Conférence
Notice
Date de réalisation
Lieu de réalisation

CCIC, Cerisy-la-Salle

Langue :
Français
Citer cette ressource :
La forge numérique. (2012, 3 septembre). Les enjeux de l'imperfection : le Laocoon du Greco. [Podcast]. Canal-U. https://www.canal-u.tv/116120. (Consultée le 12 juin 2024)

Les enjeux de l'imperfection : le Laocoon du Greco

Réalisation : 3 septembre 2012 - Mise en ligne : 2 mai 2022
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Descriptif

Cette conférence a été donnée dans le cadre du colloque intitulé Regarder l'œuvre d'art (2) : l'imperfection qui s'est tenu au Centre Culturel International de Cerisy du 27 août au 3 septembre 2012, sous la direction de Bruno Nassim ABOUDRAR, Pierre CIVIL, Marie-Dominique POPELARD et Anthony WALL.

Une idée reçue voudrait qu'après des siècles de déférence à un idéal néo-platonicien de perfection notre modernité ait choisi de couper toute référence à la perfection, et partant se soustraie aux jugements qui prétendraient évaluer les œuvres humaines en termes normatifs d'imperfections.

Le présent colloque fait l'hypothèse inverse: et si l'imperfection était une condition nécessaire à l'œuvre d'art?

Entre une conception qui en appelle à la notion de progrès en présupposant l'imperfection des œuvres antérieures et une pensée qui met l'accent sur les écarts par rapport à des normes idéales, on pourrait plaider pour un sens positif de l'imperfection ouvrant à un questionnement multiple: entre autres, celui de la double nature de l'imperfection (jugement de valeur et jugement de fait), celui des conflits esthétiques entre régimes d'imperfection contradictoires entre eux et parfois exclusifs, celui de la manière dont les artistes travaillent avec et contre ce destin de l'œuvre.

Docteur et agrégé d'espagnol, Pierre Civil est professeur (civilisation et littérature du Siècle d'Or espagnol) à l'Université de Paris III-Sorbonne nouvelle.

Résumé de la communication

Face à l'insurpassable perfection divine, la légitimité de l'image religieuse dans l'Espagne de la Contre Réforme se construit sur l'idée de l'imperfection matérielle de celle-ci, à la fois comme gage d'humilité et comme assurance contre le poison d'idolâtrie. Le discours mystique de Thérèse d'Avila ou de Jean de la Croix promeut ainsi l'usage d'images humbles et modestes comme principes de la translatio ad prototypum jusqu'à faire de l'imperfection un motif revendiqué de la contemplation. Il convient de s'interroger sur la portée de ces positions théologiques dans une théorie artistique fondée alors sur le principe de l'imitation. Mais c'est la pratique picturale qui apparaît la plus à même de révéler certaines tensions encore peu étudiées entre un naturalisme poussé jusqu'à l'illusion parfaite du réel et le défaut patent ou assumé par l'artiste. Du Greco à Zurbaran, un certain nombre de cas seront analysés dans ce sens.

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