Parler de « totalité des expositions » a-t-il un sens ?

Selon la définition initialement proposée par Christopher Wild en 2005, le concept d’exposome désigne la « totalité des expositions auxquelles est soumis un individu tout au long de sa vie […] intégrant l’environnement chimique, microbiologique, physique, récréatif, médicamenteux, le style de vie, l’alimentation, ainsi que les infections ». Mais que signifie le recours au terme de « totalité » ici ? Dans cette présentation, Gilles Moutot interroge le concept d’exposome et son utilisation dans les enjeux scientifiques actuels. Depuis son émergence, ce concept a été associé à la promesse d’une compréhension approfondie des liens entre santé et environnement. Pourtant, l’étude de l’exposome est jusqu'à aujourd'hui souvent réalisée dans une approche « réductionniste », via des collections de données mesurées par des biomarqueurs — ces biomarqueurs étant considérés comme les reflets de l’effet de l’environnement sur notre corps. Comment articuler le concept d’exposome à l’idée de totalité comprise non pas comme une addition de données mais comme une synthèse de liens d'interdépendance, dans une approche réellement intégrée ? Il s’agit de mettre en lumière deux difficultés principales que rencontre l’utilisation de ce concept : il est associé à une exhaustivité impossible et il tend à considérer de façon juxtaposée l’organisme et l’environnement, le milieu intérieur et le milieu extérieur, voire le biologique et le social. Ainsi, ce concept indique en creux (à défaut peut-être de la rencontrer véritablement) la complexité inhérente à la notion de milieu(x) de vie, qui désigne une réalité indécomposable, car n’existant que par les relations réciproques entre des vivants et des écosystèmes.