Conférence
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Langue :
Français
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Droit commun de la propriété intellectuelle
DOI : 10.60527/g5f2-8a83
Citer cette ressource :
Pour un partage des savoirs. (2017, 28 septembre). Forum Nîmois - Charles GIDE - DEBREY - 28 SEPTEMBRE 2017. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/g5f2-8a83. (Consultée le 19 septembre 2024)

Forum Nîmois - Charles GIDE - DEBREY - 28 SEPTEMBRE 2017

Réalisation : 28 septembre 2017 - Mise en ligne : 28 avril 2018
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Descriptif

L’activité de notre association Charles Gide reprend, pour son cycle de conférences "le forum Nîmois Charle GIDE" Jean MATOUK président de l'association et professeur des universités recoit, le 11 avril 2013, au lycée Alphonse Daudet à Nîmes Philippe Regis Debray.

 

Mon cher Régis

Quelle happiness, de te dire ici welcome. Tu sais que nous sommes nombreux à te kifer à Nîmes. Tu as de nombreux likers. Tu es un visiting professor particulièremnt followed. Pourtant ton talk n’est guère easy, à vrai dire, mais tes shows sont chaque fois full up comme ce soir et le manager d’une non-profit comme le Forum Charles Gide a bien du mal à t’inclure dans ses fashion week de l’esprit. Heureusement, tes followers qui n’ont pas pu rentrer ont toujours la ressource d’être des e-readers de ton talk at home. Ils peuvent même en faire un sampling pour leurs amis.

Telle pourrait être , cher Régis, l’introduction que je devrais faire de tes propos vespéraux, si j’étais moi-même gagné par ce globish dont on dit qu’il est la langue de Sibeth Ndiaye, chargée de la communication d’Emmanuel Macron , selon la parodie qu’en fait l’ami Christophe Barbier chaque semaine dans son « kid président » de l’Express !

Car d’après toi nous sommes désormais intégrés dans la civilisation américaine, qui, de même que la romaine est restée prégnante des siècles durant en Europe, après l’effondrement de l’Empire romain, s’imposera désormais, après l’effondrement de l’Empire américain, D’aucuns annoncent cet effondrement depuis longtemps: entre autres, le cinéaste Denys Arcand en 1985 , dans son fameux film « Le déclin américain », et, bien sûr, notre brillant compatriote Emmanuel Todd , récemment encore dans l’Express. Ils ont peut-être anticipé un peu, mais l’élection de ce pitre de Donald Trump n’incarne-t-elle pas cette décomposition, laquelle est territorialement bien marqué entre la « ceinture de rouille », rush belt, des Etats aux industries défaites, et ceux ou fleurit le savoir nouveau.

Selon toi, et Hibernatus, ton clone, qui ne retrouve plus le café Capoulade, notre vieux Capou au bas de la Rue Souflot, et ne voit que des « échopes »- aux noms anglo-saxons.

Selon toi, l’américanisation de notre continent est définitive et se traduit notamment par trois substitution : la primauté de l’espace sur le temps, de l’image sur l’écrit et du bonheur sur le drame de vivre. Tu vas bien sût nous détailler tout cela.

Tu fais aussi de la datation! Tu nous dis qu’en 1919 il y avait une civilisation européenne avec pour variante une culture américaine ; en 2017, il y a une civilisation américaine dont les cultures européennes semblent, au mieux, des variables d’ajustement. Tu renvoies ainsi le mot culture à son sens anthropologique comme on parle de la culture du bronze, ou de la culture des indiens yanomani. Puis-je te soumettre l’idée que le passage de relais s’est fait par la Grande-Bretagne quand elle s’est substituée à la France dans l’hégémonie européenne, et j’ose dater précisément ce passage de relais à 1763, le traité de Paris mettant fin à la guerre de sept ans. Car c’est la Grande Bretagne qui a ensuite passé ce relais aux Etatsunsiens, comme tu dis, effectivement en 1914, mais ces Etatsuniens, sur le plan culturel, étaient déjà anglo-saxons depuis les pilgrims.

Ce passage de témoin franco-anglais ne fut-il pas une des traductions du passage de l’ère politique à l’ère économique, durant laquelle, les nouveaux rapports économiques ont phagocyté les vieux rapports politiques, ce que tu constates toi-même en critiquant notre économisme. Passage de relais aussi d’une nation terrienne, avec une capitale centrale, Paris, comme Madrid en Espagne, alors qu’avaient pris le pouvoir économique les Etats à capitale portuaire, Portugal, Pays-Bas, Suède, et grande triomphatrice, la Grande Bretagne.

Si je me permets de souligner cette intermédiation de la Grande Bretagne, et la fonction essentielle de Pères fondateurs protestants américains, c’est parce que dans ton second livre de cette année, le « Nouveau pouvoir » tu trouves d’étranges ressemblances entre Emmanuel Macron et son gouvernement, d’une part, et la civilisation américaine. La réussite économique comme objectif, et signe de la grâce, nous dirait Calvin, la liberté économique mise au même niveau que les autres libertés publiques, civiles, politiques. Et d’autres symboles comme la main sur le cœur pendant l’hymne national.

D’ailleurs tu ne sembles pas hostile à 100%. Tu sembles dire qu’on peut essayer. Quand dans le Figaro du 19 septembre à la question : Etes-vous « siliconisé ?», c’est-à-dire adepte de la culture de la Silicone Valley, tu réponds : J’aimerais bien, tu ne serais pas hostile, si la France pouvait s’y refaire un ADN. Mais tu n’y crois pas. Et tu reviens vite à une critique centrale en constatant que la centralité du pauvre, qu’incarne le Pape François est absolument étrangère aux religions de la prospérité et de la réussite, que sont celles de la silicone valley, et, plus profondément du protestantisme américain, de Billy Graham. Pour toi, donc , Emmanuel Macron est un moment protestant, dont tu n’anticipe pas la chute, dont tu pourrais même te satisfaire mais au sein duquel tu te sens un peu comme un singe en hiver.

A vrai dire, ton verbe, comme toujours, expose une telle richesse culturelle que, personnellement, il m’est plus que sympathique, sauf sur un point : L’Europe, bien sûr, que tu maltraites vraiment dans ton livre, semblant oublier que la France et le développement de sa culture se sont faites en dix siècles, entre la fin des Mérovingiens et , disons Henri IV, et par la guerte et la force, et qu’il n’est donc pas anormal que l’Europe , une fois l’ambition territoriale revue à la baisse, paraisse encore bien en pointillé , soixante ans après sa fondation.

La parole est à une défense, assez facile vu l’empathie dont tu jouis dans ce public, à commencer par moi. Tu as entre cinquante minutes et une heure, si tu le souhaites, pour développer ta nouvelle nostalgie après celle de Madame H . Go on, Hibernatus, old chap !

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