Conférence
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Langue :
Français
Crédits
Nathalie MICHAUD (Réalisation), Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail (Production), SCPAM / Université Toulouse-Jean Jaurès-campus Mirail (Publication)
Conditions d'utilisation
Tous droits réservés à l'Université Jean-Jaurès - campus Mirail et aux auteurs.
DOI : 10.60527/dg77-b307
Citer cette ressource :
UT2J. (2018, 22 mars). "España" (1883) d'Emmanuel Chabrier : déconstruction d'une icône musicale / Michel Lehmann , in Carmen. Construction(s) de la culture espagnole dans la France du XIXe siècle. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/dg77-b307. (Consultée le 16 juin 2024)

"España" (1883) d'Emmanuel Chabrier : déconstruction d'une icône musicale / Michel Lehmann

Réalisation : 22 mars 2018 - Mise en ligne : 26 juin 2019
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Descriptif

"España" (1883) d'Emmanuel Chabrier : déconstruction d'une icône musicale / Michel Lehmann, in "Carmen. Construction(s) de la culture espagnole dans la France du XIXe siècle", journée d'étude organisée par l'Institut de Recherche Pluridisciplinaire en Arts, Lettres et Langues (IRPALL) de l'Université Toulouse Jean Jaurès dans le cadre d'un partenariat avec le Théâtre du Capitole, sous la responsabilité scientifique et la coordinationde Michel Lehmann et Christine Calvet. Université Toulouse Jean Jaurès, Théâtre du Capitole, 22 mars 2018.

Monument de l’art lyrique, opus maximum, icône d’Espagne, la Carmen de Bizet est bien de son temps, mais en est-elle le témoinjuste ? ou du moins écoutons-nous la cigarière de Séville chanter lesenfants de Bohême comme elle l’entendait ? En plein Romantisme, l’Espagne alimenteun imaginaire qui fascine les artistes français notamment. Les musiciens selaissent séduire par des airs et des danses populaires comme la jota, lefandango et la toute récente habanera, venue vers 1830 de la lointaine île deCuba. A l’instar de Liszt, ils passaient outre les rigueurs méthodologiques del’ethnologie pour s’épanouir dans l’espace de la fantaisie qu’ils dynamisaientà l’aide de l’énergique rhapsodie, une manière de concilier réalité, rêve ettempérament.
Pour un pays pourtant si proche en distance de la France,l’Espagne des artistes relève de l’exotisme au même titre que l’Orient, moinscomme un territoire géographique qu’un univers culturel, avec tout ce que cela comportede défiguration, de détournement et d’appropriation. Une trahison grotesque d’unpoint de vue encyclopédique, une sublime offrande du point de vue del’expérience sensible et humaine. Qu’on pardonne cette caricature de Baudelaire :l’exotisme invite à voyager, sans forcément quitter sa chambre. Les paysinconnus viennent à nous, présentant des images-mirages de leur univers et desreflets-miroirs de nos propres visions, pour le plaisir de notreémerveillement. Mais qu’on soit musicien, écrivain ou peintre, Chabrier,Mérimée ou Delacroix, qu’on ait entrepris un voyage d’étude ou de vacances, onrevient d’Espagne avec une impérieuse créativité qui ne se contente pas de lacarte postale.
Le 19e siècle étant traversé par des mouvementsidentitaires qui, d’une prise de conscience culturelle vers une actionpolitique, reconfigurent les sociétés européennes, les constructions de cesimaginaires artistiques soutiennent des causes plus larges. Il ne sert à riend’ironiser que ce soit un français qui ait écrit la musique considérée comme laplus espagnole d’entre toutes. Après tout, cette habanera de Carmen est d’origine cubaine, elleaurait pu s’envoler vers l’Argentine pour finir en tango, mais elle aurapréféré passer par la Catalogne pour échouer entre les mains de Bizet, inséréedans un recueil d’airs populaires espagnols assemblés par un certain Iradier, patronymeorthographié en Yradier sur les conseils de son éditeur parisien, parce que cesorigines basques flattaient mieux ainsi l’imaginaire de son lectorat.
Les chercheurs réunis à cette occasion par l’Institut IRPALLen partenariat avec le Théâtre du Capitole auront à cœur de démêler l’écheveaude ces constructions imaginaires, échafaudées à partir de ramificationsétendues mais saisies au bout du compte en une représentation forte et impérieusede l’Espagne d’un point de vue français.

 

Thème
Documentation

BIZET, Georges, MEILHAC, Henri, HALEVY, Ludovic (1875). Carmen. Opéra en 4 Actes [manuscrit autographe], 4 vol., 511 p. [En ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b74001325].

GAUTIER, Théophile (1843). Tra los montes [Le voyage en Espagne). Tome 1. Paris, Victor Magen Libraire, 314 p. [En ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9661610p]. Tome 2, 376 p. [En ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96616091].

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