Conférence
Notice
Lieu de réalisation
Université Paul Valéry Montpellier 3, Site Saint Charles
Langue :
Anglais
Conditions d'utilisation
Tous droits réservés.
DOI : 10.60527/phrc-he27
Citer cette ressource :
EMMA. (2018, 16 novembre). Delphine Robic-Diaz (Université Paul-Valéry Montpellier 3), “Claude Bernard-Aubert's Les Tripes au soleil (1959) : Exoticism and Decadence at the Twilight of Colonialism” , in Transnationalism and Imperialism: New Perspectives on the Western. [Vidéo]. Canal-U. https://doi.org/10.60527/phrc-he27. (Consultée le 31 mai 2024)

Delphine Robic-Diaz (Université Paul-Valéry Montpellier 3), “Claude Bernard-Aubert's Les Tripes au soleil (1959) : Exoticism and Decadence at the Twilight of Colonialism”

Réalisation : 16 novembre 2018 - Mise en ligne : 20 juin 2019
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Descriptif

Claude Bernard-Aubert est un ancien combattant d'Indochine (comme Pierre Schoendoerffer qu'il a d'ailleurs côtoyé à cette époque), auteur de Patrouille de choc, 1er film sur la guerre d'Indochine en 1957 (film censuré, car en pleine guerre d'Algérie il était impossible de montrer la réalité du sort des troupes françaises dans un conflit de décolonisation, j'ai moi-même supervisé sa restauration en version Director's cut en 2012) ; son 2e film Les Tripes au soleil (1959) est une fable anticolonialiste que Claude Bernard-Aubert a pensé comme un western africain : dans une ville imaginaire, Cicada, Blancs et Noirs s'affrontent depuis des générations, rituellement un membre de chaque communauté est envoyé au fin fond du désert pour un duel à mort, mais les 2 derniers pharmaka choisissent de pactiser pour dessiner ensemble un avenir commun pour leur ville. Malheureusement, leurs communautés n’entendent pas que l’on remette en cause le chaos et, porteurs d’un espoir de cohabitation indésirable, ils seront définitivement ostracisés avec leurs familles respectives.

Claude Bernard-Auberta été très marqué par les westerns américains qu'il regardait en Indochinependant ses permissions et dont il avoue lui-même qu'ils étaient ses seulsdivertissements. Il a donc voulu signer un film de genre en pleine guerres dedécolonisation, à une époque où le western, comme son pendant national, le filmcolonial, étaient, pour des motifs idéologiques évidents, absents de lafilmographie française.

Insaisissable, utopisteet subversif, Les Tripes au soleil est interdit pour son tableau sansconcession du racisme… plus précisément il est reproché au film que la ville deCicada est imaginaire et qu'on ne saurait dès lors l’assimiler à la Francecontemporaine... La presse s’en mêle et au terme d’un combat épique entre leMinistère de l’Information, le CNC et Claude Bernard-Aubert, cetteco-production franco-italienne, obtient son visa de sortie, mais resteinterdite à l’exportation dans de nombreux pays (sauf l’Italie) et territoiresultramarins nationaux à cause de l’image qu’elle pourrait véhiculer destensions sociales et politiques en France.

Les Tripes au soleil, du fait même de son contexte de création, interrogeet altère les codes génériques du western américain en dépassant le modèle duduel à mort dans une France qui s’abrite derrière l’euphémisme des« événements d’Algérie », en osant se servir du Noir et Blanc pourtranscender le manichéisme raciste de son époque.

 

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