Conférence
Notice
Date de réalisation
Lieu de réalisation

MRSH Caen

Langue :
Français
Citer cette ressource :
La forge numérique. (2019, 22 mars). « Post-vérité »: Les sciences à l’heure des fake-news et de la propagande. [Podcast]. Canal-U. https://www.canal-u.tv/132639. (Consultée le 1 juin 2024)

« Post-vérité »: Les sciences à l’heure des fake-news et de la propagande

Réalisation : 22 mars 2019 - Mise en ligne : 30 août 2022
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Descriptif

Cette conférence-débat public a été enregistrée lors d'un séminaire organisé par les équipes ERLIS, le CERREV et l'association Démosthène dans le cadre du projet interdisciplinaire PandHeMic.

Maryvonne Holzem est maître de conférences en linguistique à l'Université de Rouen. Membre du laboratoire Dynamique du Langage In Situ, elle enseigne à l'UFR des Sciences et Techniques. Ses recherches portent sur l'aide à l'interprétation des documents numériques et sur les environnements numériques de travail centrés sur l'agir des utilisateurs.

Résumé de la communication

Le propos de Maryvonne Holzem s’appuie sur un ouvrage à paraître en mai 2019 : Holzem M (dir.) Vérités citoyennes : les sciences contre la « post-vérité » (Éditions du croquant). L'ouvrage fait suite à une table ronde organisée en novembre 2017 pour l’association Sciences citoyennes : Contre la « post-vérité » populiste qui menace notre avenir commun. À l’heure où plusieurs facteurs contribuent à instaurer une situation aussi menaçante qu’inédite : réchauffement climatique, populisme politique, complotisme favorisé par l’effet démultiplicateur des réseaux sociaux, lobbying qui fabrique du mensonge à dessein pour semer le doute, nous sommes confrontés à une information pléthorique dont les sources occultées ou brouillées entravent toute possibilité de controverse et, ce qui est sans doute pire, conduit à dévaloriser des notions mêmes de vérité et de connaissances objectives. La post-vérité donne en effet plus d’importance aux émotions et aux croyances qu’à la réalité des faits avérés. Elle cherche à façonner et infléchir l’opinion publique, pour laquelle elle existe et à laquelle elle s’adresse en jouant sur les craintes et la démagogie. A titre d’exemple, le rôle joué par Cambridge Analytica dans la victoire électorale de Donald Trump invite à nous questionner sur le statut des données affranchies de toutes les normes sociales de leur évaluation. Face à ce phénomène l’activité scientifique, tout domaine confondu, est triplement concernée. Tout d’abord parce que la construction de connaissances objectives est au fondement de cette activité ; ensuite parce que les questions soulevées par la conjonction des facteurs évoqués ci-dessus devraient conduire à des recherches complexes, pluridisciplinaires, prenant en compte de multiples interactions entre tous les acteurs concernés ; enfin parce que bon nombre de domaines scientifiques sont devenus moteur du développement économique et donc secteur stratégique, ce qui génère conflits d’intérêts, malversations lobbyistes et propagande. Nos sociétés éperdues de croissance n’ont-elles pas secrété la science qu’elles méritent, questionne à ce propos Jacques Testart. Critiquer cette science n’est pas une posture négativiste, c’est chercher à promouvoir des conditions favorables à la connaissance objective de notre monde commun, éduquer au jugement, œuvrer à la recherche du bien collectif et donc à la démocratie. Je conclurai sur diverses mesures pouvant permettre de mettre les sciences en démocratie.  

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