Carmen. Construction(s) de la culture espagnole dans la France du XIXe siècle

évènement
Réalisation : 22 mars 2018
Mise en ligne : 23 mars 2018
DOI : 10.60527/q3hn-sd12
URL pérenne : https://doi.org/10.60527/q3hn-sd12
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vignette JE Carmen 2018

Descriptif

Monument de l’art lyrique, opus maximum, icône d’Espagne, la Carmen de Bizet est bien de son temps, mais en est-elle le témoin juste ? ou du moins écoutons-nous la cigarière de Séville chanter les enfants de Bohême comme elle l’entendait ? En plein Romantisme, l’Espagne alimente un imaginaire qui fascine les artistes français notamment. Les musiciens se laissent séduire par des airs et des danses populaires comme la jota, le fandango et la toute récente habanera, venue vers 1830 de la lointaine île de Cuba. A l’instar de Liszt, ils passaient outre les rigueurs méthodologiques de l’ethnologie pour s’épanouir dans l’espace de la fantaisie qu’ils dynamisaient à l’aide de l’énergique rhapsodie, une manière de concilier réalité, rêve et tempérament. Pour un pays pourtant si proche en distance de la France, l’Espagne des artistes relève de l’exotisme au même titre que l’Orient, moins comme un territoire géographique qu’un univers culturel, avec tout ce que cela comporte de défiguration, de détournement et d’appropriation. Une trahison grotesque d’un point de vue encyclopédique, une sublime offrande du point de vue de l’expérience sensible et humaine. Qu’on pardonne cette caricature de Baudelaire : l’exotisme invite à voyager, sans forcément quitter sa chambre. Les pays inconnus viennent à nous, présentant des images-mirages de leur univers et des reflets-miroirs de nos propres visions, pour le plaisir de notre émerveillement. Mais qu’on soit musicien, écrivain ou peintre, Chabrier, Mérimée ou Delacroix, qu’on ait entrepris un voyage d’étude ou de vacances, on revient d’Espagne avec une impérieuse créativité qui ne se contente pas de la carte postale. Le 19e siècle étant traversé par des mouvements identitaires qui, d’une prise de conscience culturelle vers une action politique, reconfigurent les sociétés européennes, les constructions de ces imaginaires artistiques soutiennent des causes plus larges. Il ne sert à rien d’ironiser que ce soit un français qui ait écrit la musique considérée comme la plus espagnole d’entre toutes. Après tout, cette habanera de Carmen est d’origine cubaine, elle aurait pu s’envoler vers l’Argentine pour finir en tango, mais elle aura préféré passer par la Catalogne pour échouer entre les mains de Bizet, insérée dans un recueil d’airs populaires espagnols assemblés par un certain Iradier, patronyme orthographié en Yradier sur les conseils de son éditeur parisien, parce que ces origines basques flattaient mieux ainsi l’imaginaire de son lectorat.
Les chercheurs réunis à cette occasion par l’Institut IRPALL en partenariat avec le Théâtre du Capitole ont à cœur de démêler l’écheveau de ces constructions imaginaires, échafaudées à partir de ramifications étendues mais saisies au bout du compte en une représentation forte et impérieuse de l’Espagne d’un point de vue français.

Vidéos

Regards français sur l'Espagne du XIXe siècle : enjeux politiques, intérêts économiques, curiosités culturelles / Philippe Foro
Conférence
00:45:09
Regards français sur la peinture espagnole à l'époque de Georges Bizet / Jean Nayrolles
Conférence
00:55:29

Regards français sur la peinture espagnole à l'époque de Georges Bizet / Jean Nayrolles

Nayrolles
Jean

Regards français sur la peinture espagnole à l'époque de Georges Bizet / Jean Nayrolles, in "Carmen. Construction(s) de la culture espagnole dans la France du XIXe siècle", journée d'étude organisée

Intervenants et intervenantes