Conférence
Notice
Date de réalisation
Lieu de réalisation

MRSH Caen

Langue :
Français
Citer cette ressource :
La forge numérique. (2018, 17 décembre). Brûler la lettre : la jouissance du fait divers dans "Les Noces rouges". [Podcast]. Canal-U. https://www.canal-u.tv/131886. (Consultée le 26 avril 2025)

Brûler la lettre : la jouissance du fait divers dans "Les Noces rouges"

Réalisation : 17 décembre 2018 - Mise en ligne : 19 juillet 2022
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Descriptif

Cette communication a été enregistrée lors d'une journée d'études (7 et 8 novembre 2018) consacrée à Claude Chabrol, à l’usage critique (dans ses articles) et dramatique (dans ses films) de la lettre, à la manière dont celle-ci contribue à la fatalité des intrigues chabroliennes. Figure critique certes moins éminente que ses camarades au milieu des années 50, Claude Chabrol a néanmoins, dans son œuvre prolifique, partagé avec eux le souci d’accorder à l’écrit une fonction souvent cruciale, fatidique même, propre à précipiter ceux qui en sont victimes dans les eaux troubles d’un sort irrémédiable. La lettre tue chez lui, elle est un poison qui tourmente ou terrasse. Parfois anonyme, souvent cachetée d’une mauvaise foi, elle circule d’experts (écrivains, journalistes, postiers, etc.) en pauvres destinataires funestement ciblés. Lecteur précoce, adorateur déclaré de Madame Bovary, admirateur de Georges Simenon, de Ruth Rendell, de la série noire, Claude Chabrol mérite à tous égards de compléter la liste des cinéastes de la Nouvelle Vague (Eric Rohmer, François Truffaut et Jacques Rivette) étudiés au Laslar depuis 2014 sous l’angle de l’écrit fondateur. La plume et les masques étant monnaie courante dans ses films, il est loisible d’en étudier les jeux de dupes et autres mauvais augures, aussi bien dans l’ordre narratif que dans les partis pris de réécriture ou reformulation de l’œuvre littéraire adaptée.

Philippe De Vita est professeur certifié en Lettres modernes et docteur en langue et littérature françaises de l’université d’Orléans.

Résumé de la communication

« Le fait-divers est une figure de style », affirme Claude Chabrol. Son utilisation au cinéma peut partir d'un « déclic » né de la lecture d'un « assemblage de mots » présent dans les journaux. Cette communication se propose d'étudier l'adaptation du fait-divers des amants de Bourganeuf dans Les Noces rouges (1972) d’abord comme une réécriture, relevant de l'intertextualité. Le détournement de la signification première du fait-divers assure une double jouissance : Chabrol s'approprie le fait-divers et prend plaisir au pur signifiant en cherchant à « élargir le champ de la non-connaissance ». C'est une jouissance de la confusion que Chabrol veut mettre en scène à travers les acteurs qui surjouent une animalité située en-deçà de l'ordre symbolique. « Entre la jouissance et le savoir, la lettre ferait le littoral », écrit Lacan dans Lituraterre. La lettre est ainsi ambivalente : elle est à la fois la perte et la condition de la jouissance.

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