Conférence
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Langue :
Français
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Droit commun de la propriété intellectuelle
DOI : 10.60527/v636-9j73
Citer cette ressource :
Pour un partage des savoirs. (2017, 23 février). Forum Nîmois - Charles GIDE - SERVENT 23 FEVRIER 2017. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/v636-9j73. (Consultée le 13 juin 2024)

Forum Nîmois - Charles GIDE - SERVENT 23 FEVRIER 2017

Réalisation : 23 février 2017 - Mise en ligne : 23 avril 2017
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Descriptif

Notre association Charles Gide recoit, dans son cycle de conférences le "Forum Nîmois Charle GIDE" dont le président de l'assosiation est Jean MATOUK, professeur des universités, le 23 février 2017 au lycée Alphonse DAUDET de Nimes Pierre SERVENT.

Introduction Jean MATOUK

Nous accueillons ce soir encore une fois, un habitué desmédias. Pierre Servent est fréquemment sollicité à « c'est dans l'air », etautres émissions de ce type, pour commenter l'actualité militaire etstratégique.

Ce n'est pas un militaire de carrière. Il n'a pas fait SaintCyr puis une carrière d'officier d'active, même si on va le voir, il a servisur certains champs de bataille. Il a d'abord fait Sciences Po, et obtenu unDEA d'Histoire contemporaine. Il a été ensuite, premier pas vers les armées etla défense, auditeur à l'Institut des hautes études de la défense nationale.Entre 1980 et 1986 il a été journaliste à La Croix chargé évidemment desquestions de défense. Journaliste au Monde aussi .Il a été au Cabinet deCharles Million quand celui-ci était Ministre de la Défense, et après cescontacts multiples avec les armées et la défense, il a été vingt ans durantprofesseur au Collège interarmées de défense à l'Ecole de guerre.

Mais, au-delà du servicemilitaire, il a poursuivi les liens avec l'armée comme officier de réserve dansla réserve opérationnelle. Il a servi dans les OPEX, les opérationsextérieures, aux Balkans, en Afghanistanet en Afrique. Il est colonel de réserve. Il a donc bien une véritableexpérience militaire qu'il a ajoutée à ses études et réflexions sur la défensedont il veut bien nous faire bénéficier ce soir.

J'ai aussi eu uneexpérience militaire, puisque notre bon gouvernement m'a embauché durant 27mois et 27 jours, dont 20 de villégiature en Algérie et au Maroc. Mais quelschangements, depuis, dans nos armées. A l'époque, la force nucléaire en étaitau début de sa constitution. On utilisait encore le fusil MAS 49, et lepistolet mitrailleur MAT de la même année, fabriquée dans nos bonnes Manufacturesd'armes de St Etienne. Le FAMAS leur successeur vient d'être remplacé par un HK416 allemand. Quelle honte !

A l'époque il n'était pas ou, plus exactement, plus questiondu tout de défense européenne, depuis que le projet de Communauté européenne dedéfense, qu'on voudrait tant reconstituer aujourd'hui, avait été politiquementbroyé par la mâchoire RPR, Parti communiste. Et, évidemment, pas question nonplus, à l'époque, de supprimer le service militaire, erreur à mon sens, deChirac et Jospin en 1997, même s'il fallait le transformer profondément.

Donc, l'armée que j'ai connu, assez longuement tout de même,a bien changé, mais, contrairement aux anti-militaristes primaires, que j'aicroisés dans certains groupes, j'ai continué à m'intéresser aux armées, et jel'avoue à me poser des questions. Je vais vous en poser quelques-unes ce soir,en espérant que vous aurez le temps d'y répondre.

En premier lieu, brutalement, a-t-on besoin encore d'unedéfense nucléaire ? Autant on pouvait le comprendre à l'époque de de Gaulle.C'était un levier de rétablissement de notre « place » dans le monde en mêmetemps qu'un outil réel d'éventuelle défense contre l'URSS, même si Kroutchevavait remplacé Staline. La crise des missiles à Cuba en 1962 matérialisait cerisque. Mais aujourd'hui ? Quelles sont les bonnes raisons de maintenir et mêmemoderniser, conditions d'esprit de la partager, donc d'en partager le poids ?Mais contre qui ? N'utiliserait-on pas plus judicieusement les quelques 4/5milliards qu'elle coûte, si vous validez ce chiffre, ailleurs et autrement dansnos armées ?

Ce qui m'amène à la seconde question : il y a une nouvellecourse au réarmement dans le monde. En 2016, les Etats-Unis ont toujours leplus gros budget de la défense, 604 milliards USD, mais le budget chinois estde 145 milliards, celui de la Russie de 58,9 milliards USD, l'Arabie saouditedépense 56,9 milliards, la Grande Bretagne 52,5 milliards l'Inde, et c'estinquiétant vis-à-vis du Pakistan et de la Chine, 51 milliards, le Japon et la Francedevant dépenser 47 milliards. C'est au stratégiste- polémologue que jem'adresse. Ces dépenses en hausse désignent-elles les futurs lieux de conflits.

Ma troisième question a trait à l'OTAN. Il a été maintenuaprès 1991, donc après la disparition du Pacte de Varsovie et l'éclatement del'URSS ? Pourquoi ? Contre quel ennemi ? Poutine s'en est servi, comme chiffonrouge menaçant son peuple, pour le domestiquer. A quoi bon ? N'était-ce pas uneforme de maintien de l'hégémonie américaine ? Pire ! Etait-il vraimentnécessaire en 2007 de réintégrer les structures de commandement de l'OTAN quede Gaulle avait quitté en 1966 ?

L'alternative, qui serait heureuse, ce serait une défensecommune européenne. Ce serait aussi la réponse intelligente à Donald Trump. Laprincipale opposante à une telle défense a été de tout temps la GrandeBretagne, et il a été logique pour la France de signer des accords avec elle,en 2010 (Londres, et Accord de Lancaster). Mais aujourd'hui, avec son départ del'Union européenne- c'est la quatrième question- n'est-il pas nécessaire derevitaliser le projet de CED ? Quelle plausibilité a-t-elle ? Peut-on imaginer,comme le propose Marine Le Pen il lui arrive d'avoir des idées justes- deréaliser un ou deux porte-avions en commun avec l'Allemagne et l'Italie, voirel'Espagne ? Il n'est pas efficace de ne rester, nous-mêmes qu'avec un porteavion moderne, qui doit être en maintenance 18 mois tous les quatre ou cinq ans? Peut-on avancer sur un Airbus de la défense ?

Enfin, vous allez nous parler, je crois, de la cyberguerre,contre les éventuelles attaques numériques sur des installations énergétiquesou téléphoniques diverses, éventuellement militaires, où pour décrypter etbrouiller les applications dont se sert Daesh. Et aussi pour défendre notredémocratie ! Angela Merkel, récemment, a dit sa crainte de voir nos démocratiesoccidentales attaquées de cette façon. La question bête : combien ça coute ? Ouen sommes-nous en matière de cyber-armement, si je puis m'exprimer ainsi.

Vous avez voulu intituler votre exposé, comme votre livre :« Extension du domaine de la guerre », parodiant ainsi un des premiers titresde Michel Houellebecq. Ce titre va vous amener certainement à nous donnerréponse à nos questions.

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