Notice
En résidence à la Maison Suger : Scarlett Marton
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Descriptif
Scarlett Marton est professeure émérite de l'université de São Paulo, où elle a fondé le Groupe d’études Nietzsche (GEN). Membre du conseil scientifique de l’HyperNietzsche, des Nietzsche-Studien et des Monographien und Texte zur Nietzsche-Forschung, elle est l’autrice de plusieurs ouvrages sur la pensée nietzschéenne, ainsi que de nombreux articles publiés dans des revues spécialisées en Europe et au Brésil.
Elle nous parle de son séjour à la Maison Suger.
Thème
Documentation
Transcription
Le philosophe Michel Serres, que j'ai eu l'honneur de rencontrer en France et au Brésil, affirmait que se cultiver, c'est aller vers l'autre. Moi, j'ai l'impression que la culture et les sciences humaines sont fortement liées. Parce que la culture, c'est avant tout nos manières de penser, d'agir, de sentir. C'est-à-dire la logique de nos raisonnements, les affects, qui imprègnent notre manière d'être. Et aussi des valeurs qui orientent notre comportement, notre conduite. Et tout cela nous vient à travers l'éducation et à travers la vie sociale. D'où les liens vraiment très forts, entre les sciences de l'homme et la culture. Parce que la culture à avoir avec notre humaine, trop humaine condition. Et ce mouvement d'aller vers l'autre, c'est précisément ce que la Maison Suger nous propose. Dans la mesure où la Maison Suger accueille des chercheurs qui viennent des quatre coins du monde, et des chercheurs qui s'occupent, qui s'appliquent à des sujets de recherche les plus divers possibles. C'est tout un univers qui s'ouvre aux chercheurs qui sont accueillis à la Maison Suger. Et là, je parle de ce qui se passe à l'intérieur de la Maison Suger. Mais la Maison Suger s'ouvre également à l'extérieur, puisque ces chercheurs, ils travaillent dans des laboratoires, des institutions, en partenariat avec d'autres chercheurs. Et le premier trait que j'aimerais souligner en ce qui concerne la Maison Suger, c'est l'hospitalité. L'hospitalité qui est bien ancrée dans l'âme française et que j'affirme sans hésiter, sans aucune hésitation. Cette hospitalité qui est incarnée par la Maison Suger. La Maison Suger en fait est le cadre idéal pour mener à bien un projet de recherche. Tout d'abord, d'un point de vue bien concret, la Maison Suger m'épargne la plupart des tâches de la vie quotidienne, est un lieu sécurisé, je suis absolument sûre. Je ne me sens pas du tout seule, parce qu'elle facilite les contacts avec d'autres chercheurs et en plus, ça aussi, la Maison Suger aussi, nous procure toute les vies intellectuelles. Dans la mesure où nous avons la possibilité, à travers les rencontres mensuelles des résidents, de côtoyer d'autres chercheurs et d'échanger avec eux. Mais aussi, nous avons la possibilité de participer au séminaire, à la présentation des travaux des chercheurs qui ont lieu dans ce cadre. D'autre part, je dirais que la Maison Suger est également le cadre idéal pour mener à bien les recherches, dans la mesure où elle nous permet de vivre en plein cœur de Paris. Et nous avons absolument tout à portée de la main. Par exemple, nous avons la possibilité de nous rendre au séminaire et au colloque qui ont lieu à l'EHESS, à la Sorbonne, à Paris un, à Paris quatre, à (l'AENESS). Et nous avons aussi les librairies qui sont à portée de la main, à commencer par le Comptoir au premier étage de la Fondation de la Maison des sciences de L'homme, et également la librairie La Compagnie qui est précieuse en ce qui concerne les sciences humaines, la littérature, ou la librairie philosophique Vrin ou même, la Grande Librairie Gibert Joseph. Et également les bibliothèques, en particulier la BNF qui est tellement riche dans tous les domaines. Et en ce qui me concerne en particulier en fait, j'ai vraiment mené à bien mes recherches, en fréquentant la BNF. Parce que les matériaux sur lesquels je travaille, ne se trouvent pas numérisés. Donc je besoin d'avoir accès aux livres qui se trouvent là-bas. Et avant de venir en France, avant de venir à Paris, je prépare toujours mon séjour depuis chez moi, de plusieurs manières. Tout d'abord, j'essaye de faire des recherches préliminaires, en ce