les « démocraties esclavagistes ». C’est ici que les Nations modernes expérimentent leurs premières constitutions basées sur les droits du citoyen sans pour autant dire le soubassement profond qui est le leur, à savoir la matrice esclavagiste. Les espaces transatlantiques sont tout à la fois ceux du choc des cultures, de la rencontre des contraires, de l’explosion des prétentions de la modernité, de la critique ininterrompue des faux universalismes. Ce sont des espaces de connexion et de circulation rompus à une confrontation intime avec l’exercice de pouvoirs les plus déshumanisants. Depuis le chaos originel de la conquête, de nouveaux modes de pensée ont émergé en tant qu’ensembles animés par une aptitude à transformer et critiquer les héritages de la colonisation.

Le groupe « Mondes caraïbes et transatlantiques en mouvement » se donne ainsi pour objectifs d’interroger la longévité et le renouvellement de ces dynamiques au sein des espaces transatlantiques dans leur acception la plus large possible et dont la Caraïbe sert ici de paradigme pour questionner les autres contextes où l’esclavage intervient dans les strates cumulées de l’histoire. Autant la production des savoirs informés par une telle condition historique que leur circulation et leurs espaces de référence entre Afrique, Amérique et Europe retiennent l’attention. Tout thème, tout questionnement – qu’il s’inscrive dans le champ des études littéraires, artistiques, musicologiques, sociologiques, politiques, anthropologiques, philosophiques, géographiques… – est privilégié à partir du moment où il offre les matériaux permettant de décrypter les formes sociales qui médiatisent un rapport au monde dans le contexte (post)esclavagiste et (post)colonial. Dans la perspective comparatiste et « trans-aréale » que le groupe vise, ce questionnement est élargi aux strates sociales qui se sont surajoutées au socle historique fondateur (notamment au travers des migrations successives) et s’applique, par-delà même l’espace transatlantique, à d’autres formations sociales, notamment aux sociétés de l’Océan indien, à la faveur de voisinages historiques trop souvent délaissés.

Axes de recherche

  • Pensées et penseurs de la Caraïbe
  • Approches trans-aréales ; paradigmes caribéens et océaniens en miroir
  • Africanité, afrocentricité, épistémologies non européennes
  • Circulation des idées
  • Racialisation des rapports sociaux, démocratie et modernité
  • Environnement : la plantation comme matrice de l’anthropocène
  • Violences coloniales et démocraties
  • Muséographie et esclavage

Équipe

 

  • Christine Chivallon (CNRS, UMR « Passages », Université de Bordeaux)
  • Linda Boukhris, Université Paris 1 Sorbonne ; IREST
  • Didier Nativel, Université Paris-Diderot, CESSMA
  • Matthieu Renault, Université Paris 8, LLCP

Partenariats

MCTM est basé à la FMSH et dans l’UMR « Passages » (CNRS)

Le CESSMA (Paris-Diderot) | Le LARCA (Paris-Diderot) | Le LLCP (Paris 8) | L’IREST (Paris Sorbonne) | Le LC2S (Université des Antilles) | L’Université d’Oxford (Kellogg College) | L’ITM (Institut du Tout-Monde) | L’AFDEC (Association francophone des études caribéennes)

    Cours/Séminaire

    Conférence

    Collections

    CAPITALISME ET (POST)ESCLAVAGE : POUR UNE CRITIQUE CARIBÉENNE DE L'ÉCONOMIE POLITIQUE. -  Introduction et présentation de la journée d'étude
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    Capitalisme et (post)esclavage : pour une critique caribéenne de l'économie politique

    • CHIVALLON Christine
    • RENAULT Matthieu
    • HALL Catherine
    • OUDIN-BASTIDE Caroline
    • SAINTON Jean-Pierre
    • CADET Jean-Jacques
    • VERGèS Françoise
    • OUEDRAOGO Jean-Bernard
    • BOUKHRIS Linda
    • NATIVEL Didier
    02.10.2019
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    Entre la mémoire et l'oubli dans l'écriture du mouvement social de 2009 en Martinique, Céline Théodose
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    Mémoires en strates

    • THéODOSE Céline
    • FRITH Nicola
    • LO CALZO Nicola
    • CHIVALLON Christine
    • NATIVEL Didier
    • RENAULT Matthieu
    • CLAVEYROLAS Mathieu
    • OUEDRAOGO Jean-Bernard
    • BOUKHRIS Linda
    • LAëTHIER Maud
    • FORSDICK Charles
    • DOZON Jean-Pierre
    Journée d’études Mondes Caraïbes et Transatlantiques en Mouvement | Mercredi 22 mai Le souvenir du tragique en contexte post-esclavagiste Les séries d’événements sociaux et politiques sont autant de strates cumulées pour le corps social qui en conserve la trace et se trouve le dépositaire de souvenirs dont le rappel convoque un travail de mise en cohérence. Dans les sociétés de la Caraïbe, l’esclavage est le socle sur lequel s’ajoutent des événements dont la dimension ramène au tragique de la violence fondatrice. L’événement est compris dans le sens que lui donnent Fassin et Bensa (2002 : 6) en tant que « rupture d’intelligibilité » qui oblige à réorganiser les univers de sens toujours en lien avec les ressources rendues disponibles par les trajectoires historiques, ici celles puisées au contexte (post)escl
    22.05.2019
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    Intervenants

    France

    Chercheur en philosophie et psychologie. Directeur de programme au Collège international de philosophie (en 2021)

    France

    Docteur en sciences politiques, maître de conférences à l'Université de Sussex, Royaume-Uni, chercheur associé au Groupement de recherches Océan indien du CNRS (en 1998). - En poste à Goldsmiths College, Université de Londres (en 2005). - Titulaire de la chaire Global South au Collège d'études mondiales sis à Paris 13ème de 2014 à 2018 au Collège d'études mondiales, à la Fondation des Sciences de l'Homme (FMSH). Co-fondatrice de l'association "Décoloniser les Arts" (en 2020)

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