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Auditorium du Pôle des langues et civilisations, 65 rue des Grands Moulins, 75013 Paris
Fukushima ou l'administration du désastre. Pouvoirs publics et médias face au nucléaire
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- Dossier
Descriptif
Après le désastre de Fukushima, État, mafia, experts, contre-experts, « mouvements citoyens » et fondations diverses sont devenus les co-gestionnaires des catastrophes en chaîne. Au point que chaque intervenant se voit l'artisan de sa propre destruction.
Pour Thierry Ribault (CNRS/ MCJ), cette catastrophe illustre les limites des sociétés industrielles à l’aube du XXIe siècle. L’État, qui ne peut plus gérer les accidents de son développement, délègue à d’autres le soin de le faire à sa place. Les gens qui « s’engagent » sont confrontés à un dilemme insoluble : la non-information rend leur action nécessaire, mais ils ne peuvent apporter de solution. Les populations restent sur place, tétanisées par la propagande, qui les confine au « suicide » collectif. Incapables de décider de sauver leur vie, ils servent, dans l’attente de leur mort déclarée probable, de cobayes à une certaine « science », eugéniste et à certains égards, « radio-négationniste » (attitude niant les nuisances de la radioactivité).
Face à l'instillation de cette propagande, Thierry Ribault souhaite mettre en lumière certaines initiatives citoyennes, et questionner le sens qu'on peut leur donner et comprendre leur impact. Loin d’une glorification de la « société civile » ou des « mouvements citoyens », le désastre de Fukushima met au grand jour la prise de conscience de l’épuisement d’un système et l’existence d’une volonté, au sein de la société japonaise, de bouleverser ce système.
« Pas de conséquences sanitaires immédiates »
Ce sont les mots prononcés par Yukio Edano, secrétaire général du cabinet du gouvernement, lors d’une conférence de presse du 23 mars 2011 pour qualifier la consommation de nourriture contaminée.
Dans un contexte d‘apathie et de fuite collective de la réalité, nombre de Japonais considèrent encore la contamination radioactive comme une fiction et une « mauvaise rumeur ». Simultanément, une telle situation fait naître de multiples actions de la part des habitants.
Wataru Iwata, membre du groupe d’action « Projet 47 », a rejoint Fukushima après l'accident. Il y a fondé, avec d'autres, le réseau « Citizens’ Radioactivity Measuring Station » (CRMS). Il présentera au cours de cette conférence l'activité de cette association.
« Pacifique », « sûr » et « nécessaire »
Tino Bruno (IETT/ Lyon 3) présentera un état des lieux de ses recherches consacrées aux « mythes du nucléaire civil » dans la presse japonaise depuis 1945 et au rôle des nouveaux médias dans leur déconstruction.
Fort d'un manichéisme à tout épreuve, les journaux japonais, aidés par les politiciens en place à l'époque, ont usé d'une stratégie visant à promouvoir le nucléaire civil, en séparant les pans civil et militaire de cette industrie.
Cependant, les nouveaux médias ont contribué à effriter ces idéaux construits depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale au Japon. Aujourd'hui, les manifestants antinucléaires, souvent rassemblés grâce aux réseaux sociaux, n'obtiennent pas vraiment les faveurs des grands quotidiens du pays. Assisterait-on a un nouveau revirement de la presse japonaise ?
Intervention
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