Conférence
Notice
Date de réalisation
Lieu de réalisation

CCIC, Cerisy-la-Salle

Langue :
Français
Citer cette ressource :
La forge numérique. (2021, 4 août). Écrire (sur) le silence. [Podcast]. Canal-U. https://www.canal-u.tv/116719. (Consultée le 21 mai 2024)

Écrire (sur) le silence

Réalisation : 4 août 2021 - Mise en ligne : 20 mai 2022
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Descriptif

Cette communication a été enregistrée  dans le cadre du colloque intitulé Leïla Sebbar, d'une rive l'autre, croiser l'intime et le politique qui s’est tenu au Centre Culturel International de Cerisy du 2 au 8 août 2021, sous la direction d'Aline Bergé et Sofiane Laghouati, avec la participation de Leïla Sebbar.

Née en 1941 dans l'Algérie coloniale, d'un couple mixte d'instituteurs qui l'éduquent dans la langue et la culture française laïque, Leïla Sebbar se rend en France pour ses études de lettres, puis s'engage dans le soulèvement de mai 1968, qui aiguise sa conscience des formes de domination sociale et genrée. Les mouvements de libération des femmes accompagnent son entrée dans le champ effervescent des littératures, des revues et de la critique des années 1970 et l'incitent à nouer durablement l'intime et le politique aux réalités du monde postcolonial : affirmation de nouveaux imaginaires, écritures inédites et métisses, personnelles et collectives, documentées et intermédiales. D'une rive l’autre, Leïla Sebbar lit, écrit, enquête, assemble. Essayiste, romancière, nouvelliste, elle interroge les liens complexes qui se trament à la croisée des temps, des guerres et des histoires d'exils, du local et du mondial, du féminin et du masculin, des langues et des cultures...

Martine Mathieu-Job est Professeure émérite de littératures française et francophones à l'université Bordeaux Montaigne. Littératures coloniales et postcoloniales de l'océan Indien et du Maghreb ainsi que écritures de la Méditerranée constituent ses domaines de recherches privilégiés.

Résumé de la communication

Toute une partie de l'œuvre de Leïla Sebbar se trouve nouée à un manque, un silence fondateurs : ceux de l'arabe non transmis par le père. Les textes convoquent les moments volés qui ont permis l'interception de bribes de cette langue, restée délibérément incompréhensible, par une enfant dont la présence silencieuse pouvait être oubliée. À ces souvenirs premiers se superposent ceux d'autres situations d'interceptions à la dérobée de propos tenus entre immigrés arabes dans un square, dans un café parisien par une observatrice tout aussi silencieuse, toujours en retrait, avide de retrouver adulte l'émotion de l'enfant en présence de cette langue pénétrante et inintelligible : langue du secret et du sacré, entraperçue par effraction. Des récits fictifs doublent ces souvenirs par des anecdotes tout aussi symboliques aptes à circonscrire sans jamais les combler les trous, les blancs du discours paternel. Bien qu'obstinément liée au père, l'arabe devient langue imaginaire se situant sur la polarité symbolique du maternel, sorte de langue originelle à jamais perdue, se passant de toute élaboration en système parce que fondée sur l'immédiateté du sensible.

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