Histoire et transmission : un enjeu du design graphique ?

Défini comme le traitement formel des informations, des savoirs et des fictions, le design graphique est l’un des outils que les sociétés occidentales inventèrent à partir de la fin du 19e siècle pour rendre le monde plus intelligible. À ce titre, il existe entre l’histoire et le design graphique une proximité qui concerne la relation à l’événement, à l’émotion. Elle concerne le parti pris qu’adoptent l’historien ou le designer pour traiter les matériaux dont ils disposent. Traduction, interprétation : la mise en forme et en écriture détermine le mode de transmission et d’appropriation des contenus.

Les modalités de construction et de réception du récit historique ainsi que
la conception dans le design graphique, comme l’ensemble des activités humaines, doivent répondre à une transformation de notre relation au temps à laquelle la culture numérique participe. Ce qui serait en jeu est la désactivation de l’organisation tripartite du temps, passé/présent/futur,

au profit d’un « présent omniprésent1 ». Dans le prolongement (radicalisé) des révolutions industrielles du 19e siècle, la formation d’une autre expérience du temps tendrait à désactiver une conception linéaire au profit d’une autre où la profondeur accueillerait des micro-linéarités dans des structures dynamiques. Et cette expérience du temps et concerne les conditions d’écriture de l’histoire et les formes de sa médiation pouvant

se traduire par des dispositifs qui sont affaire de design.

Ces dispositifs publiés en ligne ou mis en espace d'exposition supposent une scénarisation, une organisation spécifique. Ils résultent d'une conception visuelle, d'un agencement qui induit des connexions, facilite des mises en relation. Ils participent de l'accès et conditionnent la construction dynamique du savoir.