Notice
MRSH Caen
Les frégates garde-côtes au XVIIe siècle : la mise en place de la protection des côtes sous Richelieu
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Descriptif
Cette communication a été donnée dans le cadre d'une journée d'études organisée par le pôle Espaces maritimes, sociétés littorales et interfaces portuaires de la MRSH, journée intitulée Le littoral : contrôle, surveillance et usage des côtes.
Michel Daeffler est docteur en histoire moderne et ingénieur au CNRS au CRHQ, où il mène des travaux sur la construction navale des navires de pêche et caboteurs normands du XVIIIe siècle. Il est particulièrement impliqué dans le programme de recherche La Nef normande, le projet-phare du Pôle maritime.
Résumé de la communication
Au début du XVIIe siècle, la Manche est infestée de pirates de toutes sortes, que ce soient les Dunkerquois, les Anglais et surtout les barbaresques. Aussi, le 26 novembre 1626, un marin proche du cardinal, Isaac de Razilly, lui remet un mémoire dans lequel il expose la future politique navale qui sera mise en place sous le règne de Louis XIII. Afin de protéger nos côtes et nos ports, il préconise la construction de deux types de navires conçus pour naviguer le long des côtes de Normandie.
Un marché est d'abord signé le 10 décembre 1626 pour la construction de six navires à Dieppe. Ce premier programme de construction comprend la réalisation de deux classes de bâtiments. Le premier type est un navire léger à un pont et une batterie, ayant une coque large et peu profonde, pouvant être propulsé à la voile et à la rame. Ce bâtiment possède un pont de corde au-dessus du pont afin de le protéger contre les abordages. Le second type de navire est plus important, possédant deux ponts et une batterie de canons. Sa coque est également large et peu profonde afin de pouvoir naviguer près des côtes et dans les estuaires.
Dix ans plus tard, plusieurs bâtiments appelés « frégates » sont mis en chantier. Le plus ancien document décrivant ce nouveau type de navire de guerre est un contrat daté du 29 août 1637. Il semble que ces premières frégates soient issues de grandes barques armées fréquemment utilisées par des particuliers pour la course ou la piraterie. Ces bâtiments ne comportent qu'un pont et une batterie. D'une longueur de 27 à 28 m, ces frégates présentent une carène plus fine que les navires précédents, annonçant les frégates légères de la seconde moitié du XVIIe siècle. Elles n'ont pas de gaillard d'avant, seulement un court gaillard d'arrière et une petite dunette.
Tous ces navires de guerre présentent la particularité de disposer d'un armement en chasse important, la tactique navale de cette époque consistant à affronter le navire ennemi avec les pièces de chasse, pointées vers l'avant, avant de poursuivre le combat avec les batteries des flancs. L'importance de cet armement frontal à bord des frégates correspond également à la nécessité de prendre en chasse les navires ennemis afin de les intercepter. À côtés de ces grandes frégates, coexistent des bâtiments de faible tonnage appelés « barques d'avis ». Leur mission consiste à protéger les ports et l'entrée des rades. Ces petites frégates sont propulsées à la voile et à la rame.
La plupart de ces navires garde-côtes sont construits dans l'arsenal royal du Havre, ainsi que dans les chantiers privés des ports normands, tels Honfleur, Dieppe ou Fécamp. Lorsqu'elles sont incorporées dans une « armée navale » ces frégates jouent également le rôle d'éclaireurs en naviguant au devant de la flotte afin de découvrir les vaisseaux ennemis. Elles peuvent ainsi, grâce à leur agilité, donner rapidement l'alerte. La surveillance des côtes s'organise autour de trois grandes zones de patrouille :
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le garde-côte de Guyenne depuis la frontière espagnole jusqu'au Conquet
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le garde-côte de Bretagne depuis la pointe du Raz jusqu'à St Malo
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le garde-côte de Normandie depuis St Malo jusqu'à Calais
Une patrouille particulière est chargée de la surveillance de l'estuaire de la Loire tandis qu'une autre veille à la protection de la rivière de Bayonne et des côtes environnantes contre les pirates basques. Dans chacune de ces zones de patrouille, au moins deux vaisseaux et une patache sont affectés à la protection des côtes et des navires de commerce.
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