Conférence
Notice
Date de réalisation
Lieu de réalisation

CCIC, Cerisy-la-Salle

Langue :
Français
DOI : 10.60527/1h15-fj70
Citer cette ressource :
La forge numérique. (2019, 24 juillet). À la recherche de Valentin Feldman, locuteur inconnu d'un mot célèbre. [Podcast]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/1h15-fj70. (Consultée le 18 mai 2024)

À la recherche de Valentin Feldman, locuteur inconnu d'un mot célèbre

Réalisation : 24 juillet 2019 - Mise en ligne : 18 mai 2022
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Descriptif

Cette communication a été prononcée  dans le cadre du colloque intitulé Raconter l’enquête : une forme pour les récits du XXIe siècle ? qui s’est tenu au Centre Culturel International de Cerisy du 22 au 29 juillet 2019, sous la direction de Christian CHELEBOURG et Dominique MEYER-BOLZINGER.

L'imaginaire et la forme de l'enquête semblent imprégner tous les récits d'aujourd'hui et on apprécie l'enquête pour son ambivalence : une structure linéaire et aisément reconnaissable, néanmoins ouverte à la dimension métanarrative, voire aux récits potentiels et aux fausses pistes, quand elle reste inachevée, puisqu'on raconte aussi bien les enquêtes qui n'aboutissent pas. La posture de l'enquêteur semble le dernier avatar héroïque, glissant du détective-lecteur au lecteur-détective, érigeant le détail holmésien ou le soupçon borgésien au rang de modèles méthodologiques, s'inscrivant sans difficulté dans une esthétique de la trace au cœur des préoccupations contemporaines. Dans cette perspective peuvent être évoqués les romans de Patrick Modiano, les récits de Michèle Audin et Philippe Artières, le théâtre de Wajdi Mouawad, les essais de Pierre Bayard et Ivan Jablonka.

Raconter l'enquête, plutôt que son seul résultat, signifie certes que la recherche importe autant que son aboutissement, mais l'exhibition de la fabrique incite aussi à reconsidérer la définition du récit, à en mettre certaines formes canoniques à distance, par la fragmentation par exemple, sans toutefois les abandonner entièrement...

Pierre-Frédéric Charpentier enseigne dans le secondaire, ainsi qu'à l'université et à Sciences Po Toulouse. Chercheur en histoire, il consacre ses travaux à la Ve République (Le Troisième Homme. Histoire des grands perdants de l'élection présidentielle, 2017), ou à la musique populaire (Rock The Casbah. Le son de The Clash, 2015), mais surtout à l'histoire des idées (La Drôle de guerre des intellectuels français, 2008, puis Les Intellectuels français et la guerre d'Espagne, 2019).

Résumé de la communication

Juif, communiste et résistant, le philosophe Valentin Feldman est mort fusillé le 27 juillet 1942 au mont Valérien, en lançant aux soldats du peloton d'exécution ce qui serait considéré comme le mot le plus célèbre de l'histoire de la Résistance : "Imbéciles, c'est pour vous que je meurs !…". Or, des décennies durant, ces huit mots constituèrent la seule trace de l'homme qui les avait prononcés. De là, l'idée (et le défi) de partir à la recherche de ce jeune fantôme, qui avait pourtant côtoyé de son vivant d'illustres contemporains ayant pour noms Claude Lévi-Strauss, Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Victor Basch ou encore Gaston Bachelard. Longue et incertaine, cette quête devait emprunter plusieurs voies, celle des livres et celle des archives, mais également celle de la mémoire vive. Avec, à la clé des découvertes parfois inattendues — dont certaines menacèrent jusqu'à la viabilité même de l'entreprise… L'œuvre de Valentin Feldman se réduit à un bref essai didactique, L'Esthétique française contemporaine (Félix Alcan, 1936), tandis que l'on peut parcourir ses articles donnés à la Revue de synthèse sur bnf-gallica. Il fallut attendre sept décennies pour découvrir son Journal de guerre (1940-1941) (Farrago, 2006). Évoqué par de nombreux auteurs, le philosophe a aussi inspiré au cinéaste Jean-Luc Godard le sujet d'un court métrage, Le Dernier Mot (1988).

Publicationhttps://cerisy-colloques.fr/enquete-pub2024/

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