Conférence
Notice
Lieu de réalisation
Iméra, Marseille
Langue :
Français
Crédits
Julian Quinones Vargas (Réalisation), Pierre-Yves Wauthier (Organisation de l'évènement), Florence Weber (Organisation de l'évènement), Madlyne Samak (Intervenant)
Détenteur des droits
Centre Norbert Elias UMR 8562 (CNRS/EHESS/Avignon Université/AMU)
Citer cette ressource :
Madlyne Samak. Centre Norbert Elias. (2023, 5 juin). Devenir agriculteur biologique, à distance de sa famille , in Familles et parenté face aux bouleversements environnementaux [Journée d’étude] . [Vidéo]. Canal-U. https://www.canal-u.tv/143784. (Consultée le 5 décembre 2023)

Devenir agriculteur biologique, à distance de sa famille

Réalisation : 5 juin 2023 - Mise en ligne : 28 juin 2023
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Descriptif

Madlyne Samak, Institut national universitaire Champollion

L’agriculture biologique a connu un essor récent dans l’agriculture française : en 2021, elle était pratiquée dans 13% des exploitations françaises, contre 2,6% en 2008. Mais elle reste toutefois une pratique minoritaire : au sein des familles d’agriculteurs, travailler en « bio » est loin d’aller de soi, et suppose dans bien des cas une rupture cognitive avant de se matérialiser dans une transformation des pratiques.

Dans cette communication, il s’agira de s’interroger sur les conditions qui rendent possible cette rupture, en mettant l’accent sur la dimension familiale de celles-ci. La sociologie des professions a montré que dans les groupes professionnels d’indépendants, les ruptures et différenciations professionnelles sont souvent le fait de personnes extérieures au « milieu » (Garcia-Parpet, 2000 ; Leblanc, 2008). Selon ces travaux, des appartenances sociales exogènes feraient le lit de nouvelles manières de faire et de pratiquer le métier parce qu’elles donneraient accès à d’autres ressources culturelles et sociales.

Mes recherches complètent cette perspective en interrogeant la relation entre conversion à l’agriculture biologique et absence ou relâchement de la transmission familiale des pratiques et représentations professionnelles dans les exploitations agricoles. En effet, les travaux qui se sont intéressés aux conditions de la reproduction des exploitations agricoles ont mis en évidence le rôle central joué par la famille dans l’apprentissage du métier d’agriculteur (Bessière, 2010 ; Delbos et Jorion, 1984).

Or les agriculteurs biologiques rencontrés se caractérisent au contraire par une certaine distance à ces formes de transmission familiale. D’une part, les néo-agriculteurs n’ont pas été socialisés au métier de maraîcher dans leur enfance. Et on peut penser que cette absence de transmission a servi leur capacité à rompre avec les pratiques agricoles conventionnelles. D’autre part, les fils et filles d’agriculteurs « repreneurs » d’exploitation ont fait l’expérience d’une mise à distance de la transmission familiale, en allant étudier et/ou travailler dans un tout autre secteur d’activité que l’agriculture avant de revenir s’installer comme maraîcher. Au moment de devenir agriculteur, ils se sont aussi ménagé les conditions d’une rupture avec les pratiques parentales, en changeant l’orientation culturale de l’exploitation, ou en différant le moment de leur installation pour ne plus avoir à composer avec les normes et injonctions parentales. L’enquête menée par entretiens (n=40) auprès de 22 exploitations maraîchères du département des Alpes-Maritimes, montre ainsi le caractère déterminant que joue la distance sociale à la
famille, dans les parcours d’adhésion à l’agriculture biologique.

 

Intervenant

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