Conférence
Notice
Lieu de réalisation

Auditorium château de Caen

Langue :
Français
Citer cette ressource :
La forge numérique. Idéologie du pouvoir et modèles littéraires anglo-normands dans le royaume des deux Guillaume. [Podcast]. Canal-U. https://www.canal-u.tv/131989. (Consultée le 6 novembre 2024)

Idéologie du pouvoir et modèles littéraires anglo-normands dans le royaume des deux Guillaume

Mise en ligne : 21 juillet 2022
  • document 1 document 2 document 3
  • niveau 1 niveau 2 niveau 3
Descriptif

Cette communication a été enregistrée dans le cadre du colloque Les transferts culturels dans les mondes normands médiévaux (VIIIe-XIIe S.) organisé par le Centre Michel de Boüard-CRAHAM (UMR 6273) et qui s'est tenu du 5 au 7 octobre 2017, à l'audiorium du château de Caen.

Les objets des transferts culturels sont innombrables et leur étude est particulièrement importante pour comprendre les mondes normands médiévaux et leurs multiples interfaces avec le monde scandinave, les îles Britanniques, l’Europe orientale et la Méditerranée. Dans la perspective du colloque, celle des transferts culturels, il s’agissait de s’intéresser aux processus de transmission et de réception, d’adaptation, d’adoption ou de rejet, en montrant comment ces dynamiques font évoluer les cultures.

Différentes catégories d’objets ont été ainsi abordées, qu’ils soient matériels (broderie ; accessoires du costume ; artefacts en fer ; monnaies ; alimentation ; manuscrits, monuments funéraires) ou immatériels (savoir-faire, modèles littéraires, langue, pratiques religieuses et funéraires ; idéologie du pouvoir, serment…) ; parmi lesquels figuraient des objets emblématiques des mondes normands (Tapisserie de Bayeux ; Domesday Book ; mosaïque du sol de la cathédrale d’Otrante). Une attention particulière a été attachée à la mise en contexte de ces objets permettant d’en saisir la réinterprétation dans des environnements socio-culturels différents. L’objet n’est pas uniquement une production matérielle mais aussi culturelle, il peut être un facteur de distinction, de singularité ou d’identité dont la valeur n’est pas identique d’un milieu à l’autre.

Rosanna Alaggio est professeur d'histoire médiévale au Département des sciences humaines et sociales de l'Université du Molise, Italie. Elle est spécialisée en archéologie médiévale et détient le titre de Docteur en Recherche en Histoire Médiévale à l'Université de Palerme. Elle a édité  des collections documentaires des 13ème et 14ème siècles relatives à certaines grandes villes du royaume de Sicile (es. Le pergamene dell’Università di Taranto, Galatina 2004) et a publié plusieurs essais concernant l'histoire de la structure physique et de la dynamique sociale et institutionnelle des principales villes du sud de l'Italie à l'époque normande-souabe (es. Brindisi, CISAM 2015; Saggi di Storia amalfitana, Roma 2013). Elle travaille actuellement sur la formation du paysage historique et est intéressée à l'analyse des pouvoirs féodaux pour le contrôle territorial dans l'Italie normande.

Résumé de la communication

Au cours du XIIe siècle, de nombreux témoignages iconographiques démontrent la propagation dans le sud de l'Italie de quelques-unes des plus importantes Chansons de Geste. L’attestation précoce de la circulation des modèles littéraires associés à la tradition culturelle anglo-normande dans ce contexte géographique spécifique se fondait, jusqu'à aujourd'hui, sur une importante étude publiée en 1973 par Chiara Frugoni. Cette étude a pris comme point central l'analyse du répertoire iconographique de la mosaïque du sol de la cathédrale d'Otrante. Toutefois, les interprétations de la présence de scènes et de personnages appartenant aux cycles breton et carolingien, ou même à la tradition du Roman d'Alexandre, n'ont pas suffisamment approfondi le problème de la relation entre la personne ayant commandé l'œuvre d'art et celle qui en a joui. Si l'on admet que l'image provoque toujours une réaction chez le spectateur, cela ne peut pas être compris ou interprété sans tenir compte à la fois de l'instrument qui constitue le canal de transmission cognitive (la matière et les modalités adoptées pour la réalisation de l'image) et, d'autre part, du contexte historique et culturel dans lequel apparaît l'image elle-même. En voulant formuler des hypothèses sur les finalités des commettants, on ne peut pas prendre seulement en compte l'identité des utilisateurs. Qui, alors, était le public de ces œuvres ? Quel est le message transmis ? Il est temps de comprendre le sens de la présence dans le langage artistique du royaume de Sicile, et dans l'âge des deux Guillaume, des personnages et des scènes qui appartiennent à la tradition historique et culturelle anglo-normande et de leur réutilisation idéologique. D’autant plus qu'il existe une alliance importante entre le clergé local et la monarchie et que la prise de conscience du rôle du souverain dans le contexte social contemporain est un sujet de discussion et de définition sur un plan symbolique. Il est alors nécessaire de comprendre le sens des modèles offerts par la «chevalerie» de la Chanson de Roland ou la figure d'Alexandre le Grand, qui ne peut pas être simplement lu comme un symbole contre Byzance, mais plutôt comme l'emblème même de la souveraineté normande, exactement comme il a été perçu dans le contexte d'autres cours anglo-normandes. Cette communication tentera de démontrer comment la monarchie normande de Sicile, en référence à ces modèles littéraires, voulait souligner qu'elle appartenait à une tradition historique commune à d'autres monarchies normandes d'Europe. Dans le même temps, cette référence à une « koiné normande » montre l'implication de la féodalité dans le processus d'affirmation du pouvoir normand dans le Sud, comme dans le contexte méditerranéen.

Sur le même thème