Défendre le littoral en Normandie aux XVIIe et XVIIIe siècles : la mission du guet de mer, des milices et des canonniers garde-côtes

Cette communication a été donnée dans le cadre d'une journée d'études organisée par le pôle Espaces maritimes, sociétés littorales et interfaces portuaires de la MRSH, journée intitulée Le littoral : contrôle, surveillance et usage des côtes.

Thierry Chardon est professeur d'histoire-géographie au lycée Victor Hugo de Caen. Il poursuit sa thèse de doctorat sous la direction d'André Zysberg : De quelle manière le littoral de la province de Normandie compris entre le Tréport et la baie du Mont Saint-Michel est-il défendu contre les raids maritimes anglais entre 1681 et 1778 ? Il nous livre ici le fruit de ses travaux de recherche

Résumé de la communication

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, l'état de guerre entre l'Angleterre et la France est quasi permanent et si l'essentiel des hostilités se déroule en territoire étranger ou bien en mer, elles n'épargnent pas les côtes françaises de la prédation des corsaires ni même des opérations de bombardements ou de débarquements de la Royal Navy. Cette question prend une acuité toute particulière en Bretagne et en Normandie pour des raisons qui tiennent à la fois à leur proximité géographique, à la présence de ports qui arment à la course, mais aussi à une activité économique alors en plein développement. Faute de disposer d'une marine capable de tenir en respect les escadres ennemies, l'État monarchique organise la défense du littoral d'une manière toute terrestre, à l'image de la frontière continentale. Ainsi les quelque 600 kilomètres de linéaire côtier de la Normandie se couvrent-ils de  plusieurs centaines de postes de tous types (redoutes, forts, corps de garde de découverte et de défense) occupés par les milices garde-côtes, force auxiliaire recrutée localement parmi les populations littorales. Héritière du guet de mer médiéval, cette institution d'abord civile fait l'objet d'une législation attentive qui tend à lui donner un caractère de plus en plus militaire au fur et à mesure que s'enracine la rivalité franco-anglaise. Impopulaire par son mode de recrutement, dénigrée par bon nombre de contemporains, militaires ou philosophes,  la milice garde-côtes s'acquitte pourtant plus qu'honorablement de sa difficile mission opposée aux « habits rouges » descendus à Cherbourg en août 1758 ou embarquée sur les vaisseaux du roi, à la bataille des Cardinaux (20 novembre 1759). La geste du sergent Michel Cabieu (1730-1804), authentique héros balzacien, qui fait échouer un raid anglais sur Ouistreham dans la nuit du 12 au 13 juillet 1762, en est sans conteste l'exemple le plus éclatant.

Orientation bibliographie :

• CORVISIER André, Les Hommes, la guerre et la mort, Paris, Economica, 1985.

• GÉRARD-GAILLY Émile, L'héroïque sergent d'Ouistreham, Pont-l'Évêque, Éditions du Pays d'Auge, 1938.