Entretien
Notice
Date de réalisation
Lieu de réalisation

Maison de l'Image et du Numérique, Université Toulouse - Jean Jaurès

Langue :
Français
Crédits
Cédric Peyronnet (Réalisation), Université Toulouse - Jean Jaurès (Production), Le Vidéographe - Maison de l'image et du Numérique (Publication), Aude Lagarrigue (Intervention), Julia Schmitz (Intervention), Flora Bastiani (Intervention)
DOI : 10.60527/26d4-d360
Citer cette ressource :
Aude Lagarrigue, Julia Schmitz, Flora Bastiani. UT2J. (2024, 29 août). Penser le soin carcéral – partie 1 – Penser la santé #4. [Podcast]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/26d4-d360. (Consultée le 20 mars 2025)
Retranscription

Introduction Flora Bastiani Bonjour et bienvenue dans le podcast Penser la santé. Cet épisode est consacré aux questions posées par la santé en détention. Soigner en prison, c'est aussi être soi-même dans le quotidien de sa pratique en prison. C'est être dépendant de l'organisation et des obligations de la détention. C'est travailler dans des espaces verrouillés, attendre que les portes soient ouvertes et fermées par les surveillants pénitentiaires, ne pas avoir accès aux malades lorsque nous le souhaitons. C'est se conformer à des règles de fonctionnement rigides qui modifient les relations, le rapport au temps et le rapport à l'espace. Le soin en prison questionne une forme de contradiction. Comment intervenir dans un lieu d'enfermement ? Comment prendre soin d'une personne privée de liberté ? Le soin se situe à l'intersection du droit et de la préoccupation sociale. Mais comment peut-il atteindre celles et ceux qui sont séparés de la société ? Depuis la réforme du système de santé pénitentiaire de mille-neuf-cent-quatre-vingt-quatorze, le soin des détenus revient aux services hospitaliers publics. Des unités sanitaires sont implantées dans les prisons. Une prise en charge à l'extérieur peut être organisée, et pour les hospitalisations dépassant quarante-huit heures, des services de soins à l'hôpital sont spécialement dédiés à l'accueil des détenus. C'est ce que nous appelons des UHSI, des Unités Hospitalières Sécurisées Interrégionales. Malgré ces dispositions, la relation de soins est-elle altérée par ces conditions particulières ? Venir en aide, compatir, créer une relation de confiance permettant un soin de qualité : est-ce possible dans le milieu pénitentiaire ? Au-delà de ces conditions, est-ce que le statut de détenu, parfois pour de longues peines, n'induit pas un désinvestissement ou une méfiance de la part des soignants ? Plus globalement, nous pouvons nous demander si soigner des délinquants et des criminels, leur consacrer du temps, de l'énergie et aussi des moyens matériels qui sont ceux de l'État est moralement acceptable. Une autre question peut se poser : est-ce que cette mission de soins est cohérente ? Car la réclusion nuit à la qualité de vie et de fait, à la santé des détenus. L'enfermement en cellule, la promiscuité, le manque d'activité physique, l'uniformité de l'alimentation, les possibles situations de violence, tout ceci altère la santé. Alors, est-ce qu'il n'y a pas une contradiction de l'État à, d'un côté organiser une incarcération qui nuit à la santé et, d'un autre côté, à organiser le soin des détenus en mobilisant ces structures publiques ? Dans les deux cas, est-ce que tout cela n'est qu'un cercle vicieux dans lequel les missions du soignant et du surveillant, agent public l'un et l'autre, ne peuvent que s'opposer ? Pour réfléchir à ces questions, j'ai le plaisir d'accueillir Aude Lagarrigue, qui est médecin responsable du service de médecine en milieu pénitentiaire, qui regroupe les unités sanitaires en détention et l'unité hospitalière sécurisée inter-régionale UHSI de l'hôpital Rangueil, et Julia Schmitz, qui est maître de conférences en droit public à l'Université Toulouse Capitole, spécialiste du droit pénitentiaire. Bonjour à toutes les deux. Accès à la santé en milieu carcéral Flora Bastiani Julia, pour commencer, ma première question s'adresse à vous. Peut-être que vous pourriez nous rappeler quelle est la limite dans la privation de liberté et des droits, et le…

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Penser le soin carcéral – partie 1 – Penser la santé #4

Réalisation : 29 août 2024 - Mise en ligne : 11 octobre 2024
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Descriptif

Comment faire cohabiter incarcération et droit à la santé ?

Est-il moral de soigner des délinquants ?

Le droit fait cohabiter la privation de liberté et la continuité des soins, mais n’est-ce pas contradictoire ?

Invitées :

Aude Lagarrigue est médecin, responsable du service de médecine en milieu pénitentiaire qui regroupe les unités sanitaires en détention et l’unité hospitalière sécurisée interrégionale (UHSI) de l’hôpital de Rangueil.

Julia Schmitz est maître de conférences en droit public à l’université Toulouse Capitole, spécialiste du droit pénitentiaire.

Intervention

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