Notice
FRANCINE DAVID, par Michèle Julien et Claudine Karlin (Paris, 2022)
- document 1 document 2 document 3
- niveau 1 niveau 2 niveau 3
Descriptif
FRANCINE DAVID, un hommage
Cet entretien a été réalisé afin de restituer l'ampleur de la carrière de Francine David et l'importance de ses recherches en Préhistoire, au-delà de son travail auprès d'André Leroi-Gourhan et de son investissement sur le site de Pincevent où elle a oeuvré dès 1964. Nous avons donné la parole à ses deux amies et collègues, Michèle Julien et Claudine Karlin.
Voici le texte d'hommage qui a été rédigé au moment de sa disparition, le 26 décembre 2022.
Francine David fut l’assistante d’André Leroi-Gourhan de la fin des années 1950 jusqu’à la mort du « Patron ».
Elle a commencé à travailler sur la faune à Pincevent d’abord en triant, consolidant le matériel pour A. Leroi-Gourhan, puis très vite, l’identifiant. Les nombreux livres sur la question dans sa bibliothèque personnelle, donnée au laboratoire, montrent combien elle s’est investie dans l’archéozoologie. Nous reprendrons ces mots d’Olivier Bignon-Lau : « L'étude de Francine, mise en annexe de la publication de 1972, est particulièrement novatrice du fait que les méthodes de l'archéozoologie ne seront fixées que vers la fin des années 70's et plus sûrement vers la mi-80's. À mes yeux, du point de vue archéozoologique et même de l'industrie osseuse, cette étude de Francine est avant-gardiste car elle joint les deux approches : elle a recherché des modules récurrents issus de la fracturation des différents éléments squelettiques. Cette recherche de la standardisation des gestes (et donc des portions fracturées) fait singulièrement écho aux recherches actuelles qui réhabilitent la fracturation (contrôlée) comme une méthode à part entière, particulièrement probante pour créer des supports réguliers et prédictibles. Son travail aurait mérité un ouvrage à part entière. Je trouve que son rôle moteur dans la création de la discipline est sous-estimé. La grande modestie de Francine y étant certainement aussi pour quelque chose. »
Tous ceux qui ont travaillé à Pincevent gardent le souvenir d’une présence discrète mais efficace, grâce à qui tout fonctionnait sans heurt. À la cuisine, Francine était capable de faire une mousse au chocolat pour 40 un jour de fête. Sur le chantier, pour faire des photos, elle savait naviguer pieds nus au milieu des vestiges, en promenant sans rien abimer les pieds de la « girafe ». A l’heure de l’apéro, une cigarette et un verre à la main, elle profitait avec tous de ces moments de détente. Nombreuses sont les images qui nous restent de cette vie commune.
Après la disparition de A. Leroi-Gourhan, Francine a continué à s’interroger sur les chasseurs de rennes de Pincevent. Elle a monté, dans le cadre du laboratoire, un programme d’enquêtes en Sibérie pour comprendre comment vivaient les chasseurs-éleveurs de rennes, qui nomadisent aujourd’hui encore. Elle a réalisé près de huit missions dans différentes régions, à différentes saisons. La Sibérie fut sa passion. Autant les grands espaces de la toundra que les sous-bois de la taïga, autant la nomadisation en traineau que celle en renne monté. De chaque mission elle tentait de rapporter le squelette d’un animal pour les collections de comparaison du laboratoire : les grands bois de renne qui ornaient la salle informatique ont traversé les frontières dans de grands sacs de marin calfeutrés de chaussettes ; de même le squelette d’un loup fut rapporté au campement pour Francine par des chasseurs bien qu’on n’introduise jamais un loup, même abattu, dans un campement d’éleveurs ; il fut dépouillé, vidé, nettoyé et bouilli dans un coin discret, derrière les tentes.
N'oubliant pas ses premières amours, Francine a repris la fouille du Bison à Arcy-sur-Cure, rassemblant autour d’elle une petite équipe qui a pris la relève lorsque la maladie ne lui a plus permis de fouiller.
Francine, sous des dehors calme et tranquille, cachait une volonté de fer qui lui faisait renverser des montagnes. Avec elle disparaît l’une des figures historiques de l’ancien laboratoire d’Ethnologie préhistorique.
Par Claudine Karlin
Intervention
Thème
Dans la même collection
-
-
-
JEAN-DENIS VIGNE (PARIS, 2022)
VigneJean-DenisL’évolution de l’archéozoologie et de ses pratiques sur un demi-siècle
-
-
-
FRANCOISE DOUAU-GUILLON (NANTERRE, 2022)
DouauFrançoiseDes fouilles archéologique à la restauration de mobilier archéologique au musée d'Archéologie Nationale
-
MARIE-BARBARA LE GONIDEC (RENNES, 2022)
Le GonidecMarie-BarbaraLa découverte de l'ethnomusicologie et de la culture matérielle
-
MICHEL ORLIAC (LE RAINCY, 2021)
OrliacMichelLes fouilles préhistoriques, une aventure scientifique
-
-
-
CLAUDE MASSET (PARIS, 2022)
MassetClaudeLe professeur d'histoire devenu responsable d'une équipe CNRS
-
Avec les mêmes intervenants et intervenantes
-
SOUVENIRS SUR TABLE EN N/B (PARIS, 2022)
KarlinClaudineLavalléeDanièleJulienMichèleLe GueutErwan« Dans ce désert morose, telle photo, tout d’un coup, m’arrive ; elle m’anime et je l’anime » Roland Barthes (1980 : 19).
-
CLAUDINE KARLIN (LE PRE-SAINT-GERVAIS, 2022)
KarlinClaudineUne carrière au service des chasseurs-cueilleurs magdaléniens
-
-
Claudine Karlin (Nanterre, 2016)
KarlinClaudine"On était à cheval entre l'extérieur et l'intérieur de la grotte du Bison. J'aimais rentrer dans la grotte avec mon matériel et passer des heures à plat ventre sur un foyer. J'étais déjà en empathie