Epidémies et Culture

Dans l’histoire humaine, les épidémies ne manquent pas.

Conséquences de la civilisation, de la sédentarisation et du développement des stocks alimentaires qui entrainent invasions de rats, puces et autres nuisibles vecteurs de virus et bactéries pathogènes, les premières épidémies référencées sont les grandes séries de pestes dont la peste justinienne qui décima les populations, dont l’armée des terribles hoplites.

La dissémination est aussi favorisée par le développement des routes d’échanges économiques, terrestres mais surtout maritimes qui prennent leur essor en méditerranée.

Il s’agit toujours non pas de crises mais de véritables catastrophes, dans la mesure où ce qui leur fait suite n’est pas un retour à la vie d’avant mais s’accompagne d’un véritable virage dans l’organisation de la société. Ainsi, après la grande peste de 1348, le servage est-il naturellement aboli. L’importance accordée à certains corps de métiers est modifiée.
Même l’art est touché. Les thèmes et sujets qu’il représente ne sont plus essentiellement religieux, mais plus de l’ordre domestique. Les exemples de transformation ne manquent pas.

On peut encore s’interroger sur les retombées sociétales et culturelles de la catastrophe actuelle que constitue la pandémie de covid-19.

Mais on sait déjà que le confinement n’a pas eu le même impact selon la classe sociale, vécu comme une simple épreuve par certains mais comme un véritable traumatisme par les moins favorisés, engendrant notamment une explosion de violences conjugales. Le suicide chez les jeunes enfants a augmenté ainsi que la dépression chez les adolescents. L’adaptation à l’immobilité face aux écrans associée à une consommation accrue de sucres en tous genres favorise surpoids et obésité.

Egalement, les familles dont les parents sont décédés en EHPAD n’ont pu accomplir le rituel habituel du deuil, si important dans toute culture. Pour certains, le poids de la culpabilité s’accompagne de comportements d’auto-punition…

Les exemples sont nombreux et il est indéniable que le monde d’après sera différent du monde d’avant.

Comme le dit Boris Cyrulnik en faisant également référence à la catastrophe climatique, « nous sommes à un virage où il va falloir apprendre à restructurer la société ».