Conférence
Notice
Lieu de réalisation
MRSH-Caen
Crédits
Hélène Jeannin (Intervention)
Conditions d'utilisation
Droit commun de la propriété intellectuelle
Citer cette ressource :
Hélène Jeannin. La forge numérique. (2023, 21 novembre). Colonies spatiales et visions du futur. Vers une société de contrôle ? , in L’espace : nouvelle frontière ? Nouvel Horizon. [Vidéo]. Canal-U. https://www.canal-u.tv/148729. (Consultée le 5 novembre 2024)

Colonies spatiales et visions du futur. Vers une société de contrôle ?

Réalisation : 21 novembre 2023 - Mise en ligne : 5 décembre 2023
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Descriptif

Résumé de la communication

Hélène Jeannin est sociologue dans le privé, chez Orange, mais son pouvoir critique est intact. Après avoir soutenu une thèse sur les dystopies dans la fiction et travaillé sur le corps aliéné par les technologies, elle nous livre dans cette conférence une analyse critique radicale de la problématique urbaine à l’âge des technologies numériques. Et quelle audace ! Comme Adorno le préconisait, bien qu’elle soit plutôt d’obédience foucaldienne, elle pousse les hypothèses dans leurs retranchements, navigant entre imaginaire technique et réalités observées. Ainsi, si le spatial n’offre que peu de prise pour une sociologie des acteurs et des faits, quoi que celle-ci soit traitée par d’autres invités du séminaire (I. Regnault et A. Saint-Martin), la science-fiction constitue quant-à-elle un réservoir inépuisable d’objets d’analyse, et probablement une vision du futur, de notre futur, suivant l’idée directrice de notre séminaire de recherche selon laquelle l’espace n’est jamais que la surface de projection de nos désirs et de nos peurs. Nous sommes pour ainsi dire condamnés à reproduire et amplifier dans les mondes clos de la conquête spatiale les problèmes que nous avons générés sur terre. Exploitation aveugle des ressources et extractivisme, inégalités sociales, sociétés et contrôles liberticides, migrations,  etc. L’espace pourrait même faire sauter les verrous éthiques qui existent sur terre.

Prenant au sérieux, donc, l’hypothèse d’une colonisation spatiale par les humains, Hélène Jeannin passe en revue les problèmes sociaux et techniques concrets qui se poseraient, qui se poseront, à partir d’une approche pragmatique du modèle colonial terrestre : volonté d’indépendance des colonies, concurrence entre elles,… C’est sans compter le problème générique de l’utopie : en tant que monde clos et planifié, pour ainsi dire sans histoire, n’est-on pas face à un risque de production d’un totalitarisme technologique ? Contrôle de la vie de chacun et exaltation de l’expérience d’un bonheur collectif (car le bonheur individuel n’a pas droit de citer dans une telle organisation), la ville comme monde clos et contrôlé n’est-elle pas finalement la matrice de cet espace politique. Qu’elle soit délimitée par des remparts ou un dôme de verre, la cité spatiale sera nécessairement une prison.  C’est du moins ce que problématise la science-fiction dystopique critique, avec ses lignes, ses cages, ses quadrillages, ses transparences, ses panoptiques et ses technologies de surveillance. Elle fonctionne non plus à la loi, car dans l’espace il n’y a pas de loi, mais à la normalisation et à la construction de la déviance. Bien sûr on pense au travail de Foucault sur les modes clos (asile, prison) mais n’est-on pas face aux questions posées par les premiers sociologue de l’urbain que sont Howard Becker ( Outsiders ) et Erwing Goffman (Stigmates) ?

Après cette conférence, vous serez pris d’une folle envie de revoir les classiques de la science-fiction, mais avec un autre regard sur notre monde.

Intervention

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