Les minoritaires de genre

Par « minoritaires de genre », on entend les hommes et les femmes, jeunes filles et jeunes garçons ayant innové en matière d’orientation scolaire et de choix professionnel – choix souvent très sexués. Il s’agit par exemple des garçons venus en mode ou coiffure, des filles venues en mécanique ou électronique ; tous et toutes exceptions statistiques malgré l’ouverture officielle de ces formations aux deux sexes. Je m’intéresse, en effet, depuis quelques années aux trajectoires scolaires atypiques en terme de genre dans les formations techniques courtes (de niveaux V et IV, c’est-à-dire CAP, BEP, Bac professionnel et bac technologique). Quelles sont les trajectoires, les motivations et les sources d'information et d'influence de ces jeunes ayant choisi des spécialités inhabituelles pour leur sexe ? Quel accueil leur est-il réservé dans leur classe, leur lycée mais aussi dans leur environnement familial? Enfin, comment se projettent-ils/ elles dans l'avenir et comment envisagent-ils/ elles leurs chances d'insertion ? Ces questionnements sont nés du constat de faible développement de la mixité, en France, en deçà du baccalauréat. «En 1984, 98% des effectifs en secrétariat-bureautique étaient des filles, elles sont encore 95% en 2002. En 1984, 2% seulement des effectifs du groupe électricité-électronique étaient des filles, elles sont 3% en 2002» (F. Rosenwald, Données Sociales, 2006, p.88). On connaît également, en aval, les relatives difficultés d'intégration professionnelle des femmes ayant innové en matière de schémas sexués d'orientation scolaire (T. Couppié, D. Epiphane, 2001, 2003). Les réponses sont étayées sur une série d'enquêtes quantitatives et qualitatives menées depuis 2004 en Basse et Haute-Normandie, au sein de lycées publics et en CFA, auprès de jeunes minoritaires de genre (apprenti-e-s et lycéen-ne-s atypiques), d'enseignants, proviseurs, conseillers d'orientation, chef de travaux, d’employeurs aussi. Un cadrage national a été réalisé avec Benoit Tudoux à partir des données du "Panel 1995" de la DEPP du Ministère de l'Education Nationale (relevés administratifs annuels et enquête "jeunes" de 2002-2003).

Clotilde Lemarchant

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