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- Date de réalisation : 2 Février 2012
- Durée du programme : 33 min
- Classification Dewey : Littérature française : Histoire et étude par points spécifiques (courants littéraires, thèmes etc.)
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- Catégorie : Conférences
- Niveau : niveau Licence (LMD), niveau Master (LMD)
- Disciplines : Littérature française et de langue française
- Collections : Usages et enjeux de l'apophtegme dans les littératures européennes (XVIe-XVIIe siècles)
- ficheLom : Voir la fiche LOM
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- Auteur(s) : KIÈS Nicolas
- producteur : Université Toulouse II-Le Mirail
- Réalisateur(s) : JIMENEZ Jean
- Editeur : SCPAM Université Toulouse II-Le Mirail
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- Langue : Français
- Mots-clés : littérature française (16e siècle), aphorismes et apophtegmes, facéties (littérature humoristique)
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"Cum grano salis" : le problème de l'apophtegme humoristique dans la seconde moitié du XVIe siècle / Nicolas Kiès
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"Cum grano salis" : le problème de l'apophtegme humoristique dans la seconde moitié du XVIe siècle / Nicolas Kiès
"Cum grano salis" : le problème de l'apophtegme humoristique dans la seconde moitié du XVIe siècle / Nicolas Kiès. In colloque "Usages et enjeux de l'apophtegme dans les littératures européennes des XVIe et XVIIe siècles", organisé par l'équipe « Littérature et Herméneutique » du laboratoire Patrimoine, Littérature, Histoire (ELH-PLH) à Université de Toulouse-Le Mirail, les 2 et 3 février 2012.
A la suite de Barbara C.
Bowen, qui affirmait « qu’à partir de la publication des
Apophthegmata d’Erasme on ne peut plus distinguer entre
sententia et facetia », nous proposons
d’interroger le rapprochement entre trait facétieux et dit
mémorable au XVIe siècle, à la lumière de nos travaux
sur la bigarrure et en particulier sur les « contes et discours
bigarrez » de la fin du XVIe siècle. L’hypothèse
de la rencontre entre facétie et apophtegme soulève des enjeux
d’ordre lexical et, plus profondément, des problèmes
d’identification générique :
1) A côté du très
polysémique facecie, le mot apophthegme devient au
cours du siècle une sorte d’hyperonyme du dit bref, proche du
substantif rencontre. Il désigne volontiers des railleries
triviales (Des Périers), voire des gaffes (Tabourot).
2) Apophtegmes et bons
mots « facecieux » voisinent en outre dans les mêmes
compilations de « dits mémorables ». Le phénomène est
ancien : la veine humoristique est principalement représentée,
chez Plutarque ou Diogène Laërce, par les apophtegmes cyniques,
dont se fait largement écho Erasme. Cependant, à en croire la
plupart des compilateurs, la recherche de l’édification prime sur
la visée humoristique : significativement, si le locuteur peut
prononcer tel apophtegme plaisant en riant, comme pour manifester sa
supériorité intellectuelle ou morale, il ne provoque que rarement
le rire de l’auditoire.
Les « contes et
discours bigarrez » des années 1580 (en particulier les Serées
de G. Bouchet et les Contes et discours d’Eutrapel de N. Du
Fail) vont plus loin. A la faveur de devis à bâtons rompus, ils
orchestrent des rencontres inattendues entre des matériaux
fondamentalement hétérogènes, et se présentent ouvertement comme
facétieux : à la différence des Essais de Montaigne,
le rire l’emporte sans conteste sur le sourire. La frontière entre
apophtegme et facétie, ou entre apophtegme sérieux et apophtegme
plaisant, devient éminemment poreuse. Les diverses rencontres ne
sont plus séparées par des blancs textuels comme dans les
compilations d’Erasme ou de Lycosthène : elles sont au
contraire emportées dans le mouvement des devis, qui ne cessent de
mêler les tons, les formes et les sujets. Reprenant un mot d’Henri
Estienne, Bouchet se plaît à considérer les apophtegmes comme des
« apostumes » (I, 94).
Ces auteurs
réinterprètent ainsi la forme de l’apophtegme, mêlée au sein
des « rencontres » :
- critère énonciatif :
le mot n’est plus seulement prononcé par des Grands, mais aussi
par des anonymes, y compris le petit peuple des « métiers ».
Les intentions des locuteurs peuvent également changer : un
même apophtegme, en devenant involontaire (Tabourot), gagne une vis
comica insoupçonnée.
- critère thématique :
plusieurs « dits memorables » perdent tout contenu
philosophique, ou sont interprétés à plus bas sens.
- critère « formel » :
les apophtegmes ne sont plus systématiquement séparés par des
blancs. Le bref côtoie le long.
- critère de l’usage :
le « memorable » ne se limite plus au didactique.
L’apophtegme fait souvent rire le cercle des entreparleurs, et vise
à enrichir des conversations ultérieures.
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