Jeu d’échecs en classe et compétences scolaires

Les échecs sont-ils vraiment une affaire de spécialiste ? Nous verrons comment le dispositif Class’Echecs permet à tous les enseignants de proposer cette pratique en classe et les compétences qu’elle développe chez les élèves.

Notre dernier invité de la matinée était M. Yves Léal, maître de conférences en Sciences de l’Education à l’INSPE Toulouse Occitanie-Pyrénées et membre de l’Unité Mixte de Recherche « Education, Formation, Travail, Savoirs » (tutelle UT2J/ENSFEA).
Il nous a tout d’abord rapidement présenté la place des échecs dans le monde. Ce jeu originaire d’Asie et vieux de plus de 1500 ans compte aujourd’hui 700 millions de pratiquants et a su s’implanter sur tous les continents. Les échecs se sont également fait une place dans les programmes scolaires de nombreux pays, qui ont reconnu l’intérêt de cette pratique pour les élèves. M. Léal a illustré ses bienfaits en s’appuyant notamment sur des travaux publiés par Ramón Aciego, Lorena García et Moises Betancort en 2012. Ces derniers tendent à montrer que la pratique extra-scolaire des échecs développe de nombreuses capacités cognitives : attention, organisation spatiale, analyse, vitesse de réflexion, planification, anticipation, etc. En France, les échecs comptent de plus en plus de licenciés et une convention a été signée entre le Ministère de l’Education Nationale et la Fédération française des échecs. Le programme « Class’Échecs » a été lancé en 2022 sur la plateforme M@gistère et une formation a été inscrite au Plan National de Formation 2024-2025, le catalogue de formation continue des enseignants.

Après ce premier point d’étape sur l’importance des échecs, M. Léal a présenté plus spécifiquement le dispositif « Class’Échecs ». Ce programme se veut accessible à tous les enseignants, débutants ou non. Il offre des séances et des progressions construites et a pour but le développement de compétences scolaires. Des supports didactiques sont mis à disposition des personnes inscrites et un accompagnement leur est proposé. L’objectif est aussi de rendre le matériel moins onéreux pour faciliter l’achat par les classes. Une petite visite guidée sur M@gistère nous a permis de découvrir les 3 progressions de 10 séances chacune, pensées pour les cycles 2 et 3. La première progression se concentre sur le déplacement des pièces, à l’exception du roi. La seconde se focalise sur le roi et sur les notions de « mat » et « pat ». Enfin la dernière met l’accent sur les « mats » et les tactiques. Afin d’illustrer concrètement la mise en place en classe, M. Léal a diffusé de nombreux extraits vidéos montrant la pratique d’enseignants mais aussi les élèves en plein exercice ! Nous avons ainsi pu voir et analyser une séance découpée en 4 temps : le rappel de la séance précédente, l’apport d’un nouveau contenu (déplacement d’une pièce), un moment de résolution de problèmes en groupe et un temps de jeu. 

Pour conclure son intervention, Yves Léal a présenté les résultats d’une étude menée en 2022-2023 auprès d’enseignants ayant intégré le programme « Class’Échecs ». Parmi les nombreux retours très positifs recueillis auprès des 147 répondants, on peut par exemple retenir ces quelques données. Sur une échelle de 1 à 10, 100 % des enseignants ont positionné l’intérêt des élèves pour les séances d’échecs entre 7 et 10 et 95 % entre 8 et 10. Pour 98,5 % des répondants, « Class’Échecs » développe les compétences visées en Enseignement moral et civique. Les enseignants insistent sur l’intérêt du jeu d’échecs pour le développement des fonctions et capacités cognitives telles que la réflexion, la concentration, l’anticipation, la planification, l’observation, la mémorisation, etc. 96 % considèrent que ce jeu traditionnel entraîne un apport direct ou indirect aux mathématiques et 70 % qu’il y a un transfert des apports sur d’autres temps de classe. La pratique des échecs semble particulièrement intéressante pour les élèves présentant des difficultés scolaires. Finalement, 92 % des répondants témoignent d’un effet positif des échecs sur leurs élèves.  

L’intervention de M. Léal aura permis de montrer à la fois l’intérêt des échecs pour les apprentissages mais aussi une façon concrète et guidée d’intégrer cette pratique au sein d’une classe, même sans être un expert dans ce domaine. Le développement à venir de séances pour le cycle 1 et pour le collège (classe de 6ème notamment) contribuera certainement à renforcer la pratique des échecs dans le système scolaire français.