Conférence
Notice
Langue :
Français
Crédits
Université Toulouse II-Le Mirail SCPAM (Publication), Samir BOUHARAOUA (Réalisation), Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail (Production), Jean-Louis Cornille (Intervention)
Conditions d'utilisation
Tous droits réservés à l'Université Toulouse Jean Jaurès-campus Mirail et aux auteurs.
DOI : 10.60527/kgjz-nt85
Citer cette ressource :
Jean-Louis Cornille. UT2J. (2014, 8 octobre). Chamoiseau et après ? / Jean-Louis Cornille , in Patrick Chamoiseau et la mer des récits. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/kgjz-nt85. (Consultée le 11 décembre 2024)

Chamoiseau et après ? / Jean-Louis Cornille

Réalisation : 8 octobre 2014 - Mise en ligne : 7 février 2015
  • document 1 document 2 document 3
  • niveau 1 niveau 2 niveau 3
Descriptif

Chamoiseau et après ? / Jean-Louis Cornille. In "Patrick Chamoiseau et la mer des récits", colloque international organisé par le laboratoire Lettres, Langages et Arts (LLA CREATIS) de l'Université Toulouse Jean-Jaurès-campus Mirail, 8-10 octobre 2014.
Thématique 1 : Situation de Chamoiseau.

Cette communication évoque l'œuvre de Chamoiseau qui, à mesure qu’elle déployait ses fastes, n’a guère éprouvé de mal à susciter les lectures qu’elle méritait. Attentives et bienveillantes, celles-ci se contentaient de la suivre ou de l’accompagner (plus rarement s’efforçaient-elles de la précéder). Mais aujourd’hui c’est d’une certaine façon, malgré toutes les ouvertures auxquelles elle invite, une œuvre close, c’est-à-dire faite. Et à travers elle, ne dirait-on pas que son auteur a lui-même réussi sa dernière mue : d’« idiot » (« Chameau, oiseau ») qui plagiait les grands auteurs, puis de « petite personne » qui s’insurgeait contre eux (« Chamoiseau »), il est devenu « artiste » à part entière (« Cham »), et même un rien « chaman ».
Le rebelle s’est mué en artiste, le révolté en amnésique. Il ne s’agit plus dès lors pour lui d’habiter son œuvre, mais d’en faire une île à nouveau déserte, c’est-à-dire ouverte à tous ceux qui viendront y échouer et feront, avec ses débris épars, œuvre à leur tour (afin de l’abandonner aussitôt, en bande, ce qui est encore une façon de la donner en abondance). La voici donc îlot flottant dans une mer de récits (Rushdie) : se séparant des autres (et non le moins du grand continent littéraire), tout en émergeant des profondeurs océaniques. Agir en artiste (Deleuze), c’est à la fois se séparer des autres desquels on continue de se sentir « solidaire », et devenir créateur « solitaire » : être solaire qui, tel le faux Robinson, se tient à la limite entre terre et mer. Dans le reflux. Mais jusqu’où refluer, rebrousser chemin ? On en revient forcément aux premiers écrits publiés dans lesquels se fomentait la révolte.
Contre le père, les fils se sont liés, en formant une alliance, certes éphémère, qui ne devait pas se limiter aux seuls essais, comme en témoigne d’emblée Chronique, autant dire les tout premiers mots de l’œuvre : « En vous confiant qui nous étions, aucune vanité n’imprégnera nos voix » : manière de nous signaler que cette première œuvre fut écrite en complicité avec le premier roman de Confiant, Le Nègre et l’Amiral, qui semble presque s’en être dégagé comme d’une gangue. Cependant, l’auteur lui-même ne nous précède-t-il pas sur cette voie de relecture ? N’a-t-il pas atteint un point à partir duquel son œuvre ne peut guère plus que refluer sur elle-même ? A mesure qu’elle avance, elle se retourne sur soi, d’un geste tout sauf orphéen, puisqu’elle s’y constitue : sous la « sentimenthèque » gît une autothèque. C’est ainsi qu’on voit Biblique des derniers gestes mimer le titre du premier roman ; ou L’Empreinte à Crusoé reprendre les « chutes et notes » rejetées du même Chronique des sept misères ; ou encore Un dimanche au cachot revenir sans arrêt sur Le vieil homme esclave et le molosse.
A présent qu’elle s’est constituée, incontournable, que dire encore de cette œuvre à chaque fois renouvelée par ce qu’elle accueille ou ce qui s’inscrit de surcroît en elle, sinon la relire (voire même la récrire) ? D’où ce titre : "Chamoiseau : et après ?" Qui peut aussi, de façon plus sournoise, s’entendre ainsi : que peuvent, après Chamoiseau, nous donner encore les Antilles, qui nous donnèrent Césaire, dont procéda Glissant ? Ce serait mal poser la question que d’y voir une sorte de vivier de la littérature produite en français. Chamoiseau n’a lui-même cessé d’appeler d’autres travailleurs à venir de nouveaux horizons : souvenons-nous ici que la mer des récits à l’origine désignait l’Océan indien.

[Illustration adaptée de "Mystery River", photographie de Mattias Ripp, 2014, publiée sur Flickr].

Intervention
Thème
Documentation

CORNILLE, Jean–Louis (2014). Chamoiseau… fils, Paris, Éditions Hermann, coll. Fictions pensantes, 150 p.

CORNILLE, Jean–Louis (2014). En temps d'enfance (Chamoiseau... fils), in "Patrick Chamoiseau. Les Géographies de la Mémoire", La Tortue verte. Revue en ligne des littératures francophones, Dossier 5, novembre 2014, 7-15. [En ligne : http://www.latortueverte.com/DOSSIER%205%20Patrick%20Chamoiseau%20nov%202014%20latortueverte.pdf].

CORNILLE, Jean–Louis (2013). Mémoires d'Océans et d'Ailleurs : Traversées interocéaniques, Tydskrif vir letterkunde, 1, vol. 50, 86- [En ligne : http://dx.doi.org/10.4314/tvl.v50i1.7].

Jean-Louis Cornille, De « Chamoiseau » aux « oiseaux de Cham » : l’auteur retourne, in Samia Kassab-Charfi (dir), "Tracées de Patrick Chamoiseau", Interculturel Francophonies, 22, nov-déc. 2006.

LE BRIS, Michel, ROUAUD, Jean, ALMASSY, Eva (dirs) (2007).  Pour une littérature-monde, Paris, Éditions Gallimard, 344 p.

Pour une "littérature-monde" en français (2007), Le Monde, 15 mars 2007. [En ligne : http://www.lemonde.fr/livres/article/2007/03/15/des-ecrivains-plaident-pour-un-roman-en-francais-ouvert-sur-le-monde_883572_3260.html].

CHAMOISEAU, Patrick (1997). L'esclave vieil homme et le molosse, Paris, Éditions Gallimard, 134 p.

DELEUZE, Gille (1993). Bégaya-t-il, in Critique et Clinique, Paris, Éditions de Minuit, chap. XIII, 135-143.

Dans la même collection