Conférence
Notice
Lieu de réalisation
Mémorial de Caen
Langue :
Français
Conditions d'utilisation
Droit commun de la propriété intellectuelle
Citer cette ressource :
La forge numérique. (2022, 9 mars). Le massacre des Innocents ou comment réécrire l’histoire. [Vidéo]. Canal-U. https://www.canal-u.tv/116336. (Consultée le 11 décembre 2024)

Le massacre des Innocents ou comment réécrire l’histoire

Réalisation : 9 mars 2022 - Mise en ligne : 9 mai 2022
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Descriptif

Cette communication a été enregistrée lors du colloque « Violences en contexte guerrier » qui s'est déroulé à Caen les 8 et 9 mars 2022, organisé par l'équipe de recherche HISTEMÉ.

Le projet Paraben, par sa contribution à une anthropologie des massacres et des violences de masse, a pour but d’interroger l’intemporalité des violences extrêmes dans la guerre et le rapport des sociétés à ce type de violence, pour offrir une réflexion collective inédite en France sur la per­ti­­nence ou non d’en référer au génocide dans l’étude des expériences grecques et romaines. Il s’a­git d’inviter à replacer l’étude sur le temps long, dans une approche comparée et pluri­disci­pli­naire, en vue d’une compréhension globale du phénomène.

Le massacre des Innocents est un épisode qui intéresse particulièrement l’histoire des représentations non seu­lement parce qu’il a fasciné toutes les générations depuis l’Antiquité, mais surtout parce que c’est un évé­ne­ment qui n’a pas eu lieu. Ce massacre n’est attesté par aucune source historique – ni grecque, ni romaine, ni juive, ni même chrétienne à l’exception de l’Évangile de Matthieu. Ni les autres évangélistes, ni l’historien juif Flavius Josèphe, qui partagent une réprobation unanime des crimes d’Hérode, n’en disent mot. L’événement joue pourtant un rôle fonctionnel dans la littérature chrétienne, grâce à une plaisanterie d’Auguste, déclarant que mieux valait être le porc d’Hérode que son fils. Ce bon mot, connu par l’anthologie tardive de Macrobe, doit son succès, dans le contexte culturel des calembours gréco-romains en vogue à la cour impériale, à la con­ta­mination entre un lieu commun pamphlétaire sur l’infanticide et une plaisanterie anti-juive sur l’abs­ti­nence du porc. L’histoire du « massacre des Innocents » montre comment quelque chose qui n’a pas eu lieu peut être le point de départ d’une série de transferts mémoriels, qui n’ont cessé de se renouveler en amal­ga­mant des thématiques d’actualité différentes à chaque époque.

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