qui concerne les collections que je peux trouver dans les différentes bibliothèques. Pour voir ce qui peut me convenir en ce qui concerne ma recherche personnelle. Je ne sépare aussi un certain nombre des titres des livres que j'aimerais acheter, puisque je n'aurais pas l'occasion de les avoir chez moi. Et également, j'essaye de m'informer sur la vie culturelle à Paris. E là, je me permets même d'acheter déjà des places pour les spectacles qui m'intéressent. En particulier, les opéras au Palais Garnier, à Bastille ou au Théâtre des Champs-Élysées, mais également quelques concerts à la Philharmonie. Donc quand j'arrive à Paris, d'une certaine manière, je me sens déjà bien encadrée. Et les premiers jours de mon séjour, j'ai l'habitude, comme j'ai dit souvent, d'aller dire bonjour à mes amis. Et donc, je vais dire bonjour à Soutine à l'Orangerie, à Courbet au Petit Palais et ainsi de suite. Et également, je me prépare pour visiter les expositions qui ont lieu à ce moment-là, dans cette adorable ville. Je suis absolument persuadée que ces expériences culturelles, pour ainsi dire, nourrissent la réflexion. La réflexion en sciences humaines bien évidemment. Parce que tout cela a un rapport très étroit avec notre condition humaine, trop humaine. C'est grâce à l'accueil de la Maison Suger, que j'ai pu mener à bien deux travaux de recherche. Le premier a à voir avec Nietzsche et les femmes. D'une manière générale, Nietzche est considéré comme un philosophe iconoclaste, intempestif. À la limite, subversif. Mais quand on pense à ce que Nietzsche affirme par exemple, sur les mouvements de l'émancipation féminine à la deuxième moitié du 19ᵉ siècle, les aspects conservateurs, très conservateurs de sa pensée se révèlent. Et ce livre qui est mon 21e livre, est paru aux éditions de la Sorbonne avec les titres et les ambivalences de Nietzsche, types images et figures féminines. Et j'ai eu l'occasion de l'écrire en français, lors de mes séjours ici, à la Maison Suger. Il y a aussi un deuxième travail de recherche que j'aimerais évoquer., il s'agit de l'idée de l'Europe, pensée par Nietzsche. C'est-à-dire Nietzsche et l'idée de l'Europe est devenu le chapitre d'un livre sur la réception de la philosophie nietzschéenne en France, en Italie et en Allemagne. Et c'est très intéressant également, parce que d'une part, Nietzsche exhorte la fusion des nations européennes. Mais d'autre part, il aimerait confier le gouvernement pour ainsi dire de l'Europe, à une caste intellectuelle. Et ces deux travaux de recherche, ces deux projets de recherche, j'insiste, n'ont été possible d'arriver à leur terme, que grâce à mes séjours parisiens. Oui, le fait de séjourner à Paris, ça me donne un autre point de vue sur la planète de manière générale. Parce que les questions concernant l'Europe, elles sont beaucoup plus présentes. Mais pas tout simplement en Europe, mais également l'Afrique. l'Asie, le Moyen-Orient. Tout ça est beaucoup plus près de moi. Et d'autre part, en contrepartie, cette distance par rapport à mon pays d'origine me permet aussi d'avoir un regard, je dirais, même plus approfondi, sur ce qui se passe au Brésil. Parce que ce recul, une fois que je ne suis pas impliquée directement, immédiatement dans ma vie quotidienne, me donne des outils d'analyse qui sont vraiment précieux. À présent, mon sujet de recherche porte sur (la réception) française de la philosophie nietzschéenne. Je pense en particulier aux penseurs rebelles, Foucault, Deleuze et Derrida. Je fréquente la Maison Suger depuis 2016, si je me souviens bien. Et d'une manière générale, des séjours de deux mois, trois mois, pas plus que ça. Donc ce sera une expérience exceptionnelle, d'avoir l'occasion, et j'espère vivement être accueillie une fois de plus par la maison Suger, d'avoir cette expérience d'un séjour, d'une année sabbatique. Et là, je pense en fait, que si Paris est ma ville d'adoption, et elle l'est effectivement, d'ailleurs, je pense toujours à la statue de Montaigne qui se trouve en face de la Sorbonne, où on peut lire : "Paris a mon cœur dès mon enfance." Si Paris à ma ville d'adoption, je peux affirmer sans hésiter que la Maison Suger est ma seconde maison.
